Universit
Paris VI Pierre et Marie Curie
Diplme
Universitaire Ç Stress, traumatisme et pathologies È dirig par le
Professeur P.Mazet et le Docteur J.-M.Thurin
Recherche de liens entre la
dissociation pritraumatique et les caractristiques de la structure de la
personnalit value par le Test de Rorschach
Madame
C.Duchet
Docteur.
L.Jehel
Je souhaiterais,
tout particulirement, remercier tous celles et ceux sans lesquels cette
recherche exploratoire n'aurait pu tre mene bien :
Madame Clara
Duchet, mon directeur de mmoire et matre de stage, qui mĠa permis dĠacqurir
une rigueur mthodologique et dĠapprofondir mes connaissances cliniques du
psychotraumatisme, grce son savoir avis de chercheur ;
Le Docteur Louis
Jehel, mon directeur de mmoire, qui mĠa offert la possibilit de raliser
cette tude, dans un environnement tutlaire, et qui a eu la gnrosit de
mĠaccorder de son temps et de me donner de prcieux conseils, grce sa
qualit exprimente de chercheur ;
Le Professeur
Philippe Mazet et le Docteur Jean-Michel Thurin, les directeurs du Diplme
Universitaire Ç Stress, traumatisme et pathologies È, qui ont initi
cette recherche ;
LĠensemble du
personnel soignant de lĠUnit de Psychiatrie de lĠHpital Tenon qui mĠa
accueillie avec une grande bienveillance.
Partie Thorique
I.
Le traumatisme
psychique 7
1. Historique des notions de trauma et de nvrose traumatique 7
a.
La notion de trauma 1000
ans avant J-C. ? 7
b.
La notion de trauma au
XVIIIme sicle : Philippe Pinel et autres auteurs 8
c.
LĠapparition du concept
de traumatisme et lĠide dĠinconscient psychique 8
d.
Les apports sur le
concept de trauma pendant et aprs les deux priodes de Guerre Mondiale du
XXme sicle 9
2.
Trauma et
traumatisme : dfinitions 11
3.
Tableau clinique
du traumatisme psychique 14
a.
Les rpercussions
psychologiques 14
b.
Les rpercussions
psychiatriques 14
c.
Les rpercussions
psychiatriques et psychosociales long terme 15
4.
LĠvaluation de
lĠEtat de Stress Post-Traumatique 16
II.
La
dissociation pri-traumatique 17
1.
Dfinitions 17
2.
Les outils
dĠvaluation des symptmes de dissociation pri-traumatique 18
III.
Diagnostic
diffrentiel entre dissociation post-traumatique et schizophrnique 19
IV.
Les diffrents
modles thoriques de la personnalit 21
1.
Les thories
no-behavioristes 21
2.
Les thories
cognitives 22
3.
Les thories
sociales et culturelles 22
4.
Les thories
psychodynamiques 22
V.
La
dissociation peut-elle se prsenter dans les diffrentes structures de
personnalit ? 24
1.
La ligne
structurelle nvrotique 24
2.
La ligne
structurelle psychotique 25
3.
Les
astructurations ou organisations tats-limites 26
I.
Problmatique 28
II.
Hypothse 28
III.
Droulement de
lĠtude 28
IV.
Les outils 29
1.
LĠentretien
directif vise diagnostique 29
2.
Le test de
Rorschach 30
3.
Le Questionnaire
de Stress Post-Traumatique (QSPT) 31
4.
Le Questionnaire
des Expriences Dissociatives Pri-traumatiques (QEDP) 32
5.
LĠInventaire de
Dtresse Emotionnelle Pri-traumatique (PDI) 33
V.
LĠchantillon 33
1.
La population 33
2.
Les critres
dĠinclusion et dĠexclusion 34
Partie
Rsultats & Discussion
I.
Vignettes
cliniques 35
1.
Monsieur A 35
2.
Mademoiselle B 40
3.
Monsieur C 45
4.
Monsieur D 50
II.
Discussion 55
Conclusion 59
Rfrences bibliographiques 61
Annexes 65
Introduction
Depuis dj quelques
annes, nombre dĠarticles et dĠouvrages sur le thme du psychotraumatisme ont
t publis. Celui-ci nĠen reste pas moins encore aujourdĠhui assez novateur.
CĠest pourquoi il reste toujours un sujet trs dvelopp, dĠune part, pour
lĠintrt quĠil comporte au niveau de la clinique, mais dĠautre part, parce que
les cliniciens manquent encore de donnes.
CĠest lĠoccasion de mon exprience en tant que stagiaire psychologue
au sein dĠune Unit de Psychotraumatisme quĠont merg certains de mes
questionnements. En effet, la clinique du psychotraumatisme tant trs riche,
jĠai ressenti le besoin de lĠexplorer plus amplement, notamment travers ce
travail de recherche. DĠautre part, les sminaires suivis dans le cadre du
Diplme Universitaire Ç Stress et Traumatisme et Pathologies È mĠont
galement donn lĠoccasion de dcouvrir la clinique du trauma sous dĠautres
orientations.
Concernant lĠlaboration de ce travail, je me suis tout particulirement
intresse au phnomne de dissociation pritraumatique qui peut intervenir
lors ou au dcours dĠun vnement caractre traumatique. En effet, ce
phnomne, assez peu tudi, est dĠun grand intrt pour la clinique.
Plus prcisment, je me suis demand sĠil tait possible de rencontrer,
plus frquemment, des lments de dissociation pritraumatique chez certaines
structures de personnalit plutt que chez dĠautres. JĠai tent de rpondre
cette question partir de concepts thoriques de rfrences psychodynamique et
smiologique classique, que jĠai confronts avec mon tude exploratoire.
Concernant la dissociation, je suis partie des travaux de Bleuler que jĠai
complts par ceux dĠauteurs contemporains comme Birmes ou encore Marmar. A propos
de lĠtude de la personnalit, je me suis base sur le modle psychodynamique
de Bergeret.
JĠai fait lĠhypothse de lĠexistence dĠun lien entre la dissociation
pritraumatique et certaines caractristiques de la structure de personnalit.
Afin de mettre lĠpreuve cette hypothse, jĠai utilis une mthodologie
quantitative via lĠutilisation de trois questionnaires (le Questionnaire de
Stress Post-Traumatique, le Questionnaire sur les Expriences de Dissociation
Pri-traumatique, lĠInventaire de Dtresse Pri-traumatique).
JĠai complt ce dispositif par une valuation qualitative de la
personnalit, en utilisant un test projectif : le test de Rorschach.
Ensuite, jĠai procd un entretien diagnostique centr sur la dissociation,
selon le critre B de lĠEtat de Stress Aigu du DSM-IV (1996).
1.
Historique des
notions de trauma et de nvrose traumatique
a.
La notion de
trauma 1000 ans avant J-C. ?
Dj, 1000 ans avant J-C., dans Ç lĠIliade È, Homre dcrivait dans son rcit lgendaire, lĠeffroi et lĠangoisse des hommes au combat. En 450 avant J-C., Hrodote, dans son ouvrage intitul Ç Histoire È, livre VII, faisait dj part dĠobservations cliniques, notamment celle dĠun soldat devenu aveugle aprs avoir vu un de ses camarades tu prs de lui au combat. Il sĠagissait, en effet, dĠune hystrie de conversion suite ce choc motionnel, durant lequel ce soldat a pu entrevoir sa propre mort.
Vers 400 ans avant J-C., dans son Ç Trait des songes È, Hippocrate relatait dj des rves traumatiques ; il sĠagissait dĠindividus qui, dans leurs rves, croyaient se battre au combat.
En 40 avant J-C., dĠautres auteurs font part de rves traumatiques, tel Lucrce dans son ouvrage Ç De natura rerum È. Barrois (1998) prcise que Lucrce dcrivait dj ce que nous appelons aujourdĠhui Ç le syndrome de rptition È.
Les rves traumatiques sont encore mentionns en 1100 aprs J-C., notamment dans Ç La chanson de Roland È, ou encore quelques sicles plus tard, lĠpoque des guerres de religion. Nous pouvons donc noter que cette notion de trauma et de rves traumatiques, explicite dans des termes diffrents, existe depuis longtemps.
b.
La notion de
trauma au XVIIIme sicle : Philippe Pinel et autres auteurs
Lors de la Guerre de Scession (1861-1865) un mdecin aux armes, Weir Mitchell, parlait dĠhystrie post-motionnelle. Barrois (1998) prcise que Weir Mitchell avait distingu Ç des formes aigues de syndromes psycho-traumatiques È.
c.
LĠapparition
du concept de traumatisme et lĠide dĠinconscient psychique
Comme le prcise Crocq (2001), ce fut le psychiatre allemand Oppenheim qui, en 1888, introduisit le premier ce concept, notamment dans son ouvrage intitul Ç Les nvroses traumatiques È. Il relate diffrents cas de nvroses dues des accidents du travail ou encore de chemin de fer. Oppenheim fut le crateur de cette entit clinique. Il dcrivait, pour caractriser les malades atteints de ces nvroses, lĠeffroi quĠils avaient pu entrevoir et le fait quĠils taient omnubils par le souvenir de lĠaccident.
Kraepelin dans son Ç Introduction la psychiatrie clinique È (1900-1905), parlait aussi de nvrose traumatique, en prcisant que cette pathologie nĠtait le fait dĠaucune atteinte organique, et quĠelle prsentait toujours la mme srie de symptmes.
LĠanne 1889 fut trs marquante quant lĠintroduction du concept de traumatisme psychique. Janet notamment, dans sa thse intitule Ç LĠautomatisme psychologique È, dcrivait diffrents cas de nvroses dues un traumatisme psychique. En 1919, il explicita sa thorie de la nvrose traumatique dans un ouvrage intitul Ç Les mdications psychologiques È.
A la mme poque, Freud adoptait la conception du traumatisme de Janet, en terme de Ç dissociation du conscient È, dĠvnements traumatiques parasites qui agissent sur leur Ç rminiscence È la manire dĠun corps tranger encore intolrable longtemps aprs son intrusion È.
Puis, en 1895, Freud et Breuer dans Ç Etudes sur lĠhystrie È prcisent ce quĠils entendent par traumatisme, rminiscence et abraction libratoire. Pour Freud, le trauma reprsentait des affects dsagrables nĠayant pas pu tre abragis, que ce soit dans lĠimmdiat ou ultrieurement au trauma. Ensuite, en 1920, dans Ç Au-del du principe de plaisir È, Freud expose sa conception des nvroses traumatiques. Nous serons amene expliciter sa thorie ultrieurement.
d.
Les apports
sur le concept de trauma pendant et aprs les deux priodes de Guerre Mondiale
du XXme sicle
Durant les deux priodes de chaos que lĠEurope a traverses au XXme sicle, les psychanalystes de lĠpoque laborrent leurs thories du traumatisme. Ferenczi et Abraham notamment, laborrent en 1916-1918 leur thorie psychanalytique des nvroses de guerre. Simmel, en 1918, caractrisa la nvrose de guerre par le Ç changement dĠme È ou Ç lĠensevelissement de la personnalit È. Kardiner en 1941, eut une conception psychanalytique des nvroses de guerre proche de celle de Janet.
Aprs la seconde Guerre Mondiale, diffrentes tudes ont port sur les rpercussions long terme des nvroses de guerre. Il a souvent t not la persistance du syndrome de la nvrose de guerre, ou encore, lĠapparition de syndromes psycho-traumatiques tardifs. En particulier, aprs la guerre du Vietnam, beaucoup de soldats amricains eurent des difficults de rinsertion familiale et sociale et des changements durables de leur personnalit.
En 1980, dans la troisime rvision du systme nosographique amricain DSM III, apparut lĠtiquette diagnostique de Ç Post-Traumatic Stress Disorder È (PTSD). Le DSM, se voulant athorique, le terme de PTSD fut prfr celui de nvrose traumatique. Il est encore actuellement beaucoup usit dans les pays anglo-saxons. Les psychanalystes franais critiquent cette notion de PTSD qui ne prend en compte le tableau clinique de la nvrose traumatique que de faon partielle et descriptive.
De Clercq et Dubois (2001) voquent galement cette discordance entre lĠapproche francophone et anglo-saxonne du traumatisme psychique. Ces auteurs mettent lĠaccent sur le fait que cette approche ne tient pas compte de lĠimplication personnelle du sujet traumatis et de la faon dont a pu ragir le sujet lĠvnement traumatique.
