Récit - 8 mars 94

     J'ai quitté mes parents pour aller à Paris, chez moi, par le train. Je suis assise dans le train, c'est plutôt un métro et un homme derrière moi parle continuellement et m'incommode. Au premier arrêt je décide de changer de place.

     J'ai changé de place et suis assise maintenant dans le sens du train, à côté d'une femme qui lit un livre de poche, moi aussi, le mien est de Proust, "A la recherche...".
Cette femme se met à me parler, par politesse je réponds ; elle me dérange parce que je voulais lire mon livre, je le garde à la main et attends le moment propice pour l'ouvrir et lire, façon de couper cette conversation qui ne m'intéresse pas, de façon pas trop abrupte.

     Le train - métro s'est arrêté, il s'est vidé aussi et ma voisine qui est maintenant une jeune, ma collègue A., par sa silhouette, je ne vois pas son visage, dit qu'il faut descendre et changer de train. Je la suis pour ne pas rester seule, mais je répète que ce train est direct et qu'il ne faut pas changer, en tout cas, s'il faut le faire, je ne suis pas prévenue.
     Nous allons vers un autre quai où des gens attendent le train, je demande quelle en est la destination, on me répond qu'il va à Denain. C'est la destination opposée à la mienne puisque maintenant je viens de Châtel pour rentrer à Paris. Je dis à la fille qu'il faut retourner dans le train initial, je commence à courir mais je le vois passer qui s'en va.
Je suis bouleversée et nous décidons de le rattraper à la prochaine gare en prenant un taxi. Elle appelle un taxi qui vient presque aussitôt, l'homme qui le conduit a l'air d'avoir l'habitude de parer à de telles situations, il connaît les horaires des trains et nous certifie que nous arriverons à temps pour prendre le train (à Moulins?), il est très rassurant.
     Le taxi s'arrête et je crois être arrivée, mais nous sommes dans une sorte de gare routière, une entreprise où on établit des relais : il faut changer de voiture, c'est une femme qui nous fait monter dans une camionnette. Il y a quatre places sur des banquettes à l'arrière en ciré noir, je crois être dans un bus.

Entre temps nous avons rencontré un jeune homme que je connaissais et qui nous accompagne, un peu plus tard il nous quittera après des adieux amicaux.

     La camionnette est constituée de deux blocs opposés qui doivent se réunir dans l'axe pour reconstituer le véhicule qui passe maintenant dans un étroit couloir en accrochant les parois, je vois des morceaux de plâtre se détacher du plafond.
     Je croyais être à Moulins, mais ce n'est pas le cas, nous sommes descendues et quelqu'un vient dire à la fille qui m'accompagne depuis le début que son train est là. Je la vois partir et veux la suivre, nous étions ensemble, mais on me retient.
Je suis encore bouleversée et je proteste, c'est elle qui nous a mises en panne et qui m'a incitée à descendre du train direct et maintenant c'est elle qui s'en tire et moi je reste là.

     Je m'agite et cherche comment je vais rattraper le train, il faut maintenant que j'aille à Nevers. Je suis dans une file d'attente dans un couloir, on me dit d'attendre mon tour, j'insiste et on me répond que je dois attendre une heure. Je proteste parce qu'entre temps le train aura quitté la gare de Nevers. Je suis dans un état de très grande angoisse, je vérifie plusieurs fois dans mon sac que mon billet de train est toujours là ainsi que mes clés pour entrer chez moi, ce sont les grosses clés des classes du collège.

     Je finis par trouver l'homme du premier taxi, il est plus petit, il a vieilli, il va me conduire à la gare de Nevers, c'est aussi simple que la première fois...

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