Exposé du projet

- nature de la recherche : cognitive, évaluative, méthodologique

- objectifs de la recherche : étude du rêve, de ses fonctions, de son utilisation potentielle dans un processus thérapeutique. Définition d’une méthodologie ouvrant à une étude multicentrique et des recherches secondaires

- exposé de la question et des hypothèses

La connaissance sur la physiologie de l’activité onirique a progressé davantage que celle des mécanismes cognitifs de cette activité. La recherche présentée porte sur ce second abord.

Les travaux récents considèrent différentes hypothèses : en particulier, juxtaposition aléatoire d’images, intégration de traces mnésiques dans un but d’organisation des souvenirs ; renforcement périodique de certains programmes génétiques afin d’établir et de maintenir fonctionnels des circuits synaptiques responsables de l’hérédité psychologique. Dans ces conceptions, le rêve est l’expression d’un processus psychique cognitif indépendant de toute intentionnalité subjective. Il est considéré comme un acte psychique isolé et momentané, qui fait intervenir des événements vécus dans un passé immédiat.

Ces approches réinterrogent la théorie freudienne du rêve qui s’articule autour des points suivants : le rêve est la réalisation d’un désir ; ce désir est en étroite relation avec les désirs infantiles ; ces désirs infantiles ont été réactualisés par la réalité présente. Freud présente toutefois une exception à cette règle : celle des rêves traumatiques répétitifs.

Nous nous sommes proposé de mettre en relation ces deux types d’approche en utilisant les rêves qui surviennent en psychothérapie. En effet, ceux-ci semblent impliquer diverses fonctions. Nous avons étudié notamment deux processus : les mécanismes de réactualisation de souvenirs anciens et l’expression d’un conflit psychique central, processus cognitifs qui semblent contribuer à assurer l’intégration de la personne dans une symbolisation subjective.

A l’aide d’une méthode d’observation planifiée et en recourant à une grille permettant une fidélité interjuges suffisante pour des études multicentriques, nous avons exploré cette hypothèse, dans ses différents niveaux, à partir d'un ensemble de rêves recueillis au cours d’un cas de psychothérapie.

Un objectif important de la recherche - et qui lui était préliminaire, compte tenu du peu de recherches de ce type - a été la mise en place d’une méthodologie adaptée, pouvant être utilisée pour des recherches ultérieures. Un autre objectif a été de comparer l’analyse objective des données, les conditions d’émergence du sens avec la démarche interprétative du clinicien. Une conséquence attendue pourrait être l’enrichissement du travail d’interprétation du clinicien.


Méthodes

Déroulement de la recherche

Cette recherche s’est déroulée en trois temps :

I - Temps d’élaboration où nous avons mis en place la grille d’analyse à partir d’un premier corpus de rêves.

II - Temps de réalisation et de formalisation qui nous a permis : d’une part, de définir plus précisément les éléments d’analyse retenus composant la grille au fur et à mesure que les données y étaient insérées ; d’autre part, de formaliser les enchaînements d’actions et de références, la survenue des affects au cours du déroulement du rêve et en fonction des événements.

III - Temps d’exploitation des données.

Ce troisième temps a d’abord permis de récapituler dans des tableaux les éléments issus de l’analyse des 15 rêves avec grille et de les commenter.

Il nous a également conduits à de nouvelles étapes de la recherche, notamment :

- une étude des " rêves avec réveil et cri ", abordés à partir d’une nouvelle grille qui exploite les données spécifiques au thème de " l’agression " dans une série de 24 rêves, les actions et le contexte relatifs à ce thème ;

- la variation des mots-clés retenus, ceci sur une période de 5 années et à partir d’un corpus de 300 rêves dont 90 ont été sélectionnés de façon aléatoire en conservant la même proportion de rêves pour chaque période.

Corpus

Nous sommes partis d’un corpus de 150 récits de rêves recueillis sur une durée de 5 ans, au cours de la psychothérapie d’une patiente d'une cinquantaine d'années (au moment du début de leur recueil)

- psychosomatique (asthme, hypotension, polyarthrite) ;

- présentant une névrose grave de caractère (CIM 10), avec des éléments dépressifs marqués et, à certains moments, des idées de persécution ;

- souffrant initialement de façon répétitive de rêves d’angoisse avec réveil.

Le récit d’une partie de ces rêves a été écrit par le patient lui-même, spontanément, plusieurs années avant que cette recherche n'ait été envisagée à l'occasion de vacances. Dans le déroulement habituel de son travail, certains d’entre eux, et d’autres, ont étés notés au cours des séances par le psychothérapeute. Pour la plupart, on disposait également du contexte général des événements de vie au moment du rêve et des commentaires du rêve par le patient (le cadre général de ces commentaires a été une demande faite au patient de présenter les associations que lui suggérait son rêve, globalement et à partir de ses principaux éléments ; ce travail associatif a pu conduire éventuellement mais non nécessairement à une interprétation). D’autre part, les éléments majeurs de l’histoire de ce patient pouvaient être reconstitués à partir de l’ensemble de la cure (nous verrons ultérieurement comment cette partie a pu être complétée).