CĠest pourquoi il est important de distinguer le
stress de lĠtat de choc traumatique. Le stress implique toutes modifications
et changements induisant chez lĠindividu une ncessit dĠadaptation. Selon
Selye (1936), le concepteur de cette notion, le stress peut avoir un effet
nuisible pour lĠhomme, mais il peut galement tre positif quand il nous permet
de mobiliser nos capacits, ou quĠil nous incite lĠaction. Le stress
correspond donc une raction de dfense de lĠorganisme contre une agression
extrieure.
Quant lĠtat de choc traumatique, il sĠagit dĠun tat de stress dit Ç dpass È. Le sujet, dans ce cas, nĠa pu mettre en Ïuvre des mcanismes dĠadaptation.
2.
Trauma et
traumatisme : dfinitions
Les diffrentes approches de la notion de traumatisme dmontrent dj, dĠun point de vue historique, toute lĠambiguit de cette notion.
Le trauma est donc caractris par une effraction de lĠappareil psychique d un surcrot dĠexcitation quĠil ne peut matriser, alors que le traumatisme concerne les consquences psychologiques engendres par cette effraction.
Laplanche et Pontalis (1967) dfinissent le trauma comme Ç un vnement de la vie du sujet qui se dfinit par son intensit, lĠincapacit o se trouve le sujet dĠy rpondre adquatement, le bouleversement et les effets pathognes durables quĠil provoque dans lĠorganisation psychique. En termes conomiques, le traumatisme se caractrise par un afflux dĠexcitations qui est excessif, relativement la tolrance du sujet et sa capacit de matriser et dĠlaborer psychiquement ces excitations È.
Il est important de prciser quĠil nĠexiste pas dĠvnements plus graves que dĠautres mais quĠil sĠagit plutt de prendre en compte la faon dont le sujet vit cet vnement. La manire dont le sujet vit un vnement dpend de son histoire. Crocq, Doutheau, Louville et Cremniter (1998) spcifient quĠil faut tenir compte des Ç rsonances personnelles È chez les individus, ayant vcu un vnement potentiellement traumatique. Pour ces auteurs, Ç la Ç vulnrabilit È dĠun sujet pour dvelopper un trauma dpend donc, dĠabord, de la conjoncture ; É la vulnrabilit va dpendre en second lieu de la Ç prdisposition È É du sujet se dcompenser È.
Si nous regardons la littrature plus ancienne, issue des thories psychanalytiques, nous pouvons constater que certains auteurs parlaient dj du phnomne de traumatisme psychique.
CĠest dans son essai
intitul Ç Au-del du principe de plaisir È que Freud (1920) labora
sa deuxime topique (a, moi, surmoi) et dveloppa le concept de compulsion de
rptition, ce qui lui permit de rendre compte des mcanismes mis en jeu dans
la nvrose traumatique.
Freud fait un parallle entre la nvrose traumatique et lĠhystrie. Freud dit quĠÇ il y auraitÉ fixation psychique du malade au traumatisme. Or ces fixations lĠvnement traumatique qui ont provoqu la maladie nous sont bien connuesÉen ce qui concerne lĠhystrie È.
Dans le cas de la nvrose
traumatique, peuvent sĠobserver une Ç souffrance subjective È, un
Ç affaiblissement et une dsorganisation trs prononcs de presque toutes
les fonctions psychiques È. Freud caractrise la nvrose traumatique par
deux traits dterminants : la frayeur et le fait quĠelle nĠait pas pour
cause une blessure ou une lsion. Pour lui, la frayeur Ç reprsente un
tat que provoque un danger actuel, auquel on nĠtait pas prpar : ce qui
la caractrise principalement, cĠest la surprise È. Dans le traumatisme,
il y a un dbordement dĠexcitations auquel le psychisme nĠarrive pas faire
face. Il y a donc rupture de la barrire de dfense et ceci est favoris par le
fait quĠil nĠy a pas de prparation au danger, dĠo cet tat dĠeffroi chez les
individus traumatiss : Ç nous appelons traumatiques les excitations
extrieures assez fortes pour rompre la barrire reprsente par le moyen de
protectionÉ gure possible de dfinir le traumatisme autrement que par ses
rapportsÉ avec un moyen de dfense, jadis efficace, contre les excitations È.
Freud prcise que la cure
psychanalytique est inefficace pour les nvross traumatiques parce que ceux-ci
rptent lĠidentique et de faon itrative ce quĠils ont vcu et ne font pas
de travail dĠlaboration psychique; ce qui lĠamne laborer le concept de compulsion
de rptition. Le but de la compulsion de rptition est de faire merger
un tat dĠangoisse capable dĠapprhender la reprsentation dĠun danger, ce qui
nĠa pas pu se faire lors de lĠvnement.
Dans la ligne de Freud et de Breuer, Ferenczi, dans son essai Ç Deux types de nvrose de guerre (Hystrie)È (1913-1919), montrait un lien entre les nvroses de guerre et les hystries de conversion. En effet, il a repr chez des soldats, tombs malades la suite de lĠexplosion dĠun obus prs dĠeux, des cas de tremblements, de raideurs ou encore de contractures de certains membres touchs lors du souffle de lĠexplosion : Ç Une hypothseÉquĠil sĠagit ici dĠun tat psychogne, de la fixation traumatique de lĠinvestissement psychique sur un ct du corps, cĠest--dire dĠhystrie È. Il ajoute certains Ç cas de nvrose de guerreÉdoivent tre considrsÉcomme des hystries de conversionÉle traumatisme est la consquence dĠun affect soudain (la peur) qui ne peut tre matris par le psychismeÉces patients ne sont pas encore revenus de leur effroi È. Enfin, Ferenczi conclut quĠil est galement justifi de considrer les nvroses de guerre Ç comme des hystries dĠangoisse È dans la mesure o les sujets traumatiss ragissent par Ç une production dĠangoisse È devant lĠventualit dĠune rptition de lĠvnement. Ces tats dĠangoisse diminuent ensuite via lĠvitement de toute situation ou action pouvant rappeler aux sujets lĠexprience traumatique.
CĠest dans son ouvrage Ç Confusion de langue entre les adultes et les enfants : le langage de la tendresse et de la passion È, que Ferenczi (1933) dveloppa sa conception du traumatisme.
Pour Ferenczi, le trauma est caractris par une incapacit verbaliser et non pas par une rapparition de souvenirs. Dans une citation issue du rapport prsent au Ve congrs international de psychanalyse de Budapest, du 28 Septembre 1918, Ferenczi (1919) rapporte que Ç le non-dit, le silence, qui transforment une exprience relationnelle, fut-elle dramatique, en une enclave morte-vivante, voue au secret dans la psych du patient È est ce qui fait le caractre traumatisant de lĠvnement vcu.
Enfin, dans son texte posthume Ç Rflexions sur le traumatisme È de 1934, Ferenczi prsentait une psychologie de la commotion psychique Ç comme vcu dĠeffondrement narcissique des sentiments dĠinvulnrabilit È, Ç le Ç choc È est quivalent lĠanantissement du sentiment de soi, de la capacit de rsister, dĠagir et de penser en vue de dfendre le Soi propre È. Contrairement Freud, il pense que cette commotion psychique se produit sans quĠil y ait eu de prparation et quĠelle a t prcde par le Ç sentiment dĠtre sr de soi È. Le sujet aura surestim sa propre force sans imaginer que cet vnement aurait pu lui arriver.
Pour Ferenczi, la consquence immdiate de chaque traumatisme est lĠangoisse dans la mesure o Ç elle consiste en un sentiment dĠincapacit sĠadapter la situation de dplaisir È.
3.
Tableau
clinique du traumatisme psychique
a.
les
rpercussions psychologiques
Trois rpercussions psychologiques peuvent apparatre
suite lĠvnement traumatique. Il sĠagit tout dĠabord dĠun sentiment de
menace interne, dĠo dcoule un tat dĠangoisse permanent. Lebigot (2001)
prcise que Ç le sujet ne se sentira en scurit nulle part È. A ceci
se mle la fin dĠune croyance, celle de se croire immortel, et laquelle
sĠajoute le fait que Ç la mort nĠest pas reprsente dans
lĠinconscient È. Les sujets disent galement que pour eux les choses ont
chang et ils ont Ç le sentiment dpressogne de Ç nĠtre plus comme
avant È È.
Il sĠagit aussi de sentiments de honte et dĠabandon.
Ces sujets ressentent une honte vis--vis de ce qui sĠest pass et de ce quĠils
ont vcu. Lebigot prcise que ce sentiment de honte sĠaccompagne souvent dĠun
vcu dĠabandon, cĠest--dire que Ç le langage, le monde des hommes
ont abandonn le sujetÉ la pulsion de mort È.
Enfin, un sentiment de culpabilit peut
apparatre, qui nĠest pas toujours conscient et souvent rationalis. Cette
culpabilit peut tre aggrave par dĠautres facteurs, comme par exemple, le
fait dĠavoir sauv sa vie lors dĠun attentat et de ne pas avoir port secours
aux autres personnes autour de soi, ou encore dĠtre lĠorigine de lĠaccident.
b.
les
rpercussions psychiatriques
Comme lĠexplicite Lebigot (2001), des effets
psychopathologiques nĠapparaissent pas toujours immdiatement, notamment dans
les cas de Ç stress adapt È, cĠest--dire dans des situations
o les individus auront pu mobiliser des ressources internes face au danger
externe. Il sĠagit plutt dĠun tat de tension anxieuse modre.
Cependant, mme si aucune rpercussion immdiate nĠa
pu tre repre, il nĠest pas rare de voir apparatre des troubles
ultrieurement.
Lorsque les rpercussions sont immdiates, les troubles psychiatriques induits par le trauma prennent diffrentes formes.
Il est possible de noter :
-
des tats anxieux, caractriss principalement par une angoisse intense qui submerge le
sujet suite lĠvnement ; il sĠagit alors de Ç stress
dpass È. Trois types de ractions peuvent alors tre observs :
agitation dsordonne, accompagne dĠune logorrhe ou de cris, voire de
hurlements ; inhibition psychomotrice, accompagne de sueurs, dĠune pleur
ou encore de troubles cognitifs (de lĠattention, de la mmoire, de la
concentration) ; tats conversifs (paralysies, troubles sensorielsÉ) ou
encore manifestations psychosomatiques aigues (ulcres gastro-duodnaux,
diabteÉ) ;
-
des syndromes
psycho-traumatiques prcoces. Trs
rapidement aprs lĠvnement, le syndrome de rptition envahit la conscience
du sujet et celui-ci peut rester dans un tat dĠeffroi pendant des heures,
voire des jours. Le sujet se retrouve donc dans un tat de sidration, et,
comme dtach du monde extrieur ;
-
des troubles
thymiques, tant donn que le
traumatisme psychique fait apparatre petit petit un tat dpressif. Plus
rarement, il est possible dĠobserver un pisode maniaque ou mlancolique suite
lĠvnement.
c.
les
rpercussions psychiatriques et psychosociales long terme
Comme le prcise De Clercq (2001), Ç tous les
traumatismes psychiques ne donnent pas lieu la constitution dĠune nvrose
traumatique structure et chronicise È. Il sĠagit plutt dĠun ventail de
cas possibles, qui peut aller des cas modrs des cas de nvroses
traumatiques chronicises.
De Clercq et Vermeiren (2001) prcisent que les
vnements exceptionnellement graves sont rares, et, quĠen majorit, les sujets
traumatiss psychiques correspondent aux victimes de catastrophes dites
microsociales (victimes dĠagression, dĠun hold-up, dĠun accident de la route,
É).
Les complications psychopathologiques et
psychologiques du traumatisme psychique peuvent se rsumer en six points :
-
un tat de stress
post-traumatique, caractris selon
le DSM IV (1996) par trois syndromes qui doivent persister plus dĠun
mois : un syndrome de rptition (cauchemars, flash-back, ou encore penses
envahissantes, lis lĠvnement) ; un syndrome dĠvitement (de tous
stimuli associs cet vnement) ; une hyperactivit neurovgtative;
-
des troubles anxieux peuvent apparatre dans les premires semaines qui
suivent le traumatisme et persister jusquĠ deux ans aprs celui-ci ;
-
des troubles
dpressifs apparaissent ds les dix
jours suivant le traumatisme, pour ensuite atteindre un niveau maximal pendant
le premier semestre suivant lĠvnement. Ces troubles peuvent encore se
poursuivre trois ans aprs lĠvnement ;
-
des modifications de
la personnalit comprennent des
sentiments de culpabilit, de colre comme moyen de se protger, des
difficults relationnelles entre la victime et son entourage ;
-
des troubles de la
conduite peuvent se caractriser par
une consommation abusive dĠalcool et/ou de tranquillisants afin dĠapaiser
lĠangoisse et de diminuer les troubles du sommeil, des comportements
dĠinadaptation sociale et des ides suicidaires.
