Modèles pour le Psychisme



Boris Cyrulnik étudie une grille de lecture de comportement animal ou humain en termes de «niveaux affectifs». A travers l'observation du développement d'enfants dans des situations de carence affective, il élabore un modèle mettant en avant une découpe en niveaux : moléculaire, parolière, mythique.

Les niveaux affectifs

Boris Cyrulnik

Il a fallu attendre la guerre de 40 pour oser envisager cette pensée folle : il y a une relation entre la carence en soins maternels et les troubles du développement de l'enfant ! Jusqu'alors, le «concept» de mauvaise graine suffisait à tout expliquer : si un enfant se développait mal, c'était une «mauvaise graine».

Quand Anna Freud a recueilli 200 enfants privés de mère à la nursery d'Hamstead à Londres, elle a bien dû faire du comportementalisme, puisque la plupart de ces enfants ne parlaient pas. Elle a donc décrit les comportements autocentrés, les balancements stéréotypés, les impulsions agressives de ces enfants sans langage. Et, quand, 25 ans plus tard elle a retrouvé une ancienne pensionnaire devenue mère, Anna Freud a décrit une jeune femme parfaitement épanouie1.

Les prémices de l'observation éthologique

Les prémices de l'observation éthologique étaient en place : puisque la parole ne passait pas, on pouvait quand même tenter de comprendre ces enfants sans langage. On pouvait rassembler ces petits que la guerre avait isolés et connaissant la cause de leur isolement, en observer les effets directement dans l'interaction, puis en suivre le devenir sous l'effet de diverses tentatives de substitution maternelles et affectives.

En pensant que la mère, objet affectif, pouvait participer au développement de l'enfant ; en pensant que l'observation d'un comportement pouvait témoigner d'un état psychologique intime, non exprimable par la parole ; en pensant que cette privation survenue dans l'enfance pouvait créer des troubles exprimés 25 ans plus tard, Anna Freud changeait sa manière de penser, et modifiant sa pensée, modifiait son observation.

Avant guerre, l'idée que l'on se faisait des tout petits, créait pour eux des milieux réels cruellement sélectifs.

Lorsque la mère de Konrad Lorenz a mis au monde un petit prématuré, son père Joseph, a refusé qu'on protège le nouveau-né au nom de la sélection naturelle : «s'il s'élimine, c'est qu'il n'est pas capable de survivre».

Cette représentation du bébé-graine créait dans le réel des milieux valables pour une graine, appliquée aux enfants qui en faisaient les frais. Cette philosophie a baigné notre idée occidentale de l'enfant juqu'à Anna Freud.

Pourtant Niko Tinbergen faisait des observations naturalistes qui ont beaucoup stimulé René Spitz, un grand nom de la psychanalyse. Dès l'après-guerre, il avait décrit l'hospitalisme des enfants trop longtemps séparés de leur mère, l'anaclitisme des enfants abandonnés, le déclenchement du sourire par un leurre en carton, le oui et le non, l'angoisse dite du huitième mois devant l'étranger. Toutes ces idées et ces observations directes sont nées d'échanges avec les éthologues.

Konrad Lorenz a imprégné fortement John Bowlby qui dès 1946 observait les troubles provoqués par la carence en soins maternels. Mary Ainsworth l'accompagnait, et en France, deux jeunes psychanalystes, Geneviève Appel et Myriam David allaient faire vivre leurs idées au dépôt des enfants de Denfert Rochereau.

Alors, deux conceptions de l'enfance s'affrontent. Robert Debré pensait qu'il suffisait d'observer ces enfants abandonnés pour voir qu'ils étaient tarés : ils ne parlaient pas, faisaient sous eux dans la plus grande indifférence morale, se balançaient sans cesse au point de déplacer leur lit de plusieurs mètres, ou se bloquaient dans des postures si durables que leurs articulations finissaient par se déformer. Il suffisait de voir ! Par la suite Robert Debré a joué un rôle bénéfique dans la création des crèches et des institutions pour enfants.

Mais les deux jeunes femmes ayant fréquenté Bowlby pensaient différemment : elles décidèrent de s'occuper des enfants. Leurs simples interactions de sourire, de paroles et de soins maternants provoquèrent un éveil intellectuel et comportemental chez ces enfants privés de stimulations affectives. Très rapidement, ils se mirent à sourire, jouer et tenter la parole. Mais l'amorce de ce lien affectif, énorme pour eux, provoquait au moindre éloignement un intense sentiment de perte affective, de retour au néant, qui se traduisait par des comportements d'agressions et d'auto-agressions. Ce changement comportemental fut interprété par les «administratifs» comme une preuve de leur aggravation. Ils étaient si sages à l'époque, où, dégoûtants mais tranquilles, ils se balançaient en silence ! Depuis qu'on s'occupait d'eux, ils devenaient exigeants, capricieux et violents. Voilà bien la preuve que ces enfants sont des mauvaises graines, parce que nos enfants à nous, ne réagissent pas comme ça, vous l'avez observé, n'est-ce-pas ? Il convient donc à nouveau de les abandonner.