L’analyse a porté

a) sur une population de 15 rêves pris isolément, dont deux séquences de 5 rêves consécutifs. Pour des questions de lisibilité, nous n’avons donné qu’un exemple (rêve n° 1) ainsi que les tableaux récapitulatifs dans l’exposé de la recherche, le corpus complet ainsi que son analyse est consultable en annexe de ce rapport.

Les rêves de cette série ont été sélectionnés sur un mode aléatoire durant une période de deux ans et demi. Ils ont été analysés à partir de la grille initiale.

b) sur une seconde population de 24 rêves dont la communauté est qu'ils se sont terminés par les cris, accompagnés généralement du réveil de la rêveuse. Ils ont été analysés au niveau du cadre, de l'enchaînement des événements, des actions des personnages et de la rêveuse, et de leur résultat.

c) sur un ensemble de 300 rêves recueillis avant et après le début de la recherche. Les premiers résultats de l'étude montraient des caractères très répétitifs dans les rêves, du point de vue des situations, des personnages et des actions. Cela nous a incités à mettre en place un instrument plus général d'interrogation de l'ensemble des rêves à partir de leurs mots-clés et de leurs thèmes généraux qui permettrait des mises en perspective et des comparaisons. Nous avons donc inséré tous les rêves dans une base de données, avec un format permettant éventuellement de réunir l'ensemble des paramètres de la grille en deux pages (modèle p).

Modalités de l’étude

- Mise en place de la grille

L’élaboration de la grille de lecture a été conçue et validée à partir d’un premier corpus de rêves, séquentiels et isolés, déterminés de façon aléatoire.

D’un point de vue méthodologique général, la mise en place de la procédure s’est déroulée suivant une des modalités présentées dans le Rapport sur la recherche clinique en psychiatrie élaboré par JM Thurin pour la FFP : l’équipe directement impliquée dans la recherche a exposé régulièrement (environ tous les mois) l’état de ses travaux à un Consultant (D. Widlöcher) qui a apporté un certain nombre d’éclairages et de remarques nécessaires.

Ce travail préalable s'est déroulé sur une période d'une année pendant laquelle l'équipe s'est réunie chaque semaine.

- Etude des rêves
La première série constituée de 15 rêves a été étudiée à partir de la grille selon deux axes principaux :

1 - un axe synchronique utilisant, pour un même rêve, différents niveaux d’analyse, de référence et d’intégration des données.

En effet, d'une part, le récit du rêve a été d'abord étudié au niveau de son texte isolé, puis en le mettant en relation avec différents contextes : actualité de vie, événements de l'enfance et histoire familiale, commentaire récent et tardif du rêve (2-3ans). D'autre part, son contenu sémantique a été abordé en référence au langage "commun", puis en référence au symbolisme. Une troisième référence a été celle de l'éventuelle fonctionnalité du rêve comme mode de penser le désir, mais aussi le souvenir, la crainte, les questions non résolues, le conflit, la réalité. C'est-à-dire en envisageant une fonction intégratrice et développementale aux côtés de fonctions plus "primaires".

2 - un axe diachronique étudiant

. La continuité thématique éventuelle a) dans un enchaînement séquentiel de rêves ; b) entre des rêves sélectionnés de façon aléatoire mais séparés par un intervalle d’au moins 2 mois.

. L'évolution de la relation du rêveur au contenu de son rêve (distance et conceptualisation) dans une perspective évaluative des changements psychiques réalisés depuis la production du rêve. Evidemment, nous avions conditionné cette recherche secondaire à ce que les rêves ne se révèlent pas être une construction incohérente ou qui ne se rattacherait à aucun contenu subjectif profond.

Trois groupes ont procédé à l’évaluation

Leur démarche est rappelée ici succinctement. Les questions méthodologiques qui ont été soulevées au cours de la recherche sont présentées ensuite :

1 - le groupe A était formé d’une psychiatre-psychanalyste, d’une linguiste et d’un spécialiste en intelligence artificielle.

Ce dernier a été remplacé dans un second temps par une autre personne car sa spécificité à ce niveau n'était pas justifiée à cette étape autrement que celle d'une rationalité particulièrement exigeante. Le psychanalyste du patient assistait en général à la discussion mais n’y participait pas.

Le groupe A a procédé à une recherche d’éléments, de régularités, d’opacités dans le texte et à une étude de son organisation. Après une élaboration individuelle, les trois observateurs comparaient leurs grilles et s’accordaient sur la pertinence et l’objectivité des critères retenus. De façon générale, après une première période durant laquelle il a été nécessaire de rappeler le détour nécessaire par le recueil des éléments de la grille avant de proposer toute interprétation, un consensus a été trouvé sur les premiers éléments d'interprétation. Le groupe A a procédé également à un repérage de la distance du rêveur avec la scène de son rêve. Son étude a conduit, pour chaque rêve, à une amorce d’interprétation sémantique, avec les réserves nécessairement liées à ce mode d’élaboration et au recensement de questions issues des opacités du texte

Ces données ont été recueillies sur le volet n° 1 de la grille (o)

2 - le groupe B était formé du groupe A et du psychanalyste du patient.