4.
LĠvaluation
de lĠtat de stress post-traumatique
Le Questionnaire de Stress Post-Traumatique de Watson & coll., intitul Ç P.T.S.D-Interview È, permet une valuation des ventuels troubles post-traumatiques et de leur svrit chez les sujets. Dans le cadre de ce travail de recherche, nous avons opt pour la version adapte en franais du questionnaire de Watson & coll. de 1991. Cette version franaise, intitule Questionnaire de Stress Post-Traumatique (Q.S.T.P), a t traduite par Brunet en 1995. Cet instrument a t adapt en auto-questionnaire par Jehel en 1999.
Nous dtaillerons plus amplement ce questionnaire dans la partie mthodologique de notre travail.
Le phnomne de dissociation pri-traumatique nĠa pas
ou trs peu t tudi sous lĠangle psychodynamique. Nous donnerons donc une
approche psychopathologique de ce concept.
Dans sa monographie de 1911, le psychiatre suisse
Eugen Bleuler fut le premier introduire le terme de dissociation mentale,
quĠil considrait comme le trouble primaire fondamental de la schizophrnie. La
dissociation, au sein de la pathologie schizophrnique, peut donc tre dfinie
comme Ç une rupture de lĠunit psychique provoquant un relchement des
processus associatifs sur lesquels reposerait le fonctionnement mental È
(Postel, J., 1994).
1.
Dfinitions
Les ractions de dissociation pri-traumatique font
partie, quand elles surviennent, des premiers symptmes apparaissant aprs un
vnement traumatique. Cependant, il est possible dĠobserver, chez certains
patients prsentant un tat de stress post-traumatique, des symptmes
dissociatifs post-traumatiques qui peuvent perdurer plusieurs mois aprs
lĠvnement traumatique.
Jehel et Vermeiren (2001) dfinissent les symptmes
dissociatifs comme une Ç rduction de lĠtat de conscience, une
focalisation ou un moussement motionnel avec un sentiment de dtachement par
rapport lĠvnement È.
Birmes, Szultman et Schmitt (2002) caractrisent la dissociation pri-traumatique comme Ç des expriences de Ç d-liaison È brutale des grandes fonctions psychiques qui se retrouvent dissocies È. Ces expriences font part de lĠimportante Ç altration de la perception du temps, du lieu et de soi È.
Marmar, Weiss, Schlenger,
Fairbank, Jordan et al. (1996) ont voulu
dmontrer quel lien peut exister entre le traumatisme psychique et les
expriences dissociatives. Ils ont conclu, dans leur tude portant sur des
hommes vtrans du Vietnam, que plus la dissociation a t importante pendant
lĠexposition au stress traumatique, plus il y a des risques dĠobserver un haut niveau
dĠtat de stress post-traumatique, vingt ans aprs lĠvnement traumatique.
Enfin, les auteurs nous font part de leur questionnement quant au fait que la
dissociation pendant lĠvnement traumatique soit considre comme un facteur
de protection alors quĠelle semble tre galement un facteur de vulnrabilit.
Enfin, le DSM IV (1996) dfinit la symptomatologie dissociative pri-traumatique dans la section des Ç Troubles anxieux È, par le critre B de lĠEtat de Stress Aig. Ce critre prcise, que durant lĠvnement ou aprs avoir vcu lĠvnement perturbant, lĠindividu peut prsenter certains ou lĠensemble des symptmes dissociatifs suivants :
- un sentiment subjectif de torpeur, de dtachement ou une absence de ractivit motionnelle ;
- une rduction de la conscience de son environnement ;
- une impression de dralisation ;
- une impression de dpersonnalisation ;
- une amnsie dissociative.
2.
Les outils
dĠvaluation des symptmes de dissociation pri-traumatique
Il existe une valuation standardise des expriences dissociatives pri-traumatiques. Jehel et Vermeiren (2001) explicitent comment valuer ces expriences partir du Pritraumatic Dissociative Experience Scale de Marmar et Weiss de 1997 (PDEQ).
La version franaise traduite et adapte par Brunet et
Routhier en 1999 sĠappelle le Questionnaire sur les Expriences de Dissociation
Pri-traumatique (QEDP).
LĠInventaire de Dtresse Pri-traumatique (Peritraumatic Distress Inventory) labor par Brunet et al. en 2001 permet de mesurer le niveau de dtresse ressentie pendant un vnement traumatique. Cet inventaire se prsente sous la forme dĠun auto-questionnaire.
Nous dtaillerons plus amplement ces questionnaires dans
la partie mthodologique de notre travail.
Comme nous venons de le prciser, la dissociation pri-traumatique peut se dfinir par une Ç rupture immdiate ou post-immdiate de lĠunit psychique È (Brunet, Birmes 2002). Cette rupture doit se comprendre comme une altration de la conscience de soi, suite un choc psychique. Cette dissociation, qui intervient suite une exprience traumatique, est donc rapprocher de la dissociation que lĠon peut rencontrer dans la psychose schizophrnique, au sens de Bleuler, comme nous lĠavons dfinie ci-dessus.
Cependant, afin de les diffrencier, il nous faut prendre en compte le contexte dans lequel peut apparatre la dissociation (y-a-t-il eu un vnement dclenchant ?), lĠassociation ventuelle dĠautres symptmes et la structure psychique du sujet. En effet, lĠpisode de dissociation qui fait suite un traumatisme psychique est provoqu par cet vnement et nĠest donc pas considrer de la mme faon que la dissociation dans la psychose.
Cependant, il est possible de se demander, si, chez certains sujets de structure psychotique, lĠapparition dĠune dissociation pri-traumatique, qui perdurerait dans le temps, ne serait pas plutt le signe dĠune dcompensation psychotique sur un mode schizophrnique.
Nous avons trouv peu dĠlments nous permettant de
confirmer ou dĠinfirmer cette hypothse. Cependant, certains auteurs font tat
dĠune telle ventualit. Lebigot (2001) parle notamment de dclenchements
psychotiques comme rpercussions psychiatriques immdiates ou long terme du
psycho-traumatisme. Selon lui, chez
les sujets de structure psychotique, le trauma pourrait faire apparatre une
psychose chronique, schizophrnique ou paranoaque.
Crocq (1992) met en doute la possibilit dĠun
Ç tat psychotique ractionnel dfinitif ou chronique È. Selon lui,
il sĠagirait plutt de Ç psychoses endognes dont lĠclosion a t
seulement facilite par une conjoncture psycho-traumatisante È. Enfin, il
considre comme rares les tats psychotiques chroniques dtermins par une
Ç tiopathognie psycho-traumatique È.
Il est donc important, dans un objectif diagnostique,
de dfinir la dissociation que lĠon peut rencontrer dans la psychose
schizophrnique afin de pouvoir la diffrencier de lĠtat de dissociation
pri-traumatique. Le DSM IV (1996) regroupe la schizophrnie dans la rubrique
intitule Ç Schizophrnie et Autres Troubles psychotiques È.
Les symptmes caractristiques de la schizophrnie,
prendre en compte selon le type de schizophrnie, sont les suivants :
-
des ides dlirantes ;
-
des
hallucinations ;
-
un discours
dsorganis ;
-
un comportement
dsorganis ou catatonique ;
-
des symptmes ngatifs
(moussement affectif, alogie ou encore perte de volont).
Ces symptmes sĠaccompagnent dĠun dysfonctionnement
social des activits depuis le dbut des perturbations. Ces signes de
perturbation doivent durer pendant au moins six mois afin de pouvoir confirmer
le diagnostic de schizophrnie.
Le DSM IV (1996) classe la schizophrnie en cinq
sous-types :
-
type paranode (le
dlire est au premier plan) ;
-
type dsorganis (la
dsorganisation est au premier plan) ;
-
type catatonique ;
-
type
indiffrenci ;
-
type rsiduel
(persistance des symptmes ngatifs).
Enfin, dĠun point de vue psychopathologique, Hanus
(1984) voque deux lments essentiels permettant de dfinir la psychose :
lĠaltration du sens de la ralit et le dsintrt pour la ralit extrieure.
Il nous faut de nouveau prciser que la dissociation
pri-traumatique peut galement altrer la prise de conscience de soi ou de son
corps.
Avant dĠexposer les raisons qui nous font choisir,
dans le cadre de cette recherche, le modle psychologique dynamique de la
personnalit, il nous faut, au pralable, rpertorier les diffrents modles
existants. Les rfrences thoriques que nous allons citer sont extraites de
lĠouvrage de Fline, Guelfi et Hardy (2002) intitul Ç Personnalit et
troubles de la personnalit È.
Nous pouvons, tout dĠabord, donner quelques
dfinitions de la notion de personnalit. Reuchlin la dfinit comme une
Ç caractristique relativement stable et gnrale de la manire dĠtre
dĠune personne dans sa faon de ragir aux situations dans lesquelles elle se
trouve È (Dictionnaire de la Psychologie Larousse, 1994). Hanus (1984)
prcise que la personnalit correspond Ç lĠindividualit propre de tel
sujet non seulement dans les relations socialesÉ mais galement dans son
univers intrieur È.
Guelfi (2002) rpertorie quatre types dĠapproche de la
notion de personnalit que nous allons dvelopper :
-
les thories
no-bhavioristes ;
-
les thories
cognitives ;
-
les thories sociales et
culturelles ;
-
les thories
psychodynamiques.
1.
Les thories
no-bhavioristes
Ce courant est issu des thories expliquant les
phnomnes psychologiques en termes de stimulus et de rponse :
Ç lĠorganisme ragit aux stimulations extrieures en fonction des lois du
conditionnement È.
Les thories no-bhavioristes reposent elles-mmes
sur trois thories : la rflexologie de Pavlov, le bhaviorisme de Watson
et la thorie de lĠapprentissage de Thorndike. Il sĠagit de processus
dĠapprentissage o lĠenvironnement a un rle structurant. Enfin, ces thories
se rfrent une approche typologique de la personnalit.
2.
Les thories
cognitives
Les thories cognitives de la personnalit sont bases
sur le modle des reprsentations cognitives, qui dsigne Ç les
constructions hypothtiques formes par le sujet sur les objets physiques et
sociaux de lĠenvironnement È.
Ce modle utilise des Ç grilles-rpertoires È
permettant une Ç analyse des reprsentations de soi et dĠautrui È. Les
dimensions cognitives de la personnalit ont t dfinies grce
Ç lĠtude de la variabilit interindividuelle dans les processus de
perception, de catgorisation et de dcision È.
3.
Les thories
sociales et culturelles
Cette approche de la personnalit considre
lĠenvironnement social et culturel comme un Ç facteur prpondrant de
lĠorganisation psychologique individuelle È.
Parmi les auteurs de cette approche, certains, comme
Erikson, ont propos une thorie de la personnalit qui Ç respecte la
conception freudienne de la sexualit infantile tout en prenant en
considrationÉ le moule plus vaste du monde social È. Sa thorie est base sur la notion
dĠidentit qui comprend Ç le sentiment de sa propre existence, de sa
valeur et de son appartenance sociale È.
4.
Les thories
psychodynamiques
La psychologie dynamique, issue des travaux de Freud,
offre une Ç analyse structurale È de la personnalit. Les thories
psychodynamiques font donc rfrence la thorie psychanalytique qui fait
Ç de lĠindividu un lieu o sĠexercent diffrentes forces, souvent
contradictoires, dont la rsultante est lĠtat dĠquilibre de
lĠorganisme È. Cet quilibre peut tre rompu par les pulsions qui engendrent
un tat de tension puis de dplaisir pour le sujet. La personnalit va se
structurer partir de la Ç rsolution des conflits
successifs È ncessitant des compromis.