Voilà ce que donne un raisonnement alimenté par une observation sans méthode, ni théorie explicite.

L'aventure humaine crée souvent des situations plus terribles que le pire des laboratoires. Nous pouvons les observer mais nous ne pouvons pas les créer. Je ne sais pas ce qu'il y a d'immoral à observer dans les services de réanimation comment les pédiatres soignent les tout petits qui se laissent mourir de faim parce que la privation de mère les a privés de nourriture affective. Les zoologues peuvent nous apporter des précisions sémiologiques que nous ne savions pas obtenir.

L'éthologie comparative, animale et humaine

Les singes

Quand le couple Harlow, en 1959, a démontré à quel point le contact maternel, le simple corps à corps, yeux à yeux, odeur et chaleur fournissait le socle sensoriel, l'étayage affectif, dans lequel le petit singe puisait des informations apaisantes et suffisamment stimulantes pour conquérir son univers, il a prouvé par une manipulation expérimentale, que la simple privation de ces informations sensorielles, en empêchant tout étayage sensoriel, provoquait un tableau d'anaclitisme.

Malheureusement, ils ont nommé «autisme» ce tableau de privation sensorielle qu'ils auraient du nommer anaclitisme comme René Spitz l'avait proposé. Ce qui prouve que si les psychanalystes et les primatologues se rencontraient plus souvent, ils étayeraient mutuellement leurs affectivités et leurs théories.

La comparaison de leurs travaux permet, en faisant une démarche d'éhologie comparative, de faire surgir une question phylogénétique qui n'avait pas été prévue par les observateurs : Spitz nous explique que sur les 125 enfants observés après leur privation totale de mères, seuls 15 % ont manifesté le scénario anaclitique fait de protestation, puis de désespoir et d'indifférence. Alors que Harlow et les primatologues nous racontaient qu'en milieu naturel, un petit singe privé de sa mère aura 90 % de chance de mourir de désespoir-indifférence.

Le sommeil des agneaux et les châtons

Un agneau lui, dispose de 48 heures pour s'attacher à sa mère : lorsque la colle affective ne prend pas, son espérance de vie ne dépassera pas quelques jours.

A l'inverse, un chaton privé de mère se développe quand même. Les chatons isolés3 ne manifestent pas d'anaclitisme. Ils trouvent toujours un bout de tissu, contre lequel ils vont se blottir ou un bout de papier avec lequel ils vont jouer.

Or, les chats sont les champions de la familiarisation. De toutes les espèces vivantes, ces petits prédateurs sont les plus doués pour se frotter contre un objet et, en le marquant ainsi, lui donner une odeur familière. Ils peuvent le faire avec une jambe de pantalon, un coin de porte ou un objet neutre le rendant ainsi familier, donc sécurisant4.

Les chats, médailles d'or aux jeux olympiques du sommeil, constituent l'espèce vivante qui sécrète la plus grande quantité de sommeil paradoxal, 90 à 100 % à la naissance alors que les agneaux n'en sécrètent que 20 à 25 %. Une des fonctions de ce sommeil qui associe un corps flasque à un cerveau d'orage, consiste à incorporer les événements de la veille, c'est-à-dire à rendre familières des informations qui la veille étaient encore étrangères.

La question phylogénétique commence à prendre forme : il semble bien qu'il y ait des êtres vivants plus résistants que d'autres à la privation affective et que, la résistance de cet organisme lui soit conférée par son aptitude à familiariser, à chercher lui-même l'affect dont il a besoin pour nourrir son psychisme et à l'extraire de son milieu.

Les agneaux, soumis à l'immédiateté des stimulations à cause de leur faible aptitude à «rêver», s'attachent ou meurent. Alors que les chatons en créant la familiarité résistent mieux au manque d'affects.

Qu'est-ce qui nous empêche de poser maintenant la même question pour le petit d'Homme ? Existe-t-il des enfants qui, dans ces situations de privation affective résistent mieux que d'autres, parce qu'ils sont plus aptes à créer eux-mêmes ce processus de familiarisation qui les sécurise et leur permet de se développer malgré tout ?

L'observation dirigée la plus classique, consiste à situer en face à face, une mère et son enfant bien calé dans sa chaise à bébé. Les synchronies mimogestuelles apparaissent très facilement où l'on voit, en visionnant les cassettes au ralenti, comment ces deux partenaires se sollicitent, s'imitent, puis se détournent l'un de l'autre.

On demande à la mère de se figer soudain, en regardant son petit : en quelques secondes apparaissent chez l'enfant des indices d'anxiété. Il cesse de sourire, évite le regard, agite ses mains et sa face jusqu'au moment où il se met à pleurer ce qui met fin à la complaisance scientifique de la mère. L'immobilité prescrite à la mère, désorganise les synchronisations des mimiques et des gestes du bébé et provoque des comportements que l'on peut comprendre comme des indices d'angoisse.

