Définition-Historique : George Miller Beard a décrit en 1868 sous le nom de neurasthénie un ensemble vaste et hétérogène de plusieurs dizaines de symptômes tant somatiques que psychologiques évoluant aussi bien sur un mode aigu que chronique. On peut noter qu'y figurent pas moins de onze phobies, dont l'agoraphobie*, mais que l'anxiété et le trouble qu'elle génère n'y figurent pas comme tels. Le support commun à des symptômes aussi variés est en effet pour Beard la perte de la force ou énergie physique. Le fait que cette hypothétique étiologie n'ait jamais pu être mise en évidence n'a pas empêché le succès du concept. En 1895, Freud proposa de séparer la névrose d'angoisse* de la neurasthénie tout en conservant celle-ci comme névrose actuelle* autonome. Le seul caractère fondamental commun à ces deux entités est pour lui « que la source d'excitation, la cause déclenchante du trouble, se trouve dans le domaine somatique, et non pas, comme dans l'hystérie et la névrose obsessionnelle, dans le domaine psychique ». Il retient comme symptômes caractéristiques trois de ceux figurant dans la longue liste de Beard : céphalées, dyspepsie, constipation ainsi que l'asthénie et l'irritabilité. L'étiologie est sexuelle mais liée à la vie sexuelle actuelle et non à la sexualité infantile comme dans les psychonévroses. « La neurasthénie est toujours imputable à certain état du système nerveux, apparu à la suite d'une masturbation excessive ou de pollutions spontanées continues ». Freud va jusqu'à écrire : « cette conviction est devenue chez moi tellement absolue que le résultat négatif de l'examen prend sur ce point à mes yeux une valeur diagnostique en me faisant supposer que de tels cas ne peuvent être de la neurasthénie ».
INSERM : Conformément à la nosologie freudienne, la neurasthénie 10.3 figure comme névrose autonome dans la catégorie Névroses et ét ats névrotiques.
CIM 9 : Neurasthénie 300.5 figure avec la définition suivante : « Troubles névrotiques caractérisés par la fatigue, l'irritabilité, la céphalée, la dépression, l'insomnie, la difficulté de concentration et l'absence de capacité de plaisir (anhédonie). Ce trouble peut accompagner ou faire suite à une infection ou un surmenage ou résulter d'une tension émotionnelle permanente. Si la neurasthénie est associée à un trouble somatique, ce dernier peut être également codifié ». Nous retrouvons à la fois donc les signes cliniques retenus par Freud et l'étiologie proposée par Beard d'un épuisement du système nerveux qui pourrait d'ailleurs être dû aussi bien à des facteurs somatiques que psycho-sociaux. L'insatisfaction libidinale est signalée mais n'est pas attribuée aux pratiques sexuelles actuelles du malade mais à son anhédonie qui rapprocherait de ce point de vue la neurasthénie des psychonévroses.
CIM Proj. rév. : Neurasthénie F 48 figure avec pour synonyme syndrome de fatigue parmi les Autres troubles névrotiques ;
D.S.M. III : La neurasthénie ne figure pas explicitement dans cette classification mais s'y introduit en quelque sorte par synecdoque par l'extension donnée aux Etats anxieux (névrose d'angoisse) qui, si l'on acceptait, aboutirait à rassembler à nouveau sous ce nom, la partie désignant désormais le tout, la totalité des symptômes initialement retenus par Beard.
D'autre part le Trouble neurasthénique est donné comme synonyme de Trouble dysthymique* 300.40 ou (Névrose dépressive) décrite par ce manuel comme Episode dépressif majeur atténué sans idées délirantes ni hallucinations, souvent associé à un trouble de la personnalité nécessitant par conséquent un diagnostic conjoint biaxial, ce qui correspond à la dépression* névrotique.
D.S.M. III-R : Bien que l'extension donnée aux Etats anxieux soit maintenue, la neurasthénie n'est toujours pas citée explicitement.
Dernière mise à jour : lundi 14 janvier 2002 17:48:09 Dr Jean-Michel Thurin |
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