AGORAPHOBIE

[angl. agoraphobia, esp. agorafobia].

Du grec: 1) toute sorte de réunion publique ; 2) Marché. Fuite puis force qui pousse à la fuite.






Définition-Historique : La description faite par Westphal en 1871 de cet état caractérisé par l'impossibilité pour les sujets qui en souffrent de traverser certaines rues ou places en donne d'emblée les caractéristiques fondamentales :

- ce qui empêche les malades de traverser ces places est une angoisse,

- cette angoisse est décrite comme la peur d'avoir peur,

- l'idée de ne pouvoir traverser la place est partie intégrante de l'angoisse; l'angoisse et la pensée surgissent ensemble tout en étant psychologiquement immotivées.

Mentionnée par Beard parmi les symptômes de la neurasthénie*, l'agoraphobie a été intégrée dans la névrose phobique* par Freud (1895).

En 1903 Janet et Raymond proposèrent de classer les phobies en phobies d'objet, de situation et de fonction, l'agoraphobie étant une des phobies de situation.


INSERM : La catégorie Névroses et états névrotiques comprend la névrose phobique* 10.2 où l'agoraphobie n'est pas individualisée.


CIM 9 : L'agoraphobie et la claustrophobie sont mentionnées explicitement dans les états phobiques* 300.2. La distinction entre phobies d'objet et de situation figure dans la définition générale.


D.S.M. III : La catégorie diagnostique « Troubles anxieux » est subdivisée en troubles phobiques et états anxieux. Les troubles phobiques comprennent, dans une classification inspirée de celle de Janet mais légèrement modifiée - l'agoraphobie avec 300.21 ou sans 300.22 attaque de panique la phobie sociale 300.23 ; - la phobie simple 300.29. Les critères diagnostiques de l'agoraphobie sont :

a) Le sujet a très peur et, pour cette raison, évite de se retrouver


8 Aiguës (psychoses délirantes)


seul ou dans des endroits publics d'où il pourrait être difficile de s'échapper ou dans lesquels il pourrait ne pas trouver de secours en cas de malaise subit, par exemple des foules, des tunnels, des ponts, des moyens de transport en commun.

b) Le sujet réduit de plus en plus ses activités habituelles au point que peurs et conduites d'évitement dominent finalement son existence. Agoraphobie ne désigne plus ici la situation décrite par Westphal mais un certain nombre de phobies de situation.

Cette définition est du point de vue théorique inspirée par le comportementalisme qui a attiré l'attentio-n-sû~r les conduites d'évitement.

Le rôle de l'angoisse dans la genèse de l'agoraphobie n'est envisagé que sous l'angle des attaques de panique* : « Le trouble (phobique) débute souvent par des attaques récurrentes de panique. Le sujet développe une peur anticipée d'avoir une attaque de ce type, hésite et se refuse à affronter toute une série de situations associées à ces attaques ».


D.S.M. III-R : Il est proposé de substituer 300.21 Trouble panique avec agoraphobie à Agoraphobie avec attaque de panique, car dans la grande majorité des cas d'« agoraphobie » les symptômes phobiques seraient une complication du Trouble : Panique. Il est cependant admis l'existence de rares cas où l'agoraphobie ne se développe pas secondairement à ce trouble, on parlera alors d'Agoraphobie sans antécédents de Trouble : Panique 300.22. Enfin, comme est admis le concept de formes atténuées de trouble panique, c'est-à-dire de crises d'angoisse sans les critères diagnostiques d'attaque de panique, il sera aussi spécifié si l'agoraphobie est sans ou avec ces symptômes limités.


Bibliographie : WESTPHAL C. - L'agoraphobie : une manifestation névropathique (1871). Traduction française in : Synapse, 1985, 11, 28-40.


Dernière mise à jour : dimanche 4 novembre 2001 16:06:09
Dr Jean-Michel Thurin