La prise en paume nous offre un autre repère comportemental du style des interactions. On sait que les bébés garçons sont nettement moins empaumés que les bébés filles et que les lieux du corps touchés par la mère dépendent du sexe de l'enfant. Ce comportement manifeste et non conscient dans la culture occidentale est fortement prescrit par certaines cultures africaines ou asiatiques5. Une mère ne doit pas empaumer son garçon de la même manière que sa fille, ne doit pas employer la même huile pour masser un garçon ou une fille et ne doit pas lui adresser les mêmes paroles avec la même intonation.

Mais que la culture mette l'emphase sur la sexualisation des premiers gestes ou l'ignore, un point commun appartient à tous les bébés du monde : ceux qui ne sont pas touchés accrochent moins le regard par la suite, s'ajustent moins bien dans les bras de l'adulte maternant, comme si le toucher avait pour fonction d'établir la première sollicitation «charnelle»6. L'absence de toucher précoce n'enclenche pas ce corps à corps.

Les cris constituent pour l'homme un canal de communication sensorielle particulièrement utilisé. La méthode très simple de recueil d'informations consiste à enregistrer les cris de nouveau-nés âgés de un à quatre jours puis de porter la bande à un analyseur de fréquence qui la transforme en image sonore où les basses fréquences sont à gauche et les hautes fréquences à droite.

On constate que les petits qui dès les premiers jours baignent dans un univers de sonorités parolières commencent à moduler l'expression de leurs cris en fonction de leurs états émotionnels. Toute stabilité de milieu va enrichir les cris à basses fréquences (beaucoup de pics à gauche de l'image), alors que tout changement ou émotion va enrichir l'image en hautes fréquences. Ce qui revient à dire que la structure biophysique d'un cri de bébé émotionné s'enrichit en sons aigus, alors qu'un bébé sécurisé enrichit ses expressions sonores en sons graves.

La même procédure appliquée à des bébés abandonnés dans des berceaux isolés montre que les cris des bébés solitaires restent «carrés» (autant de basses fréquences que de hautes fréquences) et ne se modulent que dans un bain parolier.

Les paroles des premiers jours, prononcées autour du petit créent un univers sensoriel sonore, très stimulant pour le petit et participe à l'ontogénèse de l'expression de ses émotions.

Un autre indice bio-électrique plus proche de la neuro-physiologie que du comportement permet pourtant d'établir la jonction entre la création de cet univers sensoriel périphérique et son effet modelant sur le corps et les gestes du bébé.

Les bébés qui baignent dans un univers «chaud», riche en informations sensorielles comme le toucher, l'odeur et la chaleur qui chez l'homme nécessite la proximité des corps, et la sensorialité parolière, architecturent mieux les phases électriques de leur sommeil. Alors que les enfants qui se trouvent dans un univers sensoriel glacé l'architecturent mal et plus lentement. Or, la sécrétion de l'hormone de croissance est très dépendante de la mise en place du sommeil lent profond.

Le plus étonnant de cette histoire c'est que les grands enfants qui vivent dans un univers pauvre en affects, à faibles stimulations sensorielles où leur cerveau fabrique peu d'hormone de croissance, peuvent architecturer leur sommeil et sécréter cette hormone en quantité suffisante quand ils entrent dans un univers affectif chaud, le soir même de leur déménagement7 !

Cette série d'observations faciles à réaliser, permet de proposer deux idées :

­ la folle plasticité du développement des enfants qui peut changer en quelques heures, le temps d'une sécrétion adaptée au milieu.

­ la force qui façonne ce développement et l'expression des émotions par leurs mimiques et leurs gestes, s'enracine dans leur milieu affectif incarné par la sensorialité.

Cette sensorialité, fournie par le corps des adultes maternants peut se modifier au gré des aventures physiques ou psychiques de ces adultes qui peuvent créer autour du petit des univers sensoriels radicalement différents. L'enfant modelé par ces univers prendra des formes différentes, évitantes ou sollicitantes, souriantes ou anxieuses, gazouillantes ou silencieuses. L'adulte à son tour percevra cet enfant ainsi formé qui éveillera en lui une impression de gaieté ou de morosité, de stimulation ou d'ennui qu'il interprétera en fonction de sa personnalité : certains adultes seront fatigués par la sollicitation d'un bébé gai, ou séduits par sa morosité qui parfois peut éveiller le désir de protéger cet enfant.

La spirale interactionnelle vient de s'enclencher, mêlant les corps et les valeurs, médiatisés par l'affectivité sensorielle : l'histoire peut commencer.

Etude éthologique d'un cas d'enfant né d'inceste

Ces produits d'observations peuvent maintenant servir de données, préalables informatifs pour observer l'histoire d'une petite fille née d'un inceste.