Ce dernier a communiqué des informations complémentaires au groupe A, à sa demande. Elles concernaient des éléments biographiques exprimés au cours de la cure, le contexte de vie et éventuellement les particularités de la relation patient-thérapeute au moment du rêve. Ce contexte s'est appuyé sur le commentaire du patient au moment du rêve qui a ainsi été communiqué au groupe A et sur les éléments biographiques recueillis au cours de la cure. Ces éléments ont pu être complétés par une recherche par "mots-clés" sur l’ensemble du corpus de la cure, saisi sur ordinateur. Cette phase a permis de discuter les hypothèses formulées pendant la première étape et d’introduire éventuellement une seconde hypothèse d’interprétation.

Les données recueillies ont été consignées dans le deuxième volet de la grille (o )

A partir de cet ensemble de données, le groupe B a extrait des mots-clés, le(s) thème(s) et une problématique générale. Cet ensemble a été consigné dans le volet n° 3 (o ).

Le groupe B procédait ensuite à une évaluation du symbolisme du rêve (formulation figurée d’une pensée en utilisant des métaphores culturellement partagées). Après avoir isolé les phrases et les mots qui pouvaient avoir un double sens, les participants ont mis en perspective une symbolisation simple et celle qui pourrait correspondre à l’accomplissement d’un désir

Cette procédure et les éléments sur lesquels elle s’appuie ont été consignés dans le volet n°4(o).

Le groupe B a envisagé également la possiblité de la symbolisation par le rêve d’un conflit psychique central. Nous en préciserons ci-dessous la définition mais posons dès à présent que des éléments complémentaires permettant d’argumenter cette hypothèse ont été recherchés dans : la répétition d’un conflit déjà mis à jour dans d’autres rêves ; l’existence d’un événement traumatique déjà mentionné ou remémoré à l’occasion du rêve ; la répétition de ce conflit dans les circonstances de vie précédant ce rêve et mentionnées dans le commentaire du patient.

A l’issue de ces différentes étapes le groupe B a formulé son hypothèse sur la ou les fonctions du rêve. Différentes fonctions ont alors été envisagées :

Le résultat de cette étude est consigné dans le volet n°5 (o).

3 - le groupe C est formé du patient et du psychanalyste.

Précisons que cette psychothérapie était en voie de terminaison et que le patient a donné son consentement pour cette recherche.

Le patient a été invité à relire son rêve et à le commenter. Ses propos ont été consignés dans le volet n° 6 (o).

L’analyse de ce commentaire a porté sur l’introduction de nouveaux éléments, la levée d’opacités, la capacité associative, le niveau de présentation symbolique de la scène, l’interprétation du rêve pour le patient. Cette interprétation a été confrontée à celle des groupes A et B

Au terme de l’étude, les hypothèses sur la fonction du rêve ont été réexaminées (étape 7 : (o). Une nouvelle évaluation de la distance affective, de la capacité associative et de conceptualisation à partir du rêve a été éffectuée. Elle a été mise en perspective avec la première évaluation. L’évaluation de l’évolution du rêveur par rapport à un conflit psychique central ou à un traumatisme a ainsi été abordée à partir des données recueillies initialement et après le commentaire le plus actuel du rêveur (étape 8 : o).

Une grille (par rêve) a été élaborée permettant une visualisation des éléments analysés, le travail d’interprétation (avec différents niveaux de contextes), et les hypothèses concernant la fonction de ce rêve. Elles sont incluses dans ce rapport (o)

Réflexions méthodologiques générales

Cette recherche a une visée à la fois fondamentale et clinique, en posant de façon générale le statut du rêve dans la vie psychique, du moins dans un cadre psychopathologique et chez une personne particulière.

Si notre hypothèse principale : "les mécanismes de réactualisation de souvenirs anciens dans le rêve et l'expression d'un conflit psychique central contribuent à assurer l'intégration de la personne dans une symbolisation subjective", se trouvait confirmée, le rêve serait une des manifestations d'un fonctionnement mental déterminé, associé à une fonction particulière.

Comment étudier cette hypothèse ?

La première étape a été d'envisager que les rêves puissent n'être qu'une succession d'événements hétérogènes isolés. Si ce n'était pas le cas, pouvait-on y déceler des répétitions ou une "forme" commune qui les structurerait et qui serait en sorte le reflet du sujet, à la fois dans sa continuité et dans sa perspective, à une période donnée, c'est-à-dire dans ses "intérêts", ses aspirations et ses difficultés, avec les comportements correspondants ? Cette "forme" était-elle corrélée à certaines expériences précoces et/ou actuelles de la personne ? Il serait alors intéressant d'étudier ces rapports et comment cette "forme" évoluerait au cours de la psychothérapie, sa stabilité ou sa mutation à travers les rêves et le rapport qu'entretient avec elle(s) le rêveur.

