Dictionnaire taxinomique de psychiatrie
(J. Garrabé)



PANIQUE [Trad. de l'anglais panic].


Définition-Historique : : Attestée en français dès 1534 sous la forme d'un adjectif qualifiant la « terreur panice », le substantif panique, apparu au xix, siècle, désigne une « terreur extrême et soudaine, généralement irraisonnée et souvent de caractère collectif » (Robert). L'étymologie en est Pan, nom du dieu à la nature double à la fois humaine et animale, capable de troubler l'esprit des hommes au point de les faire se conduire comme un troupeau de bêtes. La possession individuelle par le dieu Pan dont les exemples les plus illustres ont été Phèdre et Médée s'appelait la panolepsie. Le terme a été introduit dans le langage psychiatrique contemporain avec un sens complètement différent sous la forme Trouble

Panique comme traduction de l'anglais « panic disorder ».

D.S.M. III : Le Trouble : panique 300.01 est un des états anxieux (ou névrose d'angoisse*) qui avec les troubles phobiques (ou névrose phobique*) constituent la VIIIe catégorie « troubles anxieux » de cette classification.

Les critères diagnostiques en sont

a) « Au moins trois attaques de panique en l'espace de trois semaines survenant en dehors de circonstances impliquant des efforts. physiques importants ou un risque vital. Les attaques ne sont pas déclenchés exclusivement par l'exposition à un stimulus phobogène déterminé.

b) Les attaques de panique se manifestent par des périodes bien délimitées de crainte ou de peur et comportent au moins quatre des symptômes suivants au cours de chaque attaque

1) dyspnée,
2) palpitations,
3) douleur ou gêne thoracique,
4) sensations d'étouffement ou d'étranglement,
5) étourdissements, vertiges ou sensations d'instabilité,
6) sensations d'irréalité,
7) paresthésies (fourmillement dans les mains ou les pieds),
8) bouffées de chaud et de froid,
9) transpiration,
10) impression d'évanouissement,
11) tremblements et secousses musculaires,

160 Paralysie générale

12) peur de mourir, de devenir fou ou de commettre un acte non contrôlé au cours d'une attaque.

c) Non dû à un trouble physique ou à un autre trouble mental.

d) Le trouble n'est pas associé à une Agoraphobie. »

On remarque que neuf des douze symptômes de l'attaque de panique sont les manifestations somatiques de l'accès d'angoisse* décrit par Freud, les accès de fringale et de diarrhée ayant par contre été retirés du tableau clinique et trois manifestations psychiques (9, 10 et 12) ajoutées.

La division de la névrose d'angoisse* en Trouble : Panique et en Anxiété généralisée 300.02 paraît artificielle du point de vue clinique puisqu'elle divise deux entités, les accès et les manifestation intercritiques qui peuvent s'observer chez les mêmes malades. Peut-être cette division correspond-t-elle au postulat théorique de l'origine biologique des attaques de panique. Ou bien est-ce un biais pour aborder les relations entre névrose phobique* et angoisse, le D.S.M. III distinguant l'agoraphobie avec 300.21 ou sans 300.22 attaque de panique ? Le choix d'un terme désignant déjà depuis longtemps une manifestation de psychologie collective comme nouvelle dénomination d'un état psychologique individuel connu déjà sous une autre appelation est source de confusion.

D.S.M. III-R : L'importance donnée au Trouble : Panique est encore accentuée puisque considérant que dans la grande majorité des cas d'agoraphobie* (au sens de cette classification) les symptômes phobiques n'en sont qu'une complication, les différents degrés d'évitement phobique sont désormais classés comme des sous-types du Trouble : Panique.

Bibliographie : GARRABÉ J. - Anatomie d'un diagnostic à la mode : las Panicattacks. Evol. Psych., Privat, 1987, T. 52, Fasc. 1, janvier-mars.


Dernière mise à jour : jeudi, 3/11/05
Dr Jean-Michel Thurin