L'habitude éthologique propose de réaliser l'observation en deux temps différents.

La première observation, dite d'approche, consiste à ramasser globalement des données, en filmant l'enfant, dans son milieu habituel de vie, à l'occasion d'un événement inévitable de sa vie quotidienne : ce qui se passe autour du goûter, le samedi après-midi dans sa famille d'accueil.

Le deuxième temps éthologique consiste à réaliser au contraire, une démarche analytique, une série d'observations dirigées centrées sur quelques items choisis en fonction de la compétence des observateurs.

Observation d'approche

La démarche globale montre les séquences suivantes :

La petite fille née d'inceste porte un anorak bleu. Elle joue avec la fille de la maison qui porte un anorak rouge. La petite fille bleue est fluette, plus petite que la petite fille rouge qui a de grosses joues et une grosse tête. La petite fille bleue est âgée de 7 ans et demi et ne parle pas, la petite fille rouge est âgée de 3 ans et parle très bien.

Le père d'accueil joue à la balle avec les deux enfants. La petite rouge tape des mains pour solliciter l'envoi de la balle et anticipe le mouvement pour l'attraper. La petite bleue sourit à son père et s'approche de lui, mais n'anticipe aucun mouvement et surtout, elle ne suit pas du regard la direction que lui indique son père en désignant la balle avec son index.

Le chien participe au jeu. Il sollicite l'homme en sautant vers lui et court après la balle. La petite rouge le tape et lui fait la morale. Le chien se soumet et abandonne la balle. Le chien évite la petite bleue qui ne cligne même pas des yeux quand il la frôle en courant.

La petite rouge prend un miroir, le tient face à elle, et décrit les objets qu'elle voit devant elle dans le miroir et qui pourtant sont placés derrière elle. Cette inversion spatiale, cette traduction de l'espace virtuel en espace réel la stimule beaucoup sur le plan intellectuel. La petite rouge invite sa compagne au jeu. La petite bleue prend le miroir, imite les gestes de la petite rouge, mais se cogne le front contre le miroir.

Pour aller goûter, il faut descendre un escalier. La petite bleue face à cette épreuve retrouve la méthode de marche qu'elle manifestait il y a un an avant d'être recueillie. Elle s'asseoit sur les fesses et se déplace à quatre pattes.

Pendant le goûter, la petite bleue prend un gobelet, boit et, dès qu'elle n'a plus soif, ouvre la main laissant ainsi tomber l'objet.

La chambre des enfants est divisée en deux : du côté de la petite rouge on observe un joyeux fouilli, une empilade de nounours, de chiffons, bouts de bois-trésors et oeuvres d'art dessinées sur le mur.

Du côté bleu, le lit a été rangé par la mère d'accueil, mais on ne voit pas un seul objet.

Arrive le moment du départ, jusqu'alors redouté, car la petite bleue, émue, sautait, trépignait sur la pointe des pieds, effectuait d'intenses «flapping» en agitant ses mains, coudes au corps et souvent s'auto-agressait. Ce jour-là, les indices émotionnels furent nettement moins violents : quelques tournoiements, quelques flapping, aucune auto-agression.

A partir de cette observation globale, on aurait pu isoler une dizaine d'autres items. Mais c'est déjà assez compliqué comme ça.

Observations dirigées

Alors, nous passons au deuxième temps de l'observation éthologique et nous allons tenter de réaliser des observations analytiques à partir de ces quelques items.

item «taille-poids»

L'item «taille-poids» est le plus saisissant. Le retard staturo-pondéral est énorme. Cet enfant a été anaclitique. La mère âgée de 15 ans quand elle le portait a voulu avorter. C'est le père-grand-père qui a voulu le garder mais la mère, sidérée après la naissance, hébétée devant ce bébé n'a pas pu s'en occuper.

Très rapidement l'enfant a cessé de manger et a fixé le regard au plafond comme un autiste. Mais un simple changement de bras suffisait à le faire revivre.

Hubert Montagner a pu manipuler cet item dans son laboratoire de l'INSERM de Montpellier : un bébé de quelques mois évite le regard de sa mère, mange mal, ne sourit pas et ne «fait pas l'avion» en se raidissant en hypertonie postérieure et en écartant les bras, quand on demande à sa mère de le soulever à bouts de bras.

Dans l'instantanéïté du changement de bras, lorsqu'un autre manipulateur le soulève, le bébé soutient le regard, échange le sourire et «fait l'avion».

L'échange verbal avec cette mère nous apprend qu'elle a voulu abandonner cet enfant. Son malheur était si grand, l'histoire de sa vie si difficile qu'elle ne s'est pas sentie capable de garder l'enfant. Mais elle n'a pas non plus été capable de l'abandonner. Alors, elle l'a gardé, en pleine dépression. Une autre manipulation itémique, celle du visage immobile, nous a appris par ailleurs, à quel point une mère non interactante désorganise les comportements du bébé et augmente ses indices d'anxiété. On peut faire l'hypothèse que dans ces bras là, dans cette psycho-écologie là, l'univers sensoriel du bébé, appauvri par le malheur de sa mère, ne l'a pas éveillé sensoriellement.