Ce point
de vue structural de la personnalit sĠexplique par les diffrentes tapes de
la thorie freudienne que sont la premire et la deuxime topique. En effet,
dans sa premire topique, Freud opposait le systme Prconscient-Conscient au
systme Inconscient. Puis, dans sa deuxime topique, il mentionne lĠinteraction
dynamique de trois instances que sont le a (ple pulsionnel de la
personnalit, qui fonctionne selon le principe de plaisir), le moi (instance
centrale de la personnalit, qui fonctionne selon le principe de ralit), et
le surmoi (qui reprsente lĠintgration des exigences et des interdits
parentaux). LĠquilibre de la personnalit du sujet est donc dpendant de la
Ç rpartition correcte de cette nergie È entre ces trois instances
psychiques.
Enfin, Freud prcise que le moi a recours des mcanismes de dfense inconscients afin dĠÇ viter lĠangoisse engendre par les diffrents conflits auxquels il est confront È. Ces mcanismes se jouent donc entre le moi et les revendications pulsionnelles.
Pour Bergeret (1974), il existe deux grands types de
structures : nvrotique et psychotique. SĠy ajoute ce quĠil dnomme les
Ç astructurations È ou encore Ç les organisations
tats-limites È, dotes dĠun quilibre fragile et mal amnages. Bergeret estime que ces dernires, tant Ç moins
solidement organises È, ne peuvent constituer une structure.
Pour lĠauteur, la structure correspond la base
dĠamnagement stable et dfinitif, ce qui est considr comme la partie la
moins mergeante chez le sujet. Il dfinit le caractre comme
Ç lĠmanation mme de la structure profonde dans la vie
relationnelle È et comme Ç tmoignage visible de la structure de base
de la personnalit È, cĠest--dire le fonctionnement manifeste et
non-morbide de la structure. Enfin, il qualifie les symptmes de
Ç manifestations relationnelles È dĠune structure Ç en tat de
dcompensation È.
Dans ce travail de recherche, nous privilgierons donc lĠapproche psychodynamique de la personnalit. Cette orientation sĠexplique dĠune part, par notre choix dĠtudier la personnalit en faisant rfrence notamment un cadre thorique psychodynamique; dĠautre part, par lĠutilisation dĠune mthodologie base, entre autres, sur un test projectif, le Rorschach, afin dĠapprhender la personnalit de nos sujets.
CĠest pourquoi nous ne chercherons pas mesurer des
traits de personnalit, ni encore dfinir une typologie en rfrence aux
thories no-bhavioristes.
Dans ce chapitre, nous ferons principalement rfrence
lĠapproche mtapsychologique de Bergeret (1974) concernant la notion de
structure de la personnalit. Nous nous rfrerons galement ponctuellement
lĠapproche smiologique classique du DSM IV (1996).
Comme nous lĠavons dj prcis, Bergeret (1974) parle de structure de la personnalit en se basant sur la position freudienne. Il rappelle comment Freud dans ses Ç Nouvelles confrences È de 1932 voque la notion de structure mentale comme un Ç bloc minral sous forme cristallise È. Freud comparait la structure mentale de lĠindividu un corps cristallis form de Ç microcristallisations invisibles, runies entre elles pour former le corps total selon des lignes de clivage È.
Puis, Freud tablit un parallle entre la possible dcompensation dĠun sujet et le corps cristallis qui peut se briser selon Ç les lignes de clivage pr-tablies lĠtat dĠquilibre È qui taient jusque-l invisibles. CĠest pourquoi, selon Freud, comme lĠexplicite Bergeret, il nĠest pas possible de passer dĠun mode de structuration un autre Ç une fois quĠun Moi spcifique est organis dans un sens ou dans lĠautre È. Bergeret ajoute quĠun sujet qui Ç tombe malade È ne pourra dcompenser que selon Ç des lignes de forces et de ruptures pr-tablies dans lĠenfance ou dans lĠadolescence È. Ainsi Bergeret parle de Ç structures psychologiques stables È pour qualifier les lignes nvrotiques et psychotiques ; cĠest--dire quĠune structure de base, par exemple nvrotique, ne pourra Ç donner naissance quĠ une nvrose È.
Bergeret dfinit donc la notion de structure comme Ç ce qui, dans un tat psychique morbide ou non, se trouve constitu par les lments mtapsychologiques profonds et fondamentaux de la personnalit fixs en un assemblage stable et dfinitif È.
Enfin, les critres de classification de Bergeret sont
centrs sur quatre facteurs :
-
la nature de lĠangoisse
latente ;
-
le mode de relation
dĠobjet ;
-
les mcanismes de
dfense principaux ;
-
le mode dĠexpression
habituelle du symptme.
1.
La ligne
structurelle nvrotique
La nvrose peut se dfinir comme Ç une maladie
mentale dont le sujet reste douloureusement conscient et qui, malgr les
troubles permanents de la personnalit quĠelle peut entraner, nĠen affecte pas
profondment les fonctions essentielles È (Postel, 1994).
Au sein de la ligne structurelle nvrotique se
trouvent diffrentes structures : obsessionnelle, hystrique dĠangoisse
(ou nvrose phobique) et hystrique de conversion.
Selon Bergeret (1974), cette ligne peut tout dĠabord
tre caractrise par une organisation de la personnalit Ç sous le primat
du gnital È. La relation dĠobjet nvrotique sĠeffectue sur un mode
gnital et objectal, cĠest--dire que Ç lĠobjet existe en tant que tel et
est recherch dans ce sens È.
Rappelons que, pour Bergeret, la nvrose reprsente
une structure stable, caractrise par certains mcanismes de dfense (comme,
entre autres, le refoulement), qui ne peut dcompenser que sur le mode de la
nvrose. Par consquent, selon cette conception, il semble moins probable de
rencontrer des signes de dissociation pri-traumatiques chez les sujets de
structure nvrotique, ces signes appartenant surtout la ligne structurelle
psychotique. Cependant, rappelons comment Janet, en 1889, parlait de
Ç dsagrgation È afin de qualifier les processus de dsintgration
provisoires de lĠactivit psychique qui peuvent se manifester dans
lĠhystrie ; Ç dsagrgation È quĠil montrait comme tant
lĠorigine du ddoublement de la personnalit si frquent chez les hystriques
(Postel, 1994).
2.
La ligne
structurelle psychotique
Hanus (1984) dfinit la psychose comme Ç une
organisation particulire de la personnalit, une structure psychologique dont
lĠlment essentiel est un trouble de lĠidentitÉune perturbation de la prise
de conscience de soi È.
Au sein de ligne structurelle psychotique se trouvent
diffrentes structures : schizophrnique, paranoaque et mlancolique.
Bergeret (1974) situe le point de dpart de la ligne
structurelle psychotique Ç au niveau des frustrations trs
prcoces È. LĠauteur parle dĠune impossibilit pour lĠenfant dĠtre
considr comme objet distinct de la Ç mre sujet ÈÉ le Moi nĠest
jamais complet È. Le Moi est en effet dĠemble morcel. Cela explique
pourquoi lĠangoisse du psychotique nĠest pas centre sur la castration
gnitale, ni sur la perte dĠobjet mais sur le morcellement.
Il est donc possible de noter lĠutilisation, entre
autres, du mcanisme de clivage chez les sujets psychotiques. Le clivage du moi
correspond prcisment la Ç coexistence, au sein du moi, de deux
jugements contradictoires relativement la ralit extrieure È (Lecuyer,
1994). Ce mcanisme est en effet insparable du dni de la ralit, autre
dfense que lĠon peut relever chez ces sujets.
Nous pouvons donc penser, selon la conception de
Bergeret, quĠil est fort probable dĠobserver des lments dissociatifs, chez
les sujets de structure psychotique, lĠoccasion dĠvnements caractre
traumatique. DĠailleurs, il est frquent de rencontrer des signes de
dissociation svres, prcisment au sein de la pathologie schizophrnique, en
relation avec une altration de la conscience de soi.
3.
Les
actructurations ou organisations tats-limites
Le DSM IV (1996) dfinit la personnalit limite ou
borderline comme Ç un mode gnral dĠinstabilit des relations
interpersonnelles, de lĠimage de soi et des affects avec une impulsivit
marque, qui apparat au dbut de lĠge adulte et est prsent dans des
contextes divers È. Cette personnalit peut tmoigner de diffrentes
manifestations :
-
des efforts effrns
pour viter les abandons rels ou imagins ;
-
un mode de relations
interpersonnelles instables et intenses ;
-
une perturbation de
lĠidentit (instabilit marque et persistante de lĠimage ou de la notion
de soi) ;
-
une impulsivit dans au
moins deux domaines potentiellement dommageables pour le sujet (dpenses,
sexualit, crises de boulimieÉ) ;
-
la rptition de
comportements, de gestes ou de menaces suicidaires, ou
dĠauto-mutilations ;
-
une instabilit
affective due une ractivit marque de lĠhumeur ;
-
des sentiments
chroniques de vide ;
-
des colres intenses et
inappropries ou des difficult contrler sa colre ;
-
la survenue transitoire
dans des situations de stress dĠune idalisation perscutoire ou de symptmes
dissociatifs svres.
Pour Bergeret (1974), lĠorganisation limite est une
Ç maladie du narcissisme È o la relation dĠobjet est reste
Ç centre sur la dpendance anaclitique lĠgard de lĠautre È. La
nature de lĠangoisse des sujets limites est donc celle de la perte dĠobjet. Ces
sujets luttent contre la dpression Ç par perte dĠobjet È. Il
utilisent notamment le mcanisme de clivage ( ne pas prendre au sens dĠun
Ç clivage du Moi li lĠclatement È) mais comme un Ç clivage
des reprsentations objectales È afin de lutter contre cette angoisse de
perte dĠobjet. Ce mcanisme, chez les patients tats-limites, est en effet
moins intense et radical que chez les sujets de structure psychotique.
Selon la conception de Bergeret, les sujets tats-limites, nĠayant pas une structure stable, et prsentant quelques mcanismes de dfense (notamment le clivage et le dni) analogues ceux des sujets de structure psychotique, peuvent galement prsenter des tats dissociatifs transitoires. CĠest pourquoi, nous pouvons penser que ces sujets sont mme de manifester un tat dissociatif lĠoccasion dĠvnements caractre traumatique.
Mthodologie
Suite au dveloppement
thorique concernant les notions de traumatisme psychique, de dissociation
pri-traumatique, ainsi que les diffrents modles de la personnalit, nous
nous demandons :
¤ pourquoi certains sujets prsentent une dissociation pri-traumatique lors ou au dcours dĠun vnement caractre traumatique ;
¤ en quoi, il nous serait possible de rencontrer, de manire plus frquente, des lments de dissociation pri-traumatique, chez certaines structures de personnalit plutt que chez dĠautres.
Pour rpondre ces questions, nous nous rfrerons la smiologique classique ainsi quĠ des lments thoriques de rfrence psychodynamique, que nous confronterons avec notre tude exploratoire.
Nous avons fait lĠhypothse de lĠexistence dĠun lien entre la dissociation pri-traumatique et les caractristiques de la structure de la personnalit.
Nous avons rencontr quatre patients, entre les mois
dĠAvril et Juillet 2003, dans le cadre dĠune consultation spcialise en
psychotraumatisme.
Nous avons prsent notre demande aux sujets lĠissue dĠun entretien psychothrapique hebdomadaire.
Il nous faut prciser que nous nĠavons pas eu lĠautorisation de faire venir les sujets en dehors du cadre dĠune consultation. CĠest pourquoi, nous les avons toujours rencontrs au pralable ou lĠissue dĠun entretien psychothrapique.
Avant dĠentamer toute investigation, nous avons
demand leur accord aux sujets. Nous leur avons assur lĠanonymat et la
confidentialit des informations fournies lors de la recherche.
Notre terrain de recherche se situait dans un grand
hpital parisien de lĠAssistance Publique, au sein dĠune unit de psychiatrie.
1.
LĠentretien
directif vise diagnostique
Nous avons utilis ce type dĠentretien afin de dterminer si les sujets ont prsent des symptmes dissociatifs durant ou au dcours de lĠvnement traumatique.
Pour ce faire, nous nous sommes bass sur le critre B de
lĠEtat de Stress Aig du DSM IV (1996). Selon ce critre, le sujet doit
prsenter au moins trois des symptmes dissociatifs suivants :
- Un sentiment subjectif de torpeur, de dtachement ou dĠabsence de ractivit motionnelle ;
- Une rduction de la conscience de son environnement ;
- Une impression de dralisation ;
- Une impression de dpersonnalisation ;
- Une amnsie dissociative.