La réponse à la première question est apparue rapidement : les différents rêves avaient "un air de famille" et mettaient en scène des scénarios suffisamment complexes et surtout planifiés pour que l'on ne puisse pas parler d'une simple mise en cohésion d'images par le rêveur, dans son récit.

La seconde question, celle de la communauté des rêves, portant la "marque de fabrication du rêveur" a d'abord été abordée à partir de la grille.

Celle-ci devait fournir le moyen de repérer les identités et les variations entre rêves, de façon à dégager éventuellement une (ou quelques) forme(s) commune(s).

Le travail sur la définition de ces formes s'est appuyé sur plusieurs références : initialement, nous pensions utiliser essentiellement les mots-clés, les thèmes formulés et la problématique auxquels ils renvoyaient. Mais cette perspective s'est révélée rapidement insuffisante pour les deux premiers car elle laissait de côté le déroulement des actions et la relation d'objet, c'est-à-dire les relations que le rêveur entretenait avec ses projets, avec le monde ou avec les autres dans le rêve. En particulier, la direction de l'action (du rêveur vers le monde ou du monde vers le rêveur) et ce qu'il en faisait finalement étaient négligés. Par exemple, dire que le thème des rêves est souvent le transport, en train, en voiture ou en avion n'apporte finalement que peu d'intérêt à moins de se resituer par rapport à des interprétations pré-établies, ce que précisément nous voulions éviter. De même que le fait de dire que l'on retrouve le mot "ver" ou "toilettes" dans plusieurs rêves pourrait orienter sur des préoccupations corporelles du rêveur, mais cette approche resterait très superficielle. Nous avons donc inséré dans la grille l'étude de la position active, passive ou de spectateur du sujet dans le rêve, les affects et sentiments exprimés, la tonalité générale et également la recherche de mots récurrents qui structureraient et éclaireraient le texte.

Cette recherche nous a conduits à remarquer la présence fréquente de couples de mots formant contraste (ascension-chute, minable -brillant) et l'importance de mots récurrents "banals" , coordinateurs du discours comme le "mais". Ce terme s'est révélé particulièrement éclairant du déroulement et du "découpage" du rêve selon ses principales scènes. Il ouvrait alors à l'observation du choix du rêveur, de la conduite de ses actions et de leur résultat, du passage d'une référence à une autre. Nous y reviendrons dans les résultats mais nous voulions dès à présent signaler comment le texte du rêve s'est "enrichi" de sa lecture approfondie à partir de la grille et a pris une consistance vivante, assez différente de celle d'une approche conceptuelle classique

Nous avons envisagé alors un autre type de formalisation, plus iconique et faisant mieux ressortir les déroulements et les différentes "scènes" qui participaient au scénario. Nous en présentons plusieurs exemples. (o)

Dans un troisième temps, et pour quelques rêves, nous avons procédé plus systématiquement à une étude du "destin" des buts poursuivis par le rêveur en nous appuyant sur le modèle proposé par Schank & Abelson : personnages, plans, buts, actions et déroulements expérientiels communs. Nous avons ainsi tenté une formalisation de certains rêves en nous inspirant de l'écriture proposée par S&A. (o)

Nous avions également à essayer de situer le statut "psychologique" du rêve. On peut concevoir que le fait de rêver ses désirs ou ses craintes, de rêver du passé, du présent ou de scènes totalement imaginaires renseigne sur l'état de la personne, sur sa disponibilité psychique, sa capacité de modulation et de reconstruction de la réalité par rapport à la prégnance du réel. C'est dans cet esprit que nous avons inséré une interrogation systématique dans la grille des fonctions potentielles du rêve.

Concernant l'évolution des rêves, nous l'avons envisagée d'abord d'un double point de vue : celui de leur contenu et celui du rapport qu'entretient avec eux le rêveur.

Le contenu peut être relativement fixe et l'on essayera alors de connaître les points d'ancrage de cette fixité, en recherchant dans les contextes actuels et biographiques celui ou ceux qui peuvent intervenir. D'autre part, le rêveur peut être en quelque sorte "fasciné" par le contenu de son rêve et en subir le contenu affectif directement, au point de se réveiller ; ou bien il peut avoir acquis la distance qui lui permette d'analyser son rêve, de le rapporter à d'autres contenus psychiques et de l'interpréter ou plus exactement, d'interpréter ce qu'il témoigne de son état, de ses préoccupations, de ses angoisses ou de ses objectifs à un moment donné.

Dans un second temps, nous avons été plus attentifs au "déroulement type", par exemple dans le cadre d'une agression et au comportement qu'adopte le rêveur.

Le deuxième axe de notre hypothèse est la relation du rêve aux souvenirs. Comment les découvrir sans tomber dans le biais d'une démarche incitative vis-à-vis du patient ? Nous avons choisi de partir des éléments déjà fournis par la rêveuse au cours de la cure, quitte à les enrichir de précisions à l'occasion de cette recherche.