Vers le 7ème mois, le bébé mourant a dû être hospitalisé. Il est parfois nécessaire de soigner le symptôme quand on n'a pas accès à la cause. Cette petite fille serait morte de déshydratation si les pédiatres n'avaient pas soigné le symptôme.

Le caryotype était normal. Les troubles métaboliques ont regressé. Le scanner a montré une importante atrophie cérébrale diffuse. Le sommeil s'est mieux architecturé après quelques jours d'hospitalisation. L'hormone de croissance s'est très rapidement normalisée. L'enfant, normalement stimulé par la vie quotidienne du service est revenu à la vie. Il a recommencé à s'intéresser à autre chose qu'au plafond, émettre des petits cris rauques, à gesticuler, à pleurer et manger.

La petite fille a été confiée à une institution tout à fait convenable où il nous a semblé pourtant que les stimulations étaient moins nombreuses qu'à l'hôpital où l'agression soignante constituait tout de même une série de stimulations sensorielles et d'événements parfois douloureux mais souvent affectueux.

D'ailleurs, l'enfant redevenait anaclitique, et d'hospitalisations en placements variés, elle a fini par aboutir dans cette famille d'accueil, à l'âge de six ans, marchant sur les fesses, ne tenant pas la station debout, totalement enurétique et encoprétique et, bien sûr, ne parlant pas.

Le geste de pointer du doigt

Le deuxième item a été le geste de pointer du doigt. Lorsque le père d'accueil désigne la balle qu'il vient de jeter, l'enfant carencé ne comprend pas que ce geste désigne un objet à distance. Il continue à regarder son père.

Nous avons donc décidé d'observer l'ontogénèse et la fonction de ce geste9.

Le protocole d'observation consiste à placer un objet convoité (nounours, bonbon, jouet) hors de portée de l'enfant, en présence de sa personne maternante et de noter quand apparaît pour la première fois l'ensemble comportemental : pointer du doigt en direction de l'objet convoité, regarder la personne référente dans une autre direction de l'espace et vocaliser une approximation verbale.

A l'âge de six mois, 6 % de la population observée pointait du doigt. Ce chiffre augmente lentement pour connaître un pic vers le 13ème mois, où le chiffre passe en deux mois à 85 % de la population10.

Une série de cassettes étaient enregistrées dans cette situation à peu près standardisée et ont permis d'analyser la modification de comportement relationnel après que cet ensemble comportemental se soit mis en place.

Tant que ce geste ne fonctionne pas, l'échec dans la réalisation du désir est suivi très régulièrement par des cris, une hypertonie postérieure, et des auto-agressions que l'adulte nomme souvent «caprice». Dès que ce geste fonctionne ces hyperkinésies disparaissent et la frustration s'exprime par des proto-mots vigoureux que l'adulte nomme «insultes».

Plus tard, quand la parole s'articulera correctement, le geste de pointer du doigt, à son tour s'éteindra, sans totalement disparaître.

La même observation réalisée avec des enfants sans parole (autistes, encéphalopathes, enfants isolés) n'a jamais pu montrer la mise en place de ce geste.

Ce geste de pointer de l'index possède donc une valeur prédictive de l'enracinement corporel de la parole. Dès qu'il fonctionne, l'univers physique devient relationnel et l'enfant change de forme comportementale.

L'item «face à face »

L'item face à face avec le chien avait été observé par ailleurs au cours d'interactions entre des enfants psychotiques et des biches11. Nous avions pu montrer comment les enfants psychotiques en évitant le regard, en socialisant peu leurs gestes n'effrayaient pas les biches dont la distance de fuite était moins grande, et qui parfois même se laissaient caresser. Alors que les enfants bien familiarisés affrontaient l'animal en le regardant droit dans les yeux, en souriant à pleine dents, et levaient la main pour le caresser en se précipitant vers lui.

Ces signaux dans toutes les espèces signifient l'agression et les biches s'enfuyaient dès qu'elles voyaient l'enfant.

Ce contresens entre espèces différentes a été répété par les deux petites filles. Quand les chiens mangeaient, la petite rouge se précipitait vers eux, de face, en criant et levant la main, ce qui provoquait la menace du chien. Alors que la petite bleue évitait le regard, évitait même le face à face, approchait les chiens par le dos en se déplaçant sur les fesses comme un être vivant soumis et poussait avec sa tête l'arrière train des chiens. L'enfant bleue effectuait ainsi des comportements de chiots et les gros chiens adultes se laissaient bousculer et voler la nourriture de leur gamelle sans aucune protestation.

