AUTOMATISME MENTAL - Autism. Eur. J. Psychiat., 1987, 1, 2, 45- Dérinition-Historique : L'idée que l'activité de base du psychisme est automatique c'est-à-dire que la force qui le meut lui est intérieure et qu'elle s'exerce avec une régularité déterminée, a été soutenue par de nombreux philosophes : « L'âme est un automate spirituel » (Leibniz). Pour Pierre Janet l'activité humaine élémentaire a bien ce double caractère mais elle est inséparable d'une forme d'intelligence et de conscience. Il est donc légitime de parler alors d'automatisme psychologique. L'intérêt essentiel de cette notion provient de la description faite par Gatian de Clérambault du syndrome d'automatisme mental. Il distinguait le « petit automatisme » caractérisé par un « trouble moléculaire de pensée élémentaire : arrêt ou étrangeté de la pensée, idéation imposée, intuitions obsédantes, dévidage muet des souvenirs, mentisme xénopathique, etc. phénomènes qui peuvent en rester là ou constituer le stade initial du syndrome caractéristisé par le triple automatisme. 1) Automatisme idéoverbal : hallucinations psychiques, transmission, énonciation, commentaire, écho, vol et devinement de la pensée, jeux de mots, scies, psittacisme, formules jaculatoires ; 2) Automatisme sensoriel et sensitif : hallucinations visuelles, olfactives, gustatives et surtout cénesthésiques produisent dans la sphère génitale des sensations douloureuses ou voluptueuses ; 3) Automatisme psycho-moteur : se manifestant par des gestes, des mouvements, des impressions kinesthésiques des organes de la voix ou même une articulation verbale, phénomènes qui ont tous en commun d'être forcés. Pour G. de Clérambault Fautomatis ' me mental, autonome, primitif et au départ anidéique constitue la base sur laquelle s'édifie le délire : « Le délire proprement dit n'est que la réaction obligatoire d'un intellect raisonnant, et souvent intact, aux phénomènes qui sortent de son subconscient ». « Les données majeures du délire entrant par voie hallucinatoire dans la conscience... la personnalité consciente n'intervient que secondairement dans les délires ». L'école française a vu dans cette conception un support théorique possible à la notion qui lui est propre, de psychose hallucinatoire* chronique. Mais si la réalité clinique du tableau décrit par G. de Clerambault est indiscutable, nombre de ses conclusions ont été discutées par nos propres compatriotes. Ey a pu y voir le paradigme des théories mécanicistes du délire et des hallucinations. Toutefois on peut en retenir aussi la primauté donnée dans l'automatisme mental à la mécanique de l'inconscient. « Les psychoses hallucinatoires chroniques dites systématiques... sont des résultats de processus mécanique extra-conscients, et non des produits de la conscience ». L'écho anticipé de la pensée « n'est qu'un cas de synthèse verbale s'opérant sur des données intellectuelles préconscientes... Comme tel il est rapprocher de la Prémonition Hallucinatoire verbale des Sensations ... traduction de la conscience viscérale par une synthèse verbale occulte ... Dans tous les cas... nous constatons une synthèse verbale raisonnée à point de départ infra-conscient... Pour l'édification de ces synthèses verbales, l'influx a suivi des voies non pas entièrement arbitraires, mais dans quelque mesure préformées, d'où un certain degré de logique... L'organisation automatique est un résultat naturel de la constitution cérébrale même ». C'est finalement la structure de l'inconscient que G. de Clérambault recherche dans ses efforts à décrire les phénomènes cliniques de l'automatisme en termes de che Automatisme mental 23 essentiel de cette notion provient de la description faite par Gatian de Clérambault du syndrome d'automatisme mental. Il distinguait le «petit automatisme » caractérisé par un « trouble moléculaire de pensée élémentaire : arrêt ou étrangeté de la pensée, idéation imposée, intuitions obsédantes, dévidage muet des souvenirs, mentisme xénopathique, etc. phénomènes qui peuvent en rester là ou constituer le stade initial du syndrome caractéristisé par le triple automatisme. 