- Certains éléments pouvant intervenir dans le rêve se situaient ainsi dans une autre base de données que celle du rêve, celle des éléments recueillis au cours de la cure par l'analyste à partir du discours direct du patient. Cette base a été saisie sur ordinateur et a ainsi fait l'objet de recherches en fonction des demandes du groupe d'interprétation des rêves qui était étranger à la cure.

- Dans un deuxième temps, il nous a paru intéressant de regrouper en "chapitres" les données qui concernaient tel ou tel personnage présent dans le rêve à partir des notes prises au cours de la cure. En effet, si l'on voulait envisager les sens de certaines actions et des souvenirs qui leur étaient associés, il était nécessaire de dégager non seulement leur dénotation mais aussi leur connotation affective et symbolique. En mettant en relation ces données éparses, on a vu se profiler des "personnages", avec ce qui constituait leurs traits saillants aux yeux de la rêveuse.

- Ce travail a été complété ensuite par le rêveur qui a construit des fiches biographiques et des plans des lieux sur lesquels portaient de façon répétitive ou particulièrement prégnante certains rêves. Ainsi, le souvenir est abordé sous le double plan d'éléments subjectifs et objectifs

Au total, nous avons voulu construire un instrument ouvert dont la structure pourrait être utilisée pour d'autres recherches, à partir de ce cas ou d'autres dont les données auraient été recueillies sur un mode analogue. Les premiers résultats dégagés à partir de cet instrument nous ont conduits à utiliser des outils complémentaires de recherche et de formalisation.

Mise au point et utilisation de la grille d'analyse : une nécessaire opérationnalisation des définitions

La grille d'analyse s'est avérée très précieuse et globalement satisfaisante par rapport au projet initial. Ce qui a été amélioré progressivement, c'est la logique de déroulement du plan d'analyse et une définition plus précise des données analysées. Par exemple,

- les thèmes ont été définis dans une perspective linguistique comme "actualisation des mouvements du texte menant à une scène" et dans une perspective pragmatique "actualisation des actions menant à un but", "générateur de buts mis en relation".

Une catégorisation primaire des thèmes, selon la classification de S & A pourrait être utilisée dans une recherche ultérieure : thèmes de rôle, thèmes de relation interpersonnelle, thèmes de vie.

- les opacités ont été définies comme :

. opacité par incohérence du texte, pour l'auditeur ou le lecteur. Par exemple, impossibilité de retrouver la référence, l'enchaînement du discours ne donnant jamais accès au sens ;

. opacité par impossibilité d'interpréter parce que le texte n'est pas (initialement et directement du moins) destiné à celui qui le lit.

. opacité par rupture de l'enchaînement des actions et/ou de leur cadre de référence

. opacité par élément complémentaire qui n'a pas de justification pour la compréhension globale de la scène. Par exemple "il neigeait", alors que cette précision ne semble pas impliquée par rapport au sens particulier de l'action.

- la distance du rêveur par rapport à son rêve

Pour coter la distance, nous avons pris le récit tel quel, en situant non seulement le rêveur dans son rêve mais les formes de discours pouvant introduire la notion de distance : commentaire, associations à partir des éléments du rêve. Elle a ainsi été abordée à partir de quatre registres :

. capacité de distanciation par rapport à l'affect et à l’action des personnages du rêve

Nous verrons que la proposition 3 peut donner lieu à deux interprétations très différentes.

. capacité associative

. niveau de présentation symbolique de la scène

. rapport à soi et aux autres

Cette approche de la distance a été complétée par celle des éléments d’évolution du rapport à soi, à la réalité psychique, de la relation aux autres telle qu'elle pouvait être appréhendée à partir du discours conscient dans la cure. Autrement dit, l'évolution mentale du sujet se répercute-t-elle dans la qualité de sa vie personnelle et relationnelle ?

- les fonctions potentielles du rêve ont posé également un problème de définition

. concernant le désir, nous avons distingué d'abord représentation et accomplissement. En fait, il est également nécessaire d'envisager un accomplissement conflictuel lorsque par exemple une partie du rêve présente un début de réalisation et l'autre un ou plusieurs empêchements (prendre le train et rencontrer des obstacles, se contrôler et perdre ses excréments, chercher des toilettes pour s'isoler et ne pas les trouver, etc.). De même, dans des rêves d'état avec une succession de différentes phases ( comme le rêve n° 10 : "Au bord de l'eau"), se pose la question d'une représentation conflictuelle du désir.

De façon générale, la notion de désir apparaît trop vaste et une autre étude pourrait distinguer plus systématiquement les buts et les désirs (nous y reviendrons) et s'appuyer sur la classification des buts proposée par S & A, que nous rappelons ici :

Classification des buts proposée par S & A

S. But de satisfaction - Un dur besoin biologique récurrent qui, quand il est satisfait, s'éteint pour un temps

S-Faim

S- Sexe

S-Sommeil

E. But de plaisir (Enjoyment) - Une activité qui est optionnellement poursuivie pour le plaisir ou la relaxation

E-Voyage

E- Divertissement

E-Compétition

E-Exercice

A. But de réussite (Achievement) - la réalisation, souvent à long terme, d'une acquisition ou d'une position sociale valorisées

A-Possessions

A-Position de pouvoir

A-Un bon travail

A-Un réseau de relations sociales

A-Une habileté

P. But de préservation - Préservation ou amélioration de la santé, sauvegarde ou bonne condition du peuple, position ou propriété

C. But de crise - Une classe spéciale de buts de préservation, les buts de crise sont mis en œuvre pour répondre à de sérieuses et imminentes menaces envers des personnes ou des objets valorisés.

C-Santé

C-Feu

C-Orage

I. But instrumental - Tout but qui, quand il est achevé, réalise une condition préparatoire à la poursuite d'un autre but mais qui ne donne, dans et par lui-même, satisfaction. Les buts instrumentaux se produisent au service de buts S,P,A,C et E. Il est aussi possible qu'un but instrumental serve un autre but instrumental.

D. But delta - Semblable à un but instrumental, excepté que des opérations planifiées au lieu de scripts sont utilisées dans sa poursuite.

Dans les écritures formalisées que nous avons commencé à réaliser, nous avons utilisé cette classification.

. désir manifeste et désir latent. Hors les cas où une contradiction est repérable entre le but de l'action présentée de façon manifeste (par exemple, prendre le train pour rentrer à Paris) et tout ce que l'on connaît du contexte de vécu du rêveur par rapport à ce projet (rentrer à Paris, c'est essentiellement retrouver un travail très insatisfaisant), on peut toujours évoquer un désir d'échec ou de régression quand un but manifeste (s'élever, accéder à la culture) se trouve empêché ou détourné vers des satisfactions plus anciennes (le marché et la nourriture) (rêve n°7). Il est difficile également de situer cet éventuel désir par rapport à un remaniement lié à une crainte (rêve n°3). La définition opératoire du désir latent nous paraît donc assez délicate et nous l'avons plutôt conçue comme le résultat d'un effet de seuil qui rend la réalisation du désir trop difficile, ce qui libère alors le choix alternatif.

- concernant la notion de conflit, nous avons distingué trois niveaux :

- le conflit "simple" entre un intérêt, un plaisir, une satisfaction et un devoir (rentrer de vacances - rester tranquille à l'écart des soucis ; s'émanciper ou rester bien sagement à la maison) ou entre un intérêt et le désagrément qu'il suscite de façon secondaire sur un autre plan (gagner de l'argent d'un côté, ne plus disposer de temps de l'autre, ce qui aura des conséquences sur la vie familiale comme dans un des exemples de S & A) ;

- le conflit "central" où, soit le conflit est déterminant dans l'être au monde de la personne (par exemple, vivre ou se suicider), soit correspond à une attente essentielle dans une situation relationnelle qui n'est pas honorée (par exemple, être reconnue par les autres et être insultée, disqualifiée). Ces deux types de conflit peuvent être fortement corrélés. Un conflit "simple" (par exemple la relation à la sexualité dans un certain système de valeurs) peut devenir un conflit central s'il se répète et se renforce.

- le conflit "existentiel" qui pose fondamentalement le statut du sujet dans ses capacités de situer sa place, d'être reconnu au niveau primaire, son désir de vivre (créer) ou de se laisser aller. C'est une situation de tout ou rien, de "ça passe ou ça casse" parce que des valeurs fondamentales qui déterminent le statut du sujet sont mises en jeu (la dignité) ou que sa vie physique est menacée (être écrasé par quelqu'un qui ne cèdera pas). Le conflit se situe alors entre l'affirmation et la violence qu'elle va nécessairement générer vis-à-vis d'autrui et de soi.

- concernant les souvenirs, nous avons regretté d'avoir présenté directement la notion d'élaboration de souvenir dans la grille car il est difficile de parler d'élaboration à partir d'un seul rêve et que d'autre part, le souvenir a bien d'autres statuts que celui de matériau pour le rêve ou de "trauma" à élaborer. Nous y reviendrons . Par contre, on peut parler de relation directe ou indirecte à un souvenir ou à une scène particulièrement marquante.

- concernant la construction narcissique, il faudrait de même plutôt parler de problématique narcissique et/ou de repérage narcissique quand la représentation de soi, avec les désirs (l'excellence) et les craintes qui s'y rattachent (être souillé d'excréments, avoir des varices, etc.), est posée de façon particulièrement prégnante dans le rêve. On est amené aussi à inclure dans le concept la relation aux autres en termes d'indices (1° classe - 2° classe) ou de la connotation positive ou négative des lieux susceptibles d'accueilir le sujet (bistrot minable, vieux, sale et sombre). Dans le rêve n°14, le repérage narcissique se situe au niveau du calme par rapport au "tumulte", avec le vécu affectif qui les accompagne (plénitude-peur). Nous avons situé également dans cette rubrique ce qui concernait l'identification (ou la contre-identification à des personnes et aux valeurs qu'elles connotent (bien-mal, sexualité,…)

- concernant la notion de complexe, il nous est apparu que la seule référence aux complexes classiques de la psychanalyse (oral, anal, d'Oedipe) risquait de réduire l'ensemble des relations d'objet qui contribuent au développement et à la définition d'une personnalité à un moment donné. Nous avons ainsi pris comme base du complexe la référence dans le rêve à un grand drame humain classique : (rivalité, faiblesse-toute puissance, infériorité, jalousie, …).