Sans le miroir, la psychologie ne serait pas ce qu'elle est. L'item miroir utilisé par les éthologues récupéré par Henri Wallon qui l'a confié à J. Lacan, travaillé par R. Gallup et R. Zazzo a été facile à manipuler tant les psychologues en ont fait d'excellentes descriptions.

La socialisation du sourire

Plutôt que de refaire mal un travail si bien fait, nous avons préféré ajouter un item auparavant non décrit : la socialisation du sourire. Lors des premières observations la petite bleue ne savait par renverser l'image dans le miroir. Nous lui faisions «expérimentalement» une tache de chocolat sur la joue. Dès qu'elle percevait la tache de crème chocolaté dans le miroir, elle répondait au stimulus en avançant la tête et léchant le miroir. Après un an de séjour, elle a perçu le chocolat dans le miroir et a su convertir sa perception de l'espace virtuel en espace réel et se retourner pour attraper le vrai chocolat. Or, malgré les applaudissements et les cris de joie de la famille d'accueil devant ce triomphe mathématique, l'enfant n'a pas souri !

Quand on associe cette observation dirigée avec celle du visage immobile de la mère, visage non signifiant qui déclenche chez le bébé l'expression d'indices d'anxiété, on peut poser le problème de la période sensible. Dans l'utérus et dès la naissance, le bébé qui sourit ne fait que répondre à la stimulation interne d'un état (sommeil paradoxal et sensation de bien être). Mais dès que la mère perçoit et interprète ce comportement du sourire, elle lui donne sens, et, en souriant à son tour, provoque une véritable mutation biologique et relationnelle. Désormais, c'est la perception du sourire maternel qui va éveiller chez l'enfant une émotion de gaité et va déclencher à son tour le sourire du petit, qui sera devenu désormais un sourire réponse à un stimulus social.

Or, quand les mères ne sourient pas, quelle que soit la cause, les petits ne socialisent pas leurs sourires, et augmentent leurs indices comportementaux d'anxiété.

Connaissant l'histoire de cette petite fille et ayant, par ailleurs analysé les effets relationnels de ce comportement, on peut proposer le scénario explicatif suivant : la mère hébétée par son malheur n'a pu sourire à cet enfant qui signifiait trop de tragédie pour elle. Lors des premiers mois l'isolement affectif a été très important. L'enfant recevait extrêmement peu de stimulation. Jamais son «sourire-endogène» n'a été interprété et la mère n'a pas eu la force de le socialiser. L'organisme de l'enfant a gardé l'habitude de ne répondre qu'aux stimulations endogènes.

Quand la petite fille a vieilli et a trouvé un milieu suffisamment affectif, on lui a souri à chaque événement heureux de sa vie quotidienne. Mais elle n'a jamais répondu à ces sourires sociaux, peut être parce qu'elle avait raté la période sensible où l'organisme possède une très grande aptitude à socialiser le moindre sourire.

L'item «objets socialisés»

L'analyse étant séparatrice nous avons observé l'item «objets socialisés».

L'observation des pourtours du lit nous avait montré l'étonnante différence entre la richesse des objets de la petite rouge et l'absence totale d'objets de la petite bleue.

Une observation réalisée par ailleurs en photographiant simplement les têtes de lit des patients hospitalisés avait révélé l'étonnant pouvoir sémantique des objets. Les patients névrosés avaient disposé autour de leur lit, des objets pour régresser (nounours, tricots, bonbons, cigarettes) et des objets pour paraître (photos d'enfants, cartes postales de pays visités, livres qu'on aurait aimé lire, maximes encadrées, disques etc...). Ces objets étaient donc chargés de sécuriser le patient et de donner à voir ce qu'il aurait aimé être.

Les patients schizophrènes avaient laissé décanter les objets sur la table de nuit, au gré de leur utilisation quotidienne : chaussettes + gâteaux + cigarettes + revues + bouteilles, s'accumulaient comme des détritus : objets ayant perdu leur fonction sécurisante et toute fonction sémantique ; objet sans sens qui ne voulaient rien dire.

Les maniaques décoraient le plus d'espace possible dans le style classique des arbres de Noël, alors que les hébéphrènes et les mélancoliques ne disposaient d'aucun objet, comme ils ne disposaient d'aucune parole.

Comme pour le sourire, la petite fille non familiarisée n'avait pu socialiser les objets. Et la méthode éthologique peut rendre observable cette idée : au moment du goûter, la petite fille en rouge boit dans un gobelet et le repose sur la table en s'essuyant les lèvres et en émettant à l'attention de sa mère une vocalisation significative de plaisir apaisé.

La petite fille non familiarisée saisit le gobelet, et dès qu'elle n'a plus envie de boire, ouvre la main laissant tomber l'objet révélant ainsi qu'elle a «compris» que cet ustensile contient de l'eau mais n'a pas de valeur relationnelle, ni de signification sociale.

Les activités autocentrées

Le dernier item analysable pourrait être celui des activités autocentrées : quand elle était anaclitique, la petite en bleu immobile, yeux au plafond, semblait ne rien percevoir du milieu environnant.