1) Automatisme idéoverbal : hallucinations psychiques, transmission, énonciation, commentaire, écho, vol et devinement de la pensée, jeux de mots, scies, psittacisme, formules jaculatoires ; 2) Automatisme sensoriel et sensitif : hallucinations visuelles, olfactives, gustatives et surtout cénesthésiques produisent dans la sphère génitale des sensations douloureuses ou voluptueuses ; 3) Automatisme psycho-moteur : se manifestant par des gestes, des mouvements, des impressions kinesthésiques des organes de la voix ou même une articulation verbale, phénomènes qui ont tous en commun d'être forcés. Pour G. de Clérambault l'automatisme mental, autonome, primitif et au départ anidéique constitue la base sur laquelle s'édifie le délire : « Le délire proprement dit n'est que la réaction obligatoire d'un intellect raisonnant, et souvent intact, aux phénomènes qui sortent de son subconscient ». « Les données majeures du délire entrant par voie hallucinatoire dans la conscience... la personnalité consciente n'intervient que secondairement dans les délires ». L'école française a vu dans cette conception un support théorique possible à la notion qui lui est propre, de psychose hallucinatoire* chronique. Mais si la réalité clinique du tableau décrit par G. de Clerambault est indiscutable, nombre de ses conclusions ont été discutées par nos propres compatriotes. Ey a pu y voir le paradigme des théories mécanicistes du délire et des hallucinations. Toutefois on peut en retenir aussi la primauté donnée dans l'automatisme mental à la mécanique de l'inconscient. « Les psychoses hallucinatoires chroniques dites systématiques... sont des résultats de processus mécanique extra-conscients, et non des produits de la conscience ». L'écho anticipé de la pensée « n'est qu'un cas de synthèse verbale s'opérant sur des données intellectuelles préconscientes... Comme tel il est rapprocher de la Prémonition Hallucinatoire verbale des Sensations... traduction de la conscience viscérale par une synthèse verbale occulte... Dans tous les cas... nous constatons une synthèse verbale raisonnée à point de départ infra-conscient... Pour l'édification de ces synthèses verbales, l'influx a suivi des voies non pas entièrement arbitraires, mais dans quelque mesure préformées, d'où un certain degré de logique... L'organisation automatique est un résultat naturel de la constitution cérébrale même ». C'est finalement la structure de l'inconscient que G. de Clérambault recherche dans ses efforts à décrire les phénomènes cliniques de l'automatisme en termes de che a 24 Automatisme mental minement à travers des réseaux préformés de productions inconscientes qui quel qu'en soit le point de départ viscéral, sensitif ou aboutissent toutes à une forme verbale. On a donc pu voir aussi en Gatian de Clérambault un précurseur de son élève Lacan affirmant que l'inconscient a bien une structure formelle et que c'est justement celle du langage. Kandinski avait qualifié ces hallucinations psychiques de pseudo-hallucinations (0 Pseudogalintsinatsiiakel - Saint-Pétersbourg 1890). L'automatisme mental est donc dénommé par l'école russe syndrome de Kandinski - de Clérambault. Kurt Schneider attache dans le diagnostic de schizophrénie une importance considérable à ce qu'il appelle « symptômes de premier rang » existant dans les expériences anormales. Des onze critères de premier rang retenus les sept premiers correspondent à l'automatisme mental. Le syndrome d'automatisme mental ne figure comme tel dans aucune des classifications ici comparées mais la distribution des entités morbides qu'elles établissent dépend de la place qu'elles lui assignent. INSERM : Dans la catégorie 03 Délires chroniques, la psychose hallucinatoire chronique 03.2 figure comme entité autonome. CIM 9 : Dans la description générale des Psychoses schizophréniques 295 on retrouve les éléments du syndrome d'automatisme essentiellement idéo-verbal. Le délire est conçu comme une explication élaborée par le malade lui-même des phénomènes hallucinatoires qu'il ressent. Dans la catégorie 297 Etats délirants figure une forme simple, non classable comme schizophrénie « dans laquelle un délire d'influence, de persécution ou autre constitue l'essentiel des symptômes ». Il n'est malheureusement pas précisé si ces délires s'élaborent à partir d'un syndrome d'automatisme mental. D.S.M. Ill : Le glossaire définit l'idée délirante (Delusion) d'influence : « Délire dans lequel les sensations, les impulsions, les pensées ou les actions sont ressenties comme n'étant pas propres au sujet, mais imposées par une forme extérieure... On ne doit conclure à la présence de ce symptôme que lorsque le sujet ressent sa volonté, ses pensées ou ses sensations comme étant sous le contrôle d'une force extérieure ». Il est donné l'exemple de la ménagère qui « pense que des sensations sexuelles sont introduites dans son corps de l'extérieur ». Dans la description clinique des Troubles schizophréniques on retrouve une part de la sémiologie de l'automatisme mental considérée comme faisant partie des symptômes caractéristiques de la schizophrénie « impliquant des processus psychologiques multiples ». Est-ce une référence aux symptômes de premier rang de Schneider ? Bibliographie : de CLÉRAMBAULT G. - Oeuvre psychiatrique, P.U.F., Paris, 1942.


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Dr Jean-Michel Thurin