Dictionnaire taxinomique de psychiatrie
(J. Garrabé)



ANGOISSE (névrose d') [angl. anxiety neurosis, esp. neurosis de angustia, all. Angstneurose].


Définition-Historique : En 1895, Freud proposa de séparer de la neurasthénie sous le nom de névrose d'angoisse un complexe symptomatique.

Les signes constitutifs en sont : 1) excitabilité générale ; 2) attente anxieuse; 3) accès ou attaque d'angoisse ; 4) équivalent des accès d'angoisse sous forme de a) troubles de l'activité cardiaque, b) troubles de la respiration, c) accès de sudation, d) accès de tremblement ou de secousses corporelles, e) accès de fringale, f) diarrhée, g) accès de vertige, h) congestions, i) paresthésies, 5) pavor nocturnus, 6) vertiges locomoteurs ou coordinatoires, 7) phobies. La diarrhée de Moebius, ou l'envie impérieuse d'uriner, le vertige et les paresthésies peuvent appareître, en dehors des accès de manière chronique.

Pour Freud, le mécanisme de cette névrose « est à rechercher dans la dérivation de l'excitation sexuelle somatique à distance du psychisme et dans une utilisation anormale de cette excitation qui en est la conséquence ; la cause déclenchante du trouble se trouve dans le domaine somatique, et non pas, comme dans l'hystérie et la névrose obsessionnelle dans le domaine psychique ». Des phobies peuvent cliniquement s'observer dans la névrose d'angoisse mais il y a transposition de l'affect, cet affect est toujours celui de l'angoisse, il ne provient pas d'une représentation refoulée et n'est donc pas réductible par la psychothérapie. « Le mécanisme de la substitution ne vaut donc pas pour les phobies de la névrose d'angoisse ». En d'autres termes cette névrose ne relève pas d'une cure analytique.

INSERM La névrose d'angoisse constitue la première sous-rubrique des Névroses : 10.0.


CIM 9 : La délimitation nosologique des Etats anxieux 300.00 est beaucoup moins rigoureuse que celle de Freud : « Combinaisons variées de manifestations physiques et mentales d'anxiété non attribuables à un danger réel et survenant soit par accès, soit sous forme d'un état permanent. L'anxiété est habituellement diffuse et peut atteindre la panique. D'autres signes névrotiques tels que symptômes obsessionnels ou hystériques peuvent être - présents mais ne dominent pas le tableau clinique ». (Il n'est pas précisé quels sont ces symptômes obsessionnels ou hystériques que l'on pourrait observer dans la clinique de la névrose d'angoisse).


CIM-Proj. rév. : Il est proposé une rubrique Autres états anxieux F 41 « Troubles dans lesquels la manifestation de l'anxiété constitue le symptôme majeur, lequel n'est pas limité à une condition particulière de l'environnement. Des symptômes dépressifs et obsessionnels, et même quelques éléments d'anxiété phobique peuvent aussi exister, à condition qu'ils soient à l'évidence secondaires, ou moins sévères ». Les sousrubriques sont F 41.0 Panique (Anxiété paroxystique épisodique) et F 41.1 Anxiété généralisée à l'exclusion de la neurasthénie*.


D.S.M. III : Les états anxieux, deuxième classe de la catégorie « Troubles anxieux » sont donnés comme synonyme de névrose d'angoisse. Mais ils sont divisés à leur tour en cinq entités dont seules les deux premières peuvent être considérées comme leurs équivalents : Trouble : panique* 300.01 et Trouble : anxiété généralisée 300.02. La clinique du premier correspond à peu de choses à celle décrite par Freud comme étant celle des attaques ; le second constituant l'état intercritique de la névrose.

On ne peut par contre admettre que fassent partie de la névrose d'angoisse le trouble obsessionnel compulsif 300.30 qui correspond à la névrose obsessionnelle*, et le trouble : état de stress post-traumatique qui correspond à la pathologie réactionnelle*. Regrouper tous ces troubles revient à instaurer l'antique neurasthénie*. Le D.S.M. III maintient par ailleurs la distinction entre Troubles phobiques (ou névroses phobiques*) et les Etats anxieux (ou névrose d'angoisse).


D.S.M. III-R : Le Trouble anxiété généralisée 300.02 voit ses critères tliagnostiques modifiés : la durée doit en être de six mois ou plus. La description des dix-huit symptômes dont six au moins doivent être présents est précisée. Ils sont regroupées en symptômes de tension motrice, d'hyperactivité du système nerveux autonome et d'hypervigilance.

Les Troubles anxieux organiques sont reconnus comme une catégorie autonome distincte des troubles thymiques organiques avec lesquels ils étaient confondus comme Troubles affectifs*.


Bibliographie : FREUD S. - Qu'il est justifié de séparer de la neurasthénie un Çcrtain complexe symptomatique sous le nom de « névrose d'angoisse » (1895). Iii : Névrose, psychose et perversion, traduction française, P.U.F., Paris, 1985.


Dernière mise à jour : vendredi 18 janvier 2002 16:16:27
Dr Jean-Michel Thurin