Depuis qu'elle reçoit sa ration quotidienne d'affects, elle traite les informations de son milieu mais l'émotion que tout événement déclenche en elle, est encore insupportable. Quand elle convoite quelque chose, elle s'oriente vers la stimulation. Mais lorsque l'objet convoité se dérobe elle réagit encore par d'intenses manifestations comportementales autocentrées : cris, sautillements sur la pointe des pieds et surtout «flapping».

Il y a un an, quand elle a commencé à tisser son lien, elle réagissait à toute perte, à tout départ par de violentes auto-agressions : elle se mordait, se tirait les cheveux ou se frappait la tête par terre.

C'était un progrès par rapport à l'indifférence sans espoir qu'elle manifestait chez ses parents biologiques, puis à l'hôpital et dans les institutions qui la gardaient. Mais ce progrès auto-agressif n'était pas facile à supporter.

Après un an de nourriture affective, ces activités auto-centrées s'éteignent nettement : la petite carencée ne s'auto-agresse plus, manifeste moins d'indices comportementaux auto-centrés, et commence même à rediriger sa sensation de perte en souriant à ses parents, en sollicitant les chiens qui aboient et courent en tous sens pour partager cette émotion du départ. Mais ces performances d'apaisement de la perte sont nettement moins bonnes que la petite fille bien familiarisée qui fait un signe de la main pour signifier «au revoir», se blottit contre sa mère ou va jouer à la poupée pour supporter cette petite perte affective.

Interprétation

L'enfant carencé qui a été anaclitique, huit ans avant cette observation directe n'a pas trouvé dans son milieu très précoce, les interactions affectives qui lui auraient permis de mettre en place les comportements d'apaisement et de sollicitation affective.

Sur le plan théorique, on peut dire que ce qu'on observe réellement aujourd'hui, s'enracine dans cette privation affective réellement survenue très longtemps auparavant. S'il n'y avait pas eu cette observation éthologique diachronique et synchronique pour décrire la signification de ces comportements et leurs effets tranquillisants ou sollicitants, personne n'aurait gardé en mémoire cette relation de causalité : ni l'enfant qui ne sait pas parler, ni l'adulte qui n'aurait pas connu cette série d'informations.

Si l'on associe cette observation avec d'autres observations de carences affectives, plus ou moins précoces, plus ou moins durables, plus ou moins compensées par des substituts parentaux, selon le sexe, selon la culture, selon un très grand nombre de variables, une permanence semble se dégager de toutes ces observations coordonnées : la mise en place d'une grande labilité émotionnelle.

Même lorsque ces enfants carencés précoces sont correctement «récupérés» par le tissage d'un lien affectif suffisant, ils gardent en eux des réactions émotionnelles pénibles à gérer. Ils sont eux-mêmes surpris par leurs explosions agressives, ou l'intensité angoissante de leurs bouffées amoureuses. Surtout, ils restent très longtemps vulnérables à la perte affective.

Nous avons réalisé une observation grâce à une situation, «expérimentale naturelle». Dans une série d'institutions varoises, cinquante enfants ont été gardés par Madame D. et ses aides. Une trentaine d'enfants, bien familiarisés y étaient confiés par leurs parents, comme dans une crèche. Une vingtaine d'enfants abandonnés précoces y étaient gardés comme dans une famille d'accueil, et les trois enfants de cette dame y vivaient.

Lors de l'inévitable séparation nous observions les items habituels en éthologie et nous tracions des histogrammes de comportements. Et l'on a pu rendre observable comment les enfants familiarisés réagissaient à la séparation de manière totalement différente des enfants carencés précoces.

Les enfants familiarisés réagissaient à la séparation par des items comportementaux actifs, centrés sur l'autre : sourire, vocalisations, paroles, proximités, offrandes. Alors que les grands enfants qui avaient été carencés précoces réagissaient par un style comportemental très auto-centré : peu de sourire, beaucoup de balancements d'activités auto-érotiques, isolement en périphérie du groupe, repli sur soi, silence, pas d'échange d'objets ni de paroles.

Lors du retour de la personne d'attachement, les enfants familiarisés manifestaient une joie paisible contrastant avec la violence affective des carencés précoces. Ces comportements d'émotion amoureuse intense provoquaient l'interprétation des adultes, c'est-à-dire la mise en jeu de leur propre inconscient : «cet enfant m'étouffe... il m'angoisse parce qu'il attend trop de moi». Ou au contraire «il me réjouit parce que j'ai besoin qu'on ait besoin de moi».

La spirale interactionnelle devient désormais descriptible : depuis le trouble de l'architecturation du sommeil avec son déficit en hormone de croissance (et probablement en hormones sexuelles), à son trouble de la gestion des émotions peut être attribuable à l'atrophie du rhinencéphale avec son profil comportemental, éveillant les fantasmes inconscients de l'adulte qui deviennent à leur tour déterminant de certains comportements éducateurs.