Pour mener cet entretien, nous avons utilis une grille que nous avons labore nous-mmes (cf. la grille dĠentretien en annexe 1), qui reprend donc les thmes cits ci-dessus.
Enfin, nous avons souhait vrifier si nos sujets
prsentaient dj des lments dissociatifs avant lĠvnement traumatique. A
cette fin, nous avons introduit deux questions supplmentaires notre grille
dĠentretien (questions 7 8).
2.
Le test de
Rorschach
Ce test projectif a t labor par le psychiatre
zurichois Hermann Rorschach en 1921. Il est bas sur un matriel non-figuratif,
compos de dix planches reprsentant chacune une tache dĠencre symtrique
obtenue par pliage. Parmi ces dix taches : cinq sont noires, deux sont
noire et rouge et trois sont de couleur pastel.
Les modalits de passation se font en deux temps. Dans
un premier temps, il sĠagit de demander au sujet quoi lui fait penser chaque
planche selon la consigne suivante : Ç Je vais vous montrer dix
planches et vous me direz ce quoi elles vous font penser, ce que vous pouvez
imaginer partir de ces planches È (Chabert, 1998). Durant la passation,
le clinicien doit noter lĠintgralit des rponses du sujet, ainsi que les
silences et les mimiques.
Dans un deuxime temps, nous proposons au sujet de
regarder nouveau les dix planches afin dĠobtenir des prcisions quant aux
premires rponses, afin de permettre la cotation du matriel. Enfin, nous
demandons au sujet quelles sont les deux planches quĠil a le moins aimes, et
les deux quĠil a le plus aimes (les choix Ç plus È et
Ç moins È).
Ensuite, nous procdons lĠanalyse clinique du
discours du sujet, complte par les lments obtenus au psychogramme (calcul
des cotations par pourcentages).
LĠintrt de cet outil est de reprer des lments non
reprables uniquement lors dĠun entretien clinique. Il permet dĠobtenir un
diagnostic, ou, tout du moins, une hypothse diagnostique en terme de mode de
fonctionnement psychique dĠun point de vue qualitatif, cĠest--dire un reprage
des mcanismes de dfense, de la nature de lĠangoisse et des ressources
cognitives.
Deux dimensions fondamentales manent du
matriel : une dite Ç structurale È qui rfre la construction
formelle des taches (compacte, bilatrale, ferme, ouverte), une dite
Ç sensorielle È lie la couleur des planches. Selon Chabert (1998),
ces deux dimensions servent de base la mthode dĠanalyse puisque Ç lĠapprhension
de lĠorganisation formelle est considre comme relevant dĠune approche
perceptive-cognitive, sous-jacente aux processus de pense et que la
sensibilit aux couleurs est empiriquement associe aux sensations, aux
affects, bref ce qui sĠprouve È.
Le matriel verbal obtenu rend compte dĠun
Ç travail de figuration qui permet de passer de la tache dĠencre la
reprsentationÉces mots-images peuvent tre centrs sur des thmes spcifiques
dont ils seraient les traducteurs, tmoins des proccupations du sujet, de ses
souffrances, de ses luttent, de ses plaisirsÉ È (Chabert, 1998).
Enfin, cet outil est dĠune grande finesse, sa
sensibilit, sa fidlit et sa validit tant rgulirement confirmes et
prcises (Chabert, 1998).
Il nous faut prciser que la passation de ce test,
dans le cadre dĠune recherche en psychologie clinique engendre une situation
relationnelle plus complexe, que nous devons prendre en compte. En effet, les
sujets ne sont pas ouvertement demandeurs tant donn que nous leur proposons
de participer une recherche. De plus, leurs motivations sont aussi plus
particulires, comme par exemple la curiosit, le dsir de comprendre ou encore
le sentiment dĠobligation lorsque la passation suit un traitement clinique.
3.
Le
Questionnaire de Stress Post-Traumatique
Afin dĠvaluer les troubles post-traumatiques et leur svrit chez les sujets, nous avons opt pour la version adapte en franais du questionnaire de Watson & coll. en 1991 intitul Ç P.T.S.D-Interview È. Cette version franaise, intitule Questionnaire de Stress Post-Traumatique (Q.S.T.P), a t traduite par Brunet en 1995. Cet instrument a t adapt en auto-questionnaire par Jehel en 1999.
Ce questionnaire comporte 25 items rpartis en diffrentes parties permettant dĠvaluer les thmes suivants :
- la nature de lĠvnement ;
- la rptition de lĠvnement ;
- lĠvitement et les rpercussions motionnelles ;
- les rpercussions psychophysiologiques ;
- lĠintensit de la gne et des symptmes ;
- la date dĠapparition des premiers symptmes.
Jehel et Vermeiren (2001) prcisent que lĠvaluation de symptmes dĠE.S.P.T est base sur les critres et les consignes du DSM III-R. Ce questionnaire prcise galement si lĠEtat de Stress Post-Traumatique est actuel ou pass.
Ce questionnaire est bas sur une valuation de type chelle de Likert, en 7 niveaux de cotation allant de Ç non/ jamais È (1) Ç extrmement/ toujours È (7).
Le score global de svrit des troubles dĠE.S.P.T est de 119, et le score seuil, o nous pouvons considrer que cĠest pathologique, va de 51 68. Le score global sĠobtient par la somme de chaque item. Cet outil est trs usit en raison de sa facilit dĠutilisation.
Les qualits psychomtriques du questionnaire ont t vrifies en anglais et en franais. Comme le prcise Duchet (2001), la validit de cet outil a t confirme ; les scores ont t corrls avec le Diagnostic Interview Schedule en 1985 et lĠchelle P.T.S.D du MMPI par Keane en 1984. Duchet ajoute que la bonne fidlit des critres du questionnaire de Watson a t galement confirme sur des chantillons ayant subi divers vnements traumatiques, ceci travers les divers articles suivants : en 1991 et en 1994, par Watson et al. ; en 1995, par Marusic, Kozaric, Folnegovic et al. ; en 1995, par Sydor.
4.
Le
Questionnaire sur les Expriences de Dissociation Pri-Traumatique
Le questionnaire sur les expriences de dissociation pri-traumatique (PDEQ) a t construit par Marmar et al. en 1994, puis traduit par Brunet et al. en 1999. Selon Jehel (2002), ce questionnaire permet Ç une mesure rtrospective de la perception de dissociation durant et immdiatement aprs un vnement menaant È. Il ajoute que cette dimension recouvre Ç la perception de dpersonnalisation, de dralisation, de changement corporel ou dĠaltration de la notion du temps È.
Ce questionnaire comporte 10 items, bas sur une valuation de type chelle de Likert, en 5 niveaux de cotation allant de Ç pas du tout vrai È (1) Ç extrmement vrai È (5). Il se prsente sous la forme dĠun auto-questionnaire.
Le score global de svrit des troubles dissociatifs est de 50, et sĠobtient par la somme de chaque item.
Enfin, Jehel (2002) prcise que Marmar et al. ont vrifi les qualits psychomtriques de cette mesure, Ç qui a confirm sa pertinence comme mesure prdictive de lĠEtat de Stress Post-Traumatique È.
5.
LĠinventaire
de Dtresse Pri-Traumatique
LĠInventaire de Dtresse Pri-traumatique (Peritraumatic Distress Inventory) a t labor par Brunet et al. en 2001, et traduit par Jehel et al. en 2002. Ce questionnaire permet de mesurer le niveau de dtresse ressenti pendant un vnement traumatique.
Ce questionnaire comporte 13 items, bas sur une valuation de type chelle de Likert, en 4 niveaux de cotation allant de Ç pas du tout vrai È (0) Ç extrmement vrai È (4). Il se prsente sous la forme dĠun auto-questionnaire.
Le score global est de 52, et sĠobtient par la somme de chaque item.
Jehel (2002) prcise que Ç les qualits psychomtriques de cet outil permettent de dvelopper son utilisation et ses qualits prdictives pourraient tre explores dans des tudes prospectives È.
1.
Taille de
lĠchantillon
Notre chantillon se composait de quatre sujets,
gs de 32 51 ans :
-
trois hommes ;
-
une femme.
2.
Critres
dĠinclusion
- Les sujets ont t confronts un vnement traumatique ;
- Les sujets ont prsent un tat de dissociation pri-traumatique au dcours de lĠvnement traumatique ou le prsentent encore ;
- Les sujets sont gs de plus de dix-huit ans ;
- Les sujets savent lire et crire la langue franaise.
3.
Critres
dĠexclusion
- Les sujets qui prsentent un tat de dissociation pri-traumatique trop important ne leur permettant pas de pouvoir rpondre adquatement au protocole de recherche ;
- Les sujets qui ont subi un traumatisme crnien avec perte de connaissance prolonge.
Partie Rsultats & Discussion
1.
Monsieur A
¤
Prsentation du sujet :
Monsieur A est un homme g de 38 ans, dĠorigine
algrienne. Il est clibataire et vit en France depuis un an ; il a choisi
de quitter son pays dans lequel il se sentait menac. Ses parents sont dcds
de mort naturelle (en 1988 et 1992) et le reste de sa famille (fratrie de neuf
enfants dont il est le benjamin) est rest en Algrie. Monsieur A occupait un
emploi de photographe pour un quotidien national en Algrie. AujourdĠhui, il
est sans profession. Il nĠa pas de domicile fixe.
En dpit de sa situation sociale, Monsieur A fait des
efforts de prsentation : il se rase et fait attention sa tenue
vestimentaire quand il se prsente en consultation. Monsieur A parat nettement
plus g que son ge, les traits de son visage tant assez marqus.
Monsieur A nous a t adress en raison de symptmes post-traumatiques persistants. Il nous dit avoir subi des pressions psychologiques et des menaces de la part dĠindividus en Algrie. Les premiers vnements remonteraient aux annes 1995-1996, partir desquelles il sĠest senti menac. Il dit aussi avoir t suivi et que la maison familiale aurait t visite par ces individus. Il dit enfin avoir vu mourir des amis photographes, journalistes ou crivains et relate galement quelques scnes o des enfants auraient t tus.
Sur le plan psychopathologique, Monsieur A ne nous a fait part dĠaucun antcdent psychiatrique. Cependant, il dit Ç tre diffrent È et Ç ne pas se reconnatre È depuis les vnements ; il nous a uniquement fait part dĠun changement de sa personnalit.
Actuellement, Monsieur A prsente un Etat de Stress
Post-Traumatique incomplet : un syndrome de rptition (cauchemars, flash-back qui tendent
diminuer) ; un syndrome dĠvitement (un vitement des contacts, repli social). En revanche, aucune raction
neuro-vgtative nĠa t constate, lĠheure actuelle, ni priori, aux
dcours des vnements. Suite aux vnements, le patient a manifest une
hypervigilance.
Monsieur A prsente galement une srie de troubles
associs lĠEtat de Stress Post-Traumatique incomplet : des troubles
psychiques , cĠest--dire un
tat de dissociation post-traumatique (un sentiment de perte de contrle
de ses actes), un sentiment de perte dĠidentit (Ç comme si quelquĠun
me comprimait È, Ç je me sens ligot È, Ç parfois je mange
beaucoup, jĠoublie que jĠai mangÉje ne sens pas que je mange È), une
anesthsie affective (Ç je parle toujours lĠintrieur de moi È, il dit ne pas arriver tre triste, pleurer), un
dtachement du monde ; des troubles somatiques (des maux de tte : Ç comme une
pression È) qui sont moins
importants lĠheure actuelle; des troubles psychomoteurs (un moussement de la ractivit gnrale) ; des
troubles de la personnalit
(une perte dĠidentit, une confusion, un sentiment de perscution) qui sont
toujours prgnants.
¤
Analyse des
protocoles
LĠanalyse du test de Rorschach montre un protocole franchement pathologique sur un mode dlirant. Celui-ci nĠa dĠailleurs pu tre cot. Monsieur A nĠa pu mettre aucune distance avec le matriel (Ç quelquĠun qui essaye de me faire peur È). Il a t extrmement ractif aux planches.
La thmatique est trs morbide, laissant apparatre une angoisse de perscution (Ç ils sont contents de faire la violence È, Ç ils sont en train de torturer È, Ç quelquĠun qui me barre la route È), et des angoisses de morcellement (Ç comme sĠil y a un clatement È, Ç des jambes spares du corps È, Ç la tte clatait È), qui dnotent notamment sa reprsentation partielle et dtriore du corps. Monsieur A vit les relations comme perscutoires et dangereuses.