- Comment discuter la ou les fonction(s) du rêve ?

Le rêve est une juxtaposition aléatoire d’images

Cette hypothèse sera confirmée si aucune logique d'agencement ne peut être trouvée. Compte tenu de la perspective volontiers causalisante de l'humain, nous avons plutôt envisagé les conditions où elle serait contredite. Elle le serait si :

— des identités peuvent être retrouvées dans plusieurs rêves

— une procédure d’agencement peut être retrouvée (ex : présentation d’un conflit)

— le contenu du rêve peut être mis en relation avec des événements récents ou anciens valorisés

— une signification peut être validée ; ou du moins, sa construction décrite et qu'elle ouvre à un consensus.

Le rêve est un acte de pensée élémentaire

Ce serait le cas si la pensée du rêve réalisait la simple cohésion d’un ensemble de représentations, en respectant des règles syntaxiques (avec éventuellement des altérations). Par exemple : "Il y a une tempête dans la forêt". Ce n'est plus le cas si l'on est en présence d'un processus idéique impliquant une finalité interne : penser quelque chose de compliqué, s'il existe un enchaînement (-> existence d’un scénario) de scènes correspondant à une pensée et qui conduisent à un but. En particulier si l'on retrouve une logique de planification des actions, on ne pourra plus parler de pensée élémentaire mais de pensée avec but. Elle apparaîtra soit dans la figuration d'un ensemble d'actions orientées, soit dans la figuration, à travers ces actions, d'une dialectique à partir de laquelle s'élabore un choix pour le sujet.

Le rêve est un acte de pensée finalisée

Si la pensée du rêve peut s'organiser autour d'un but, selon les termes que nous venons de présenter, alors on peut envisager qu'il ait différentes fonctions "biologiques" secondaires.

• fixation de souvenirs récents et réactualisation de souvenirs anciens

- fixer les souvenirs récents : ils devront être retrouvés de façon permanente si c'est une fonction unique

- si cette fixation a lieu en les intégrant à des traces anciennes, cela impliquera qu'elles puissent être retrouvées, sous la forme d'un affect ou d'une réaction somatique et en référence à une forme déjà structurée, le souvenir. L'ensemble participera alors de la mémoire.

réalisation d'un désir ou représentation de son accomplissement (dans une perspective économique, pour continuer à dormir ou résoudre les frustrations du réel). On sait depuis Freud que les réalisations de désirs font intervenir des registres contradictoires et qu'il s'agit finalement d'une formation de compromis. Sauf cas rares, (en particulier chez les enfants) la démonstration d'une telle mise en oeuvre devient très délicate. Nous l'avons explorée, laissant au lecteur la décision définitive.

• libération et abréaction d'un contenu traumatique

L'affect devra naturellement être présent et lié à la situation correspondante. Naturellement, cette fonction sera d'autant plus volontiers retenue que l'on pourra retrouver une relation directe avec un contenu traumatique ancien.

• cognition

Penser (représenter, résoudre ?) une crainte, une problématique (pour soi - pour autrui), une situation. Sur un mode analogue à celui de la pensée consciente, la représentation serait la première étape de la résolution. A ce niveau, il sera intéressant d'évaluer le caractère insistant ou non de ce qui est représenté et l'évolution dans le temps de sa formulation. En fait, le véritable problème est de considérer s'il peut exister une fonction cognitive "pure", isolée d'une fonction psychologique plus large.

structuration de la réalité de soi par identification et intégration des expériences

La réalité de soi fait intervenir différents registres de repérage (valeurs, mondes, marques de subjectivité), de projets, de choix, d'expériences, de représentations. La notion d'actualisation (et de narcotisation ou d'oubli) que l'on retrouve chez S & A, à propos de métastructures de cognition et d'échange guidant la compréhension et qui est développée du point de vue de la linguistique par l'un des membres du groupe de recherche dans sa thèse nous paraît extrêmement féconde. Cette actualisation ne serait pas anonyme et aléatoire mais porterait la "signature" de la façon de penser et d'éprouver la réalité à une période donnée, en référence à des expériences types, où figurent les souvenirs. Les critères qui iraient dans le sens de cette fonction seraient donc : actualisation subjective dans le rêve, en référence à une trame construite où figurent les expériences, les références et les valeurs de la personne, actualisation avec le monde de la réalité présente.



Participation de la rêveuse à l'étude

Nous avons déjà signalé que

- les rêves avaient été transcrits spontanément par la patiente avant que la recherche soit envisagée.

- cette patiente était en fin de cure

- son accord a été sollicité pour l'étude, en l'informant des objectifs de la recherche, des hypothèses de travail et de la méthodologie. Cette recherche, pouvant modifier son comportement de rêveuse, porterait sur les rêves antérieurs à cette information.

D'autre part, nous avons envisagé avec elle les effets que cette recherche pouvait avoir. Le primat de la relation étant le contrat thérapeutique, cette recherche pourrait être interrompue à tout moment si nécessaire.

Cette information légitime a eu des effets secondaires très importants car cette patiente est devenue un véritable partenaire, un "chercheur associé" de l'étude.

Secondairement, les premiers résultats de la recherche transmis à la patiente et le travail qu'elle a effectué elle-même à partir de ses rêves puis de son histoire ont eu un effet que l'on peut qualifier de "thérapeutique". Par exemple, le fait que ses rêves marquaient une oscillation entre deux mondes, dont l'un était celui de son enfance auquel elle était finalement très attachée a produit un effet propre de réhabilitation des lieux et des personnages de son enfance qui n'étaient envisagés jusque là que de façon négative et persécutrice.

***

Nous avons récapitulé les différents points qui ont été examinés dans cette recherche dans différents tableaux . Leurs analyses sont présentées et commentées ci-dessous. La réduction obligée de la présentation en tableaux a en revanche l'intérêt d'une lecture rapide des éléments . Le lecteur est invité à se rapporter aux éléments correspondants pour entrer dans le détail de l'analyse.

Concernant l’analyse des 15 rêves les tableaux sont les suivants :

- un tableau reprend, pour chaque rêve analysé selon la grille, les principales réponses dégagées, ainsi que les mots-clés, thèmes et problématique générale. Il est complété par un récapitulatif de l'apport contexteur (tableaux 1-15).

- un tableau récapitule les résultats "oui-non-? Des tableaux 1-15 (tableau 16).

- un tableau reprend l'ensemble des mots-clés, thèmes et problématique pour l'ensemble des rêves précédents (tableau 17)

- un tableau reprend le contenu affectif de ces rêves (tableau 18)

 

Nous montrons ci-dessous un exemple de ces différents tableaux pour l’analyse du premier rêve et, à la suite, les tableaux récapitulatifs pour l’ensemble des 15 rêves analysés. Les éléments analysés pour chaque rêve sont présentés sous différentes formes :

1 - à partir de la grille générale ;

2 - suivant une schématisation ;

3 - suivant un script ;

4 - suivant un récapitulatif.

Ces tableaux reprenant la grille, les schématisations, les scripts et les récapitulatifs pour chaque rêve, sont consultables en annexe de ce rapport.

Rêve du 16 mars 1990 : "Le train de 14h14"

 

Récit du rêve

Nous sommes en voiture - en plaine - région de Châtel.

Nous allons à la gare pour prendre le train de 14h14, mais craignons de ne pas y arriver. Le parcours est balisé, on passe entre des chaînes soutenues par des piquets, où on roule comme s’il y avait des rails.

Puisque nous n’arriverons pas à temps, nous prendrons le train de 16h16.

(trains qui n’existent pas en réalité)

Nous arrivons à une gare, en pleine campagne. Où ?

Je vais prendre des billets. On fait la queue comme aux caisses des supermarchés. Il y a deux queues qui convergent vers la caissière, je ne sais pas laquelle prendre. Je choisis, mais quelqu’un passe devant moi … mécontentement.

J’ai mes billets ; il faut trouver la voie pour aller sur le quai (inexistant)

Cela ressemble à ce qu’il fallait faire à H. dans les années 50

nous sommes dans les temps pour prendre le train de 14h14 mais il faut faire vite , avec une marge de moins de 5min.

Le train va arriver, mais il faut aller attendre assez loin.

Je m’avise que je me suis trompée en prenant les billets. Ils sont de 2° classe et nous risquons de voyager debout.

Mais le train arrive, je suis rassurée parce qu’il paraît confortable et les places sont largement inoccupées. Nous n’avons qu’un petit sac avec nos papiers.

. Nous montons là où nous avions repéré bien de la place ; mais au moment de nous asseoir, tout est occupé, des gens sont couchés au travers de deux banquettes opposées, on nous empêche de nous asseoir. Promiscuité.

. Je décide d’aller demander au contrôleur des places de 1° classe (suppléments). il me dit "oui mais il faut que j’aille les chercher dans la camionnette…" Je dis à Pierre d’attendre là sans bouger.

Pendant ce temps, je vais rechercher Pierre qui attend, tout petit comme un gamin, seul sur une banquette dans une grande salle d’attente.

Remarque : incohérence dans le fait que nous sommes en voiture et que nous allons prendre le train pour rentrer.

suite


Dernière mise à jour : 5/03/07

Dr Jean-Michel Thurin