Ces observations directes ne donnent pas accès au monde intime de l'interprétation que l'on peut recueillir par un autre canal de communication (récit de soi, littérature, psychanalyse). Il s'agit de niveaux différents d'un même sujet.

Il est pensable qu'au cours de l'ontogénèse, les déterminants précoces possèdent un effet immédiat plutôt biologique, comme les effets sur le sommeil, les hormones, l'atrophie cérébrale ou l'immunologie12. Mais les effets retardés introduisent d'autres déterminants, comme la réaction émotive de l'adulte, ou ses interprétations inconscientes. Quant aux effets durables, ils ajoutent des déterminants totalement non biologiques, comme l'identité ou le regard social.

C'est ainsi que la notion de délinquance est associée à celle de carence affective, depuis les travaux de John Bowlby. Cette notion est tellement entrée dans notre culture que les délinquants s'en servent très bien, même quand ils n'ont pas lu Bowlby. Ils disent dès la première phrase : «je suis de l'assistance... je n'ai pas connu ma mère». Et leurs avocats reprennent cette «idée» avec une intention qui vise plus à provoquer une émotion qu'à communiquer une information.

Le regard social est pourtant capital à ce niveau de la spirale interactionnelle. C'est lui qui gouverne la trajectoire sociale du carencé affectif. Nous pouvons aujourd'hui enquêter sur le devenir morphologique intellectuel, psychologique et social des enfants carencés abandonnés pendant la guerre. Ils sont âgés, aujourd'hui de 50 à 60 ans, or il n'y a pas de délinquants chez les enfants de parents «morts pour la France». Les troubles biologiques et comportementaux décrits lors de l'accueil en institution entre 1945 et 1950 sont étonnamment comparables à travers toutes les institutions. Les troubles psychologiques laissent des traces comparables chez tous ces enfants devenus adultes, telles que la vulnérabilité à la séparation ou une trop grande émotivité. Les troubles sociaux différent énormément selon la manière dont a présenté aux enfants leur abandon. On ne trouve de délinquants que dans la population «d'enfants-poubelles» où la situation de privation affective a été parlée comme un rejet. Pas de délinquance, au contraire même, excellente scolarisation ou socialisation chez les enfants où la carence a été présentée comme la conséquence d'un héroïsme13 : tu es privé de famille parce que tes parents ont été glorieux. Cette parole mythique compense la perte affective réelle.

Donc :

Cette nouvelle sémiologie permet de porter un nouveau regard sur l'homme en tant qu'objet de savoir. La découpe peut se faire à des niveaux très différents du même homme : moléculaire, parolière ou mythique.

Le problème consistera plutôt quand on voudra rassembler ces découpes, à apprendre le langage, correspondant à chaque niveau. Mais seules les sept premières langues sont difficiles à apprendre. Après c'est toujours la même chose...

Notes
1 Freud A. : Dann 1961 «On experiment in group upbrinding psycho-anal-study child» 6.127-168
2 R. Sand avait organisé à Bruxelles une rencontre internationale où Spitz et Harlow se sont involontairement ignorés alors que tous deux avaient trouvé leurs hypothèses et stimulé leurs travaux en mêlant l'observation directe de l'éthologie avec la théorie psychanalytique.
3 Certains éleveurs peu conscients des troubles qu'ils provoquent élèvent les chatons dans des caisses très confortables, mais totalement isolante des relations sociales et affectives. Ces chatons deviennent hypotrophiques, craintifs, difficiles à socialiser, mais avides d'affection ce qui séduit beaucoup les acheteurs (communication Dr. Beata)
4 Pr. Pageat Patrick, Septembre 90, L'univers du chat, Congrès vétérinaire, Porquerolles.
5 Stork Hélène, Film Connaissances FR3 Janvier 89, Production Contini Eliane
6 Alessandri Joêlle 1986, Différenciation sexuelle : préhension maternelle au cours de la première toilette, Thèse, Marseille
7 Doignard H., Carences affectives et Hormones de croissance, Hopital San Salvadour, Hyères, 1989.
8 Cyrulnik, B.,Verrier, J.P., Carence affective, Cassette VHS Toulon 1989
9 Robichez-Dispa, Anne, Le pointer de l'index, Thèse de médecine, Toulouse 1989
10 Baudoin, R. Ontogénèse des comportements de préhension, Thèse science, Besançon, 1987
11 Cyrulnik, B, Verrier, J.P., Face à face biches-enfants autistes, Cassette VHS Toulon, 1989
12 Fuzeau-Braesch, S., 1990, IGE et environnement social, Laboratoire de biologie de l'insecte, CNRS, Orsay
13 Baumann, D., La mémoire des oubliés.1989.Seuil.


Dernière mise à jour : dimanche 5 octobre 2003
Dr Jean-Michel Thurin