Nous avons pu observer un vcu des scnes traumatiques chaque planche, durant lequel il tait en prise avec un monde interne violent et effract. Il a t envahi par la projection et lĠon a pu noter une absence totale de refoulement. Monsieur A a trait toutes les planches de la mme faon, dmontrant une absence de sensibilit la diffrence de matriel et un dni de la ralit. LĠabsence de banalit dmontre chez lui une mauvaise qualit perceptive.
Il nous faut prciser que, durant la passation, Monsieur A avait le visage en sueur, trs crisp et angoiss. Il ragissait peine ma prsence. Enfin, la question des choix positifs et ngatifs est reste sans rponse, Monsieur A nĠayant pu uniquement me dire que ce test lui a fait peur.
Etant donn le caractre trs pathologique de lĠensemble des productions, notamment lĠomniprsence dĠangoisses dissociatives, nous pouvons conclure un diagnostic de schizophrnie. En effet, Monsieur A ne semble pas avoir prsent quĠun simple pisode psychotique post-traumatique. La chronicisation des troubles post-traumatiques et la persistance dĠun syndrome dissociatif va dans le sens dĠune schizophrnie.
Ainsi, nous pouvons galement faire lĠhypothse que Monsieur A possdait dj une structure psychotique prexistante qui a dcompens lĠoccasion des vnements traumatiques. Crocq (1992) met dĠailleurs lĠhypothse de Ç psychoses endognes dont lĠclosion a t seulement facilite par une conjoncture psycho-traumatisante È.
Les donnes obtenues cette preuve confirment les lments de dsorganisation, de dissociation et de perscution relevs lors des entretiens psychothrapiques.
Concernant lĠanalyse des outils quantitatifs, le score global obtenu au Questionnaire de Stress Post-Traumatique (score pathologique = 107 : cf. tableau en annexe 2) montre une svrit des troubles post-traumatiques importante. Les sous-scores sont levs concernant lĠensemble des thmes abords par ce questionnaire, cĠest--dire la rptition de lĠvnement, lĠvitement, les rpercussions motionnelles et psychophysiologiques.
La majorit de ces troubles (principalement les conduites dĠvitement de retrait) persistent encore aujourdĠhui. Cependant, nous nous demandons si le score au Questionnaire de Stress Post-Traumatique nĠa pas t major par lĠtat de dissociation prsent par Monsieur A. En effet, il a rpondu de manire confuse certaines questions, confondant des lments relatifs aux vnements traumatiques et ceux relatifs sa symptomatologie actuelle.
Le score de dissociation pri-traumatique (score = 43 : cf. tableau en annexe 2) montre galement une svrit importante des troubles dissociatifs pendant et immdiatement aprs les vnements traumatiques, ce qui va dans le sens des donnes cliniques obtenues lors de lĠentretien de recherche.
Enfin, le score obtenu lĠInventaire de Dtresse Pri-traumatique (score = 49 : cf. tableau en annexe 2) dnote un niveau lev de dtresse ressentie par Monsieur A pendant les vnements.
LĠanalyse de lĠentretien directif, vise diagnostique,
confirme lĠimportance des lments dissociatifs prsents par Monsieur A
pendant et aprs les vnements. En effet, Monsieur A a prsent quatre des
cinq symptmes dissociatifs rpertoris dans le critre B de lĠEtat de Stress
Aig (DSM IV, 1996), cĠest--dire :
un sentiment de dtachement et dĠabsence de ractivit motionnelle (Ç cĠtait comme si jĠtais une machine È, Ç je ne sentais rien È) ;
une rduction de la conscience de son environnement (Ç comme si quelquĠun te brlait et tu ne sens rien È) ;
une impression de dralisation (Ç comme si jĠtais pas l È, Ç comme si cĠtait un film È) ;
une impression de dpersonnalisation (Ç comme si cĠest une autre personne qui est venue È).
Monsieur A, 38 ans, a prsent des symptmes post-traumatiques persistants suite des pressions psychologiques et des menaces de la part dĠindividus en Algrie, ceci partir des annes 1995-1996. Monsieur A dit galement avoir vu mourir des amis photographes, journalistes ou crivains et relate galement quelques scnes o des enfants auraient t tus.
Actuellement, Monsieur A prsente un Etat de Stress Post-Traumatique incomplet (un syndrome de rptition qui tendent diminuer, un syndrome dĠvitement), qui sĠaccompagne dĠune srie de troubles, cĠest--dire un tat de dissociation post-traumatique, un sentiment de perte dĠidentit, un dtachement du monde ainsi que des troubles de la personnalit.
LĠanalyse du Rorschach montre des lments svres de dsorganisation, de dissociation et de perscution chez Monsieur A, allant dans le sens dĠun diagnostic de schizophrnie. LĠanalyse du Questionnaire de Stress Post-Traumatique dnote une svrit des troubles post-traumatiques importante. Le score de dissociation pri-traumatique montre une svrit importante des troubles dissociatifs au moment des vnements traumatiques. LĠInventaire de Dtresse Pri-traumatique rvle un niveau lev de dtresse ressenti par Monsieur A pendant les vnements. Enfin, lĠentretien directif vise diagnostique confirme lĠimportance des lments dissociatifs prsents par Monsieur A.
2.
Mademoiselle B
¤
Prsentation du sujet :
Melle B est une femme ge de 33 ans, dĠorigine
algrienne. Elle est issue dĠune famille de neuf enfants dont elle est la
huitime.
Elle vit maritalement avec un homme quĠelle connat
depuis 1996. Elle est actuellement au chmage mais garde ponctuellement des
enfants.
Melle B arbore plutt une allure dcontracte quand
elle se prsente en consultation.
Il nous faut prciser que Melle B a t trs
ambivalente par rapport sa demande de soin. En effet, elle nous disait aller
mal et vouloir des consultations assez rapproches, pour ensuite ne pas se
prsenter certaines dĠentre elles, prtextant ne pas avoir envie de parler.
Melle B nous a t adresse suite une hospitalisation de deux semaines au sein de lĠunit de psychiatrie. En effet, elle ne sĠalimentait plus et se sentait extrmement angoisse. Durant cette hospitalisation, diffrents lments ont t mis jour par la patiente, nous permettant de mieux comprendre ses troubles. Melle B dit avoir t abuse en Octobre 2001 par son pre alors quĠelle lui rendait une visite de quelques jours. Son pre vit seul, tant spar de la mre de Melle B depuis quelques annes.
Mlle B a port plainte contre son pre. Depuis, elle attend avec anxit la suite des procdures juridiques, notamment la confrontation avec son pre. En effet, en raison de son ge lĠpoque des vnements (31 ans) et parce quĠelle a accept de dormir dans le mme lit que son pre (plutt quĠ mme le sol), Mlle B craint de ne pas tre crue par le tribunal et dĠtre considre comme ayant t consentante.
Sur le plan psychopathologique, Mlle B nous a fait
part dĠantcdents psychiatriques. En effet, depuis lĠge de sept ans, elle dit
avoir vcu divers pisodes dĠanorexie assez svres. Mlle B a dĠailleurs t
hospitalise une premire fois lĠge de sept ans. Melle B dit avoir prsent
au cours de son adolescence des troubles de lĠhumeur. DĠautre part, elle sĠest
plusieurs fois intoxique au cannabis. Elle a dĠailleurs subi un sevrage en
unit de toxicomanie pendant une priode de huit mois.
Enfin, Mlle B nous a dit avoir dj t abuse
rgulirement par son pre tant petite et une fois par un de ses frres
lĠge de sept ans.
Suite lĠabus sexuel subi en Octobre 2001, Melle B a
prsent un Etat de Stress Post-Traumatique : un syndrome de rptition (cauchemars, flash-back) ; un syndrome
dĠvitement (repli social) ; des
ractions neuro-vgtatives
(hypervigilance, sursauts).
Mlle B a prsent une srie de troubles associs
lĠEtat de Stress Post-Traumatique incomplet : des troubles psychiques , cĠest--dire un tat de dissociation
pri-traumatique au moment de lĠvnement et pendant une priode dĠau
moins un mois aprs celui-ci (Ç jĠtais comme anesthsie, je ne
pouvais pas croire ce qui tait arriv È). Au dbut de la prise en charge psychothrapique, elle disait se
sentir encore Ç anesthsie È
comme au moment du viol. Mlle B nous a dit ressentir une anesthsie affective
(elle nĠarrivait plus pleurer) et un dtachement du monde. Elle prsentait
galement des troubles somatiques (un amaigrissement important d un refus de sĠalimenter, des troubles
du sommeil), et enfin des troubles psychomoteurs (un moussement de la ractivit gnrale
accompagn dĠune humeur triste et dĠides noires).
La notion dĠaprs-coup prend ses rfrences dans la thorie psychanalytique. Elle est intimement lie la thorie de la sduction de Freud. CĠest lorsquĠil a abandonn lĠide dĠune vritable agression pour parler plutt de fantasmes, quĠapparut la notion dĠaprs-coup.
La conception de lĠaprs-coup freudien sĠarticule autour de trois lments : cĠest ce qui dans lĠvnement, nĠa pu prendre sens, qui va tre remani aprs-coup (des expriences vcues un moment donn peuvent nĠentraner aucun effet immdiat mais ultrieurement, dans un autre moment, peuvent prendre une valeur traumatique) ; ce remaniement intervient aprs-coup suite des vnements qui, par la maturation inhrente la phase de pubert, permettront au sujet de leur donner un sens nouveau et ainsi, de rlaborer des expriences antrieures ; cĠest lĠvolution de la sexualit chez lĠindividu qui permet lĠavnement du phnomne dĠaprs-coup, puisque dsormais le sujet peut accder la connotation sexuelle dĠune exprience vcue, alors quĠautrefois cette scne tait reste sans signification (Laplanche et Pontalis, 1967). Chez Mlle B, ces remaniements correspondent aux vnements traumatiques infantiles qui, lĠpoque, nĠavaient pu tre labors. Nous pouvons donc penser que cĠest le second vnement qui a confr aux premiers un pouvoir pathogne.
Enfin, Mlle B nous a fait part de sa souffrance vis--vis dĠune mre quĠelle dit peu affectueuse envers elle depuis son enfance et quĠelle qualifie mme de maltraitante. Elle a ajout que deux autres de ses sÏurs ont galement t abuses par leur pre et rejetes par leur mre. Prcisons quĠil sĠagit dĠune configuration familiale particulire, quĠil serait intressant dĠtudier, puisque les trois filles qui ont t abuses et rejetes correspondent celles qui arrivent en deuxime position entre un garon an et une fille Ç benjamine È (soit la deuxime, la cinquime et la huitime filles).
¤
Analyse des
protocoles
LĠanalyse du test de Rorschach montre un protocole pauvre, inhib et trs dfensif, mme si nous avons pu relever quelques rponses additionnelles lĠenqute. Spcifions que durant la passation, Mlle B donnait lĠimpression de sĠennuyer et de vouloir terminer rapidement le test, souriant peu et ayant lĠair presque agac. Elle avait pourtant accept avec bonne humeur cette passation deux semaines auparavant.
LĠensemble des productions ne montre cependant pas dĠlments franchement pathologiques. Nous nĠavons not aucun lment psychotique. En effet, Mlle B ne prsente ni dĠangoisse dissociative, ni dĠangoisse de perscution.
LĠanalyse du discours de Mlle B dnote une absence dĠidentification sexuelle (Ç deux personnages È), qui peut se comprendre comme une certaine difficult aborder la relation. Cependant, nous avons pu noter un besoin dĠtayage (Ç deux personnages qui se tiennent la main È ), ce qui va de pair avec certaines revendications de Mlle B. En effet, elle nous a fait part, plusieurs reprises, du manque dĠattention et dĠaffection de sa famille son gard, estimant leur donner beaucoup et recevoir peu en retour. Mlle B montre une grande dpendance affective lĠgard de sa famille, se plaant plutt dans une relation dĠobjet de type anaclitique.
Ajoutons que Mlle B nous a prcis lors de lĠentretien de recherche quĠelle avait dj un sentiment de dtachement vis--vis des autres avant les vnements (Ç jĠavais du mal mĠintresser aux choses et aux gens depuis lĠadolescence, un manque dĠintrt pour lĠextrieur È).
Nous pouvons faire lĠhypothse dĠune dpression prxistante chez Mlle B allant dans le sens dĠun mode de fonctionnement limite. LĠensemble des lments cliniques recueillis nous amnent poser cette lĠhypothse. En effet, Mlle B a manifest un sentiment dĠennui (Ç jĠavais un manque dĠintrt pour lĠextrieur È), accompagn dĠune incapacit sĠinvestir dans la relation (notamment avec sa psychothrapeute) marque par une relation dĠobjet plutt de type anaclitique. De plus, elle prsente un sentiment dĠidentit diffuse, notamment une difficult se positionner en tant que femme (Ç jĠai du mal voir ce que cela signifiait È dit-elle en regardant la planche symbolisant lĠidentit sexuelle fminine). Mlle B ne semble pas galement sĠinvestir dans un projet de vie, que ce soit sur le plan personnel ou professionnel. Enfin, le protocole de test qui est assez pauvre, dnote des processus de pense peu investis, qui iraient dans le sens dĠun dfaut de mentalisation.
Concernant lĠanalyse des outils quantitatifs, le score global obtenu au Questionnaire de Stress Post-Traumatique (score pathologique = 80 : cf. tableau en annexe 2) montre une svrit des troubles post-traumatiques importante. Les sous-scores sont levs concernant lĠensemble des thmes abords par ce questionnaires, cĠest--dire la rptition de lĠvnement, lĠvitement, les rpercussions motionnelles ainsi que les rpercussions psychophysiologiques.
Le score de dissociation pri-traumatique (score = 36 : cf. tableau en annexe 2) montre galement une svrit assez importante des troubles dissociatifs pendant et immdiatement aprs les vnements traumatiques, ce qui va dans le sens des donnes cliniques recueillies lors de lĠentretien de recherche et au cours de la psychothrapie (Ç jĠtais comme anesthsie È).
Enfin, le score obtenu lĠInventaire de Dtresse Pri-traumatique (score = 35 : cf. tableau en annexe 2) dnote un niveau assez lev de dtresse ressenti par Mlle B pendant les vnements.
LĠanalyse de lĠentretien directif, vise diagnostique,
confirme lĠimportance des lments dissociatifs prsents par Mlle B pendant et
aprs les vnements. En effet, Mlle B a prsent trois des cinq symptmes
dissociatifs rpertoris dans le critre B de lĠEtat de Stress Aig (DSM IV, 1996),
cĠest--dire :
un sentiment de dtachement et dĠabsence de ractivit motionnelle (Ç je nĠai pas ressenti ce qui se passait, je lĠai refus È) ;
une rduction de la conscience de son environnement (Ç jĠtais en tat de choc È) ;
une
impression de dralisation (Ç jĠtais comme anesthsie, jĠavais
du mal raliser È).
Melle B, 33 ans, a prsent des symptmes post-traumatiques importants suite un abus sexuel subi lĠge de 31 ans, de la part de son pre. Elle a t rcemment hospitalise en psychiatrie durant deux semaines tant extrmement anxieuse et ne sĠalimentant plus. Mlle B nous a fait part de divers antcdents psychiatriques. Elle a vcu depuis lĠge de sept ans plusieurs pisodes dĠanorexie assez svres, et a prsent, au cours de son adolescence, des troubles de lĠhumeur. DĠautre part, elle sĠest plusieurs fois intoxique au cannabis et a subi un sevrage en unit de toxicomanie pendant une priode de huit mois. Enfin, Mlle B nous a dit avoir t abuse rgulirement par son pre tant petite et une fois par un de ses frres lĠge de sept ans.
Melle B a prsent un Etat de Stress
Post-Traumatique (un syndrome de rptition, un syndrome dĠvitement et
des ractions neuro-vgtatives), qui sĠaccompagne dĠune srie de troubles
cĠest--dire un tat de dissociation pri-traumatique au moment de
lĠvnement et pendant une priode dĠau moins un mois aprs celui-ci, une
anesthsie affective, un dtachement du monde ainsi que des troubles
alimentaires et une humeur triste accompagne dĠides noires.
LĠanalyse du Rorschach nous a amen faire lĠhypothse dĠune dpression prxistante chez Mlle B allant dans le sens dĠun mode de fonctionnement limite. LĠanalyse du Questionnaire de Stress Post-Traumatique montre une svrit des troubles post-traumatiques importante. Le score de dissociation pri-traumatique dnote une svrit assez importante des troubles dissociatifs, pendant et immdiatement aprs les vnements traumatiques. LĠInventaire de Dtresse Pri-traumatique rvle un niveau assez lev de dtresse ressenti par Mlle B pendant les vnements. Enfin, lĠentretien directif, vise diagnostique, confirme lĠimportance des lments dissociatifs prsents par Mlle B, pendant et aprs les vnements.
3. Monsieur
C
¤
Prsentation du sujet :
Monsieur C est un homme de 36 ans, dĠorigine
Algrienne. Il est lĠan dĠune famille nombreuse. Il est clibataire et vit
depuis deux ans sur le territoire franais, logeant chez son cousin. Le reste
de sa famille vit en Algrie. Monsieur C travaillait comme vendeur de meubles
en Algrie. Actuellement, il travaille comme dmnageur temps partiel.
Monsieur C sĠest prsent aux urgences sur injonction
de son cousin qui lĠa retrouv avec une corde la main et a craint une
tentative de suicide. Cet incident a fait suite au suicide par pendaison de son
jeune frre deux mois auparavant. LĠhospitalisation de Monsieur C a dur une
semaine. Suite celle-ci, il a t suivi en psychothrapie. Monsieur C dit
avoir subi un harclement psychologique important et long accompagn de menaces
de la part dĠindividus en Algrie. Ces vnements auraient dbut au cours de
lĠanne 1994 et Monsieur C nous a dit avoir Ç craquer psychologiquement
È au cours de lĠanne 2000.
Il a formul une demande de soins en raison de symptmes post-traumatiques persistants (cauchemars, flash-back É), mais galement pour un tat quĠil dit dpressif (qui se serait aggrav aprs la mort de son frre, qui sĠest suicid en Novembre 2002).
Sur le plan psychopathologique, Monsieur C ne nous a fait part dĠaucun antcdent psychiatrique. Monsieur C nous a relat lĠtat psychologique dans lequel il se trouvait pendant la priode des menaces, cĠest--dire un tat de dsorganisation, de perte dĠidentit, de perte de contrle, de grande mfiance. Monsieur C prsentait galement un tat de dissociation post-traumatique.
Actuellement, Monsieur C prsente un Etat de Stress
Post-Traumatique incomplet : un syndrome de rptition (cauchemars et flash-back) ; un syndrome
dĠvitement (un vitement des
contacts, repli social). Par contre, aucune raction neuro-vgtative nĠa t
constate lĠheure actuelle, ni, priori, aux dcours des vnements. Il nous
faut prciser que les syndromes de rptition et dĠvitement tendent diminuer
depuis que Monsieur C est sous traitement anti-dpresseur et neuroleptique
(depuis le mois de Mars 2003).
Cela explique aussi la diminution dĠune srie de
troubles associs lĠEtat de Stress Post-Traumatique, que Monsieur C
prsentait encore il y a quelques semaines. En effet, nous avons pu relever une
diminution de ses troubles anxieux (moins de crises dĠangoisse et de
ruminations) et de son tat dissociatif, une amlioration nette de son
ralentissement psychomoteur, ainsi quĠune diminution de son sentiment de
perscution. Cependant, nous pouvons encore noter un lger manirisme.
¤
Analyse des
protocoles
LĠanalyse du test de Rorschach montre un protocole plutt restrictif, marqu par une inhibition, une restriction au niveau de lĠimportance des rponses et une faible participation motionnelle. En effet, lĠanalyse du discours de Monsieur C montre une absence de reprsentation des affects et de la relation, ainsi que dĠidentification sexuelle (Ç deux tres humains È). Monsieur C semble avoir dĠimportantes difficults aborder la relation, lĠautre tant probablement vcu comme potentiellement dangereux.
LĠabsence de rfrences humaines (H% nul) nous laisse galement penser que Monsieur C a des difficults sĠidentifier lĠhumain, mme si lĠon ne note pas dĠangoisses de morcellement franches. Les identifications primaires (capacit dĠidentifier lĠtre humain) semblent lui poser problme, ce qui expliquerait aussi pourquoi les identifications secondaires (sexuelles) paraissent inexistantes (il nĠexprime aucun affect, ni dsir).
En effet, nous pouvons supposer la prsence de carences affectives prcoces chez Monsieur C. Il a notamment montr un refus deux reprises (passation, enqute) vis--vis de la Planche IX dite Ç utrine È, qui symbolise les rfrences maternelles prcoces. CĠest sur un mode dfensif que Monsieur C nous a montr quel danger pouvait reprsenter pour lui la rgression.
LĠabsence de mouvements dans ce protocole (aucune Kinesthsie) est plutt considrer comme pathologique, dnotant une atteinte des processus de pense (tout semble fig).
La thmatique met en vidence des angoisses marquant la reviviscence du traumatisme (Ç un avion de guerre È, Ç un bombardier È, Ç la couleur rouge signifie le danger È), marques par des angoisses archaques de dvoration (Ç un requinÉune bouche o lĠon voit lĠintrieur È).
Le mcanisme de clivage est galement reprable, dĠune part, par lĠabsence dĠassociation dans le discours de Monsieur C, et, dĠautre part, dans la succession des planches. En effet, certaines planches sont tout fait bien traites, montrant certaines capacits adaptatives chez le sujet (il a notamment donn un certain nombre de Banalits : (Ç chauve-souris È, Ç papillon È), alors que dĠautres sont traites de faon inadapte.
Compte tenu des lments recueillis lors des entretiens cliniques de psychothrapie, nous nous attendions relever beaucoup plus dĠlments dissociatifs dans ce protocole. Ceci sĠexplique certainement en grande partie par la prise des neuroleptiques qui a dbut quelques semaines avant la passation du test. Nous pouvons supposer que Monsieur C tait stabilis au moment de lĠpreuve. Cependant, nous avons pu pressentir des angoisses dissociatives (Ç je nĠarrive pas unir les dessins È).
Si nous prenons en compte lĠensemble des lments cliniques recueillis, cĠest--dire un dsinvestissement objectal, un abrasement de la pense, certaines capacits adaptatives mais qui restent prcaires, nous ne pouvons pas conclure mais tout du moins mettre lĠhypothse dĠun mode de fonctionnement psychotique. Hypothse que nous aurions peut-tre pu confirmer par la passation dĠune autre preuve projective, comme le TAT (Thematic Apperception Test), qui nous aurait permis de pouvoir prciser lĠorganisation de la personnalit du sujet, et ainsi, relever avec plus de prcision des lments relatifs au retrait et la perscution. Ajoutons que Monsieur C nous a dit ressentir un certain dtachement vis--vis des autres avant les vnements (Ç cĠest ma nature mais a sĠest accentu depuis les vnements È). Il disait se sentir Ç diffrent des autres dj tout petit È.
Concernant lĠanalyse des outils quantitatifs, le score global obtenu au Questionnaire de Stress Post-Traumatique (score pathologique = 99 : cf. tableau en annexe 2) montre une svrit des troubles post-traumatiques importante. Les sous-scores sont levs concernant lĠensemble des thmes abords par ce questionnaire, cĠest--dire la rptition de lĠvnement, lĠvitement, les rpercussions motionnelles ainsi que les rpercussions psychophysiologiques. Monsieur C nous a prcis quĠune partie des troubles (principalement le sentiment de dtachement et le manque dĠintrt pour certaines choses qui lui plaisaient auparavant) persistait encore aujourdĠhui. Cependant, les syndromes de rptition et notamment dĠvitement tendent diminuer depuis que Monsieur C est sous traitement anti-dpresseur et neuroleptique.
Le score de dissociation pri-traumatique (score = 43 : cf. tableau en annexe 2) montre galement une svrit assez importante des troubles dissociatifs pendant et immdiatement aprs les vnements traumatiques, ce qui va dans le sens des donnes cliniques obtenues lors de lĠentretien de recherche.
Enfin, le score obtenu lĠInventaire de Dtresse Pri-traumatique (score = 41 : cf. tableau en annexe 2) dnote un niveau assez lev de dtresse ressentie par Monsieur C pendant les vnements.
LĠanalyse de lĠentretien directif, vise diagnostique,
confirme lĠimportance des lments dissociatifs prsents par Monsieur C
pendant et aprs les vnements. En effet, Monsieur C a prsent les cinq
symptmes dissociatifs rpertoris dans le critre B de lĠEtat de Stress Aig
(DSM IV, 1996), cĠest--dire :
un sentiment de dtachement et dĠabsence de ractivit motionnelle (Ç jĠtais devenu froid È) ;
une rduction de la conscience de son environnement (Ç jĠtais comme spectateur, a dfilait, comme des images È) ;
une impression de dralisation (Ç je me disais cĠest un cauchemar È) ;
une impression de dpersonnalisation (Ç en face du miroir, je ne me reconnaissais plus È (Ç je me sentais tranger des gens familiers È, Ç je nĠarrivais pas communiquer È) ;
une amnsie dissociative (Ç des semaines, des jours È).
Monsieur C, 36 ans, a prsent des symptmes post-traumatiques persistants suite un harclement psychologique, important et long, accompagn de menaces de la part dĠindividus en Algrie partir de lĠanne 1994.
Actuellement, Monsieur C prsente un Etat de Stress
Post-Traumatique incomplet (un syndrome de rptition, un syndrome
dĠvitement). Il tend diminuer depuis que Monsieur C est sous traitement
anti-dpresseur et neuroleptique.
Cela explique aussi la diminution dĠune srie de
troubles associs lĠEtat de Stress Post-Traumatique, cĠest--dire une
diminution de ses troubles anxieux et de son tat dissociatif, une amlioration
nette de son ralentissement psychomoteur, ainsi quĠune diminution de son
sentiment de perscution.
LĠanalyse du Rorschach nous a amen mettre lĠhypothse
dĠun mode de fonctionnement psychotique. Hypothse que nous aurions peut-tre
pu confirmer par la passation dĠune autre preuve projective, comme le TAT
(Thematic Apperception Test). Le score de dissociation pri-traumatique dnote
une svrit assez importante des troubles dissociatifs, pendant et immdiatement
aprs les vnements traumatiques. LĠInventaire de Dtresse Pri-traumatique
rvle un niveau assez lev de dtresse ressentie par Monsieur C pendant les
vnements. Enfin, lĠentretien directif vise diagnostique confirme
lĠimportance des lments dissociatifs prsents par Monsieur C, pendant et
aprs les vnements.
4.
Monsieur D
¤
Prsentation du sujet :
Monsieur D est un homme de 51 ans, mari ; il a
deux filles et un fils gs de 17 20 ans. Monsieur D exerait le mtier
dĠantiquaire dans une prestigieuse boutique Paris, avant de subir un
accident de moto en 1995. Il a t licenci quelques temps aprs. Il est
dsormais au chmage, aprs avoir tent lĠouverture dĠune boutique
dĠantiquits, en tant quĠindpendant, qui nĠa pas fonctionn. Depuis, Monsieur
D a des difficults financires, sa femme assumant, seule, le revenu de la
famille.
Monsieur D a t adress en consultation de psychotraumatisme suite une hospitalisation de plusieurs jours, au sein de lĠunit de psychiatrie, pour une tentative de suicide par ingestion mdicamenteuse volontaire. Cependant, dĠaprs ses dires, cette tentative de suicide tait impulsive. Il nĠa pas mis une relle volont de mourir. Monsieur D ne sĠest toujours pas remis de lĠaccident de moto quĠil a subi en 1995. Il a t renvers par une voiture qui lui a coup la priorit alors quĠil franchissait un carrefour. Cet accident a t suivi dĠune hospitalisation dĠune dure de six mois pour de multiples fractures, ainsi que dĠun grave pisode dpressif associ un tat de stress post-traumatique. LĠaccident nĠa pas caus de troubles organiques, ni de traumatisme crnien.
De plus, Monsieur D nĠa toujours pas t ddommag de lĠaccident et les procdures juridiques sont toujours en cours, ce qui ne lui a pas permis de faire le deuil de lĠvnement. En effet, Monsieur D a t renvers par une personnalit, ce qui expliquerait que lĠaffaire ait t touffe et quĠil nĠy ait pas eu rparation.
Depuis, Monsieur D est devenu trs procdurier, notamment auprs de tous les organismes quĠil peut ctoyer (la banque, la PosteÉ). Il entasse galement chez lui divers objets dĠantiquit, ce qui entrane dĠimportantes dpenses entretenant ses difficults financires. Depuis lĠaccident, Monsieur D se positionne dans une problmatique de Ç lĠincompris È. Ses relations avec sa femme et son fils sont dĠailleurs assez difficiles.
Sur le plan psychopathologique, Monsieur D ne nous a fait part dĠaucun antcdent psychiatrique. Suite lĠaccident de moto, il a prsent un Etat de Stress Post-Traumatique incomplet : un syndrome de rptition (flash-back), des ractions neurovgtatives importantes (des tremblements, un sentiment dĠoppression et de tension, une hypervigilance) ; en revanche aucune raction dĠvitement nĠa pu tre releve (Monsieur D aurait dĠailleurs souhait reprendre rapidement la conduite de la moto).
Des troubles cognitifs associs lĠEtat de Stress Post-Traumatique ont galement t reprs, cĠest--dire des troubles de la concentration et des troubles mnsiques concernant principalement des problmes de mmoire court terme. Actuellement, lĠEtat de Stress Post-Traumatique semble plutt voluer vers des troubles anxieux et dpressifs, toujours accompagns de tremblements et de troubles cognitifs. De plus, Monsieur D prsente des troubles dissociatifs et une dsorganisation importante sur le plan psychique et comportemental (il saute du coq lĠne, il traite diffrents sujets la fois, il fait des dpenses incongrues).
Il nous faut prciser que nous ne possdons pas plus dĠlments cliniques tant donn que nous ne ralisons pas le suivi psychothrapique de Monsieur D.
¤
Analyse des
protocoles
LĠanalyse du test de Rorschach montre un protocole pathologique. Nous nĠavons cependant pas not dĠlments psychotiques mais plutt des troubles de la pense relevant dĠun dbut de dtrioration mentale. En effet, tout au long de ce protocole, le discours de Monsieur D est marqu par des difficults dĠexpressions verbales. Ses rponses sont floues (Ç lĠexpression dĠun goland È), dnotant une perte des mots (Ç quelque chose qui vole la nuitÉ une chauve-souris È).
De plus, ses argumentations ne sont pas logiques (Ç il y a eu un pliageÉ non ce nĠest pas un pliage complet car il manque des lments il y en a plus È).
Monsieur D use de priphrases lorsquĠil ne trouve pas ses mots (Ç ces poissons plats quĠon trouve dans lĠeau au fond de la merÉ une raie È). Il semblait constamment chercher nous donner Ç la bonne rponse È (nous lui avions pourtant spcifi au dbut de lĠpreuve quĠil nĠy avait pas de bonnes, ni de mauvaises rponses), et sĠirritait quand il ne la trouvait pas (Ç cĠest loin dĠtre cela È, Ç a me cre des problmes, je ne vois rienÉ È, Ç jĠarrive plus È).
Ce protocole est marqu par le clivage. En effet, Monsieur
D ne fait pas de liens associatifs entre les contenus (Ç une vertbreÉ
une tte de crabeÉ un engin pour une fuse È).
Nous avions galement not une dissociation de la symtrie, dnotant
probablement des troubles perceptifs (Ç il y a lĠidentique de
lĠautre ct mais cĠest peine visible È,
Ç non ne nĠest pas un pliage complet car il manque des lments È).
Etant donn que les troubles cognitifs sont au premier plan chez Monsieur D, nous pouvons faire lĠhypothse dĠun dbut de dtrioration mentale, qui demanderait tre confirme par des tests neuropsychologiques. Il prsente en effet une atteinte des processus de pense et des troubles du langage qui ne sont compatibles avec son niveau socio-culturel. De plus, Monsieur D a toujours des troubles cognitifs importants qui pourraient conforter cette hypothse, notamment des troubles mnsiques importants (Monsieur D mĠa spcifi la fin du test quĠil ne se souviendrait plus le lendemain de cette preuve). Nous manquons dĠlments cliniques afin dĠmettre une hypothse de mode de fonctionnement psychique, mais nous pouvons toutefois confirmer quĠil ne prsente pas de signes cliniques allant dans le sens dĠune structure psychotique.
Concernant lĠanalyse des outils quantitatifs, le score global obtenu au Questionnaire de Stress Post-Traumatique (score pathologique = 86 : cf. tableau en annexe 2) montre une svrit des troubles post-traumatiques importante. Les sous-scores sont levs concernant la quasi-totalit des thmes abords par ce questionnaire, cĠest--dire la rptition de lĠvnement, les rpercussions motionnelles ainsi que les rpercussions psychophysiologiques.
Le score de dissociation pri-traumatique (score = 17 : cf. tableau en annexe 2) montre une faible intensit des troubles dissociatifs pendant lĠvnement. Prcisons la difficult de Monsieur D rpondre ce questionnaire qui fut pour lui source de confusion (Ç ces questions ne correspondent pas exactement mon vcu È). Nous pouvons penser que cela a cr un biais dans les rponses donnes par Monsieur D. Cela peut expliquer pourquoi nous obtenons des rsultats inverses lors de lĠentretien diagnostique.
Enfin, le score obtenu lĠInventaire de Dtresse
Pri-traumatique (score = 21 : cf. tableau en annexe 2) dnote galement un
niveau assez peu lev de dtresse ressentie par Monsieur D pendant lĠaccident.
Ceci peut sĠexpliquer par la nature mme de lĠvnement. En effet, celui-ci
sĠtant droul en un temps extrmement rapide, Monsieur D a t immdiatement
choqu et ne sĠest rveill que quelques minutes plus tard lĠintrieur de
lĠambulance.
LĠanalyse de lĠentretien
directif, vise diagnostique, rapporte, en revanche, une importance des
lments dissociatifs prsents par Monsieur D suite lĠvnement. Trois des
cinq symptmes dissociatifs rpertoris dans le critre B de lĠEtat de Stress
Aig (DSM IV, 1996) ont pu tre relevs dans son discours, cĠest--dire :
un sentiment de dtachement (Ç jĠai perdu le contact avec mes confrres È) ;
une rduction de la conscience de son environnement (Ç jĠtais coup du monde extrieur physiquement et psychiquement È) ;
une impression de dpersonnalisation (Ç je ne me reconnaissais plus dans mes activits, je nĠtais plus le mme È).
Monsieur D, 51 ans, a prsent de symptmes post-traumatiques persistants suite un accident de moto quĠil a subi en 1995. Il a t renvers par une voiture qui lui a coup la priorit, alors quĠil franchissait un carrefour. Cet accident a t suivi dĠune hospitalisation dĠune dure de six mois pour de multiples fractures. LĠaccident nĠa pas caus de troubles organiques, ni de traumatisme crnien. Monsieur D ne sĠest toujours pas remis psychologiquement de cet accident.
Monsieur D a prsent un Etat de Stress Post-Traumatique incomplet (un syndrome de rptition, des ractions neurovgtatives importantes). Des troubles cognitifs ont galement t relevs, cĠest--dire des troubles de la concentration et des troubles mnsiques concernant principalement des problmes de mmoire court terme. Actuellement, lĠEtat de Stress Post-Traumatique volue vers des troubles anxieux et dpressifs, toujours accompagns de tremblements et de troubles cognitifs. Des troubles dissociatifs ainsi quĠune importante dsorganisation ont galement t reprs.
LĠanalyse du Rorschach nous a amen mettre lĠhypothse
dĠun dbut de dtrioration mentale, qui demanderait tre confirm par des
tests neuropsychologiques. LĠanalyse du Questionnaire de Stress
Post-Traumatique montre une svrit des troubles post-traumatiques importante.
Le score de dissociation pri-traumatique dnote une faible intensit des
troubles dissociatifs pendant lĠvnement. LĠInventaire de Dtresse
Pri-traumatique rvle galement un niveau assez peu lev de dtresse
ressenti par Monsieur D pendant lĠaccident. En revanche, lĠentretien directif,
vise diagnostique, a rapport une importance des lments dissociatifs
prsents par Monsieur D suite lĠvnement. Ceci peut sĠexpliquer, dĠune
part, par la nature mme de lĠvnement qui sĠest droul en un temps extrmement
rapide, et dĠautre part, par la difficult de Monsieur D rpondre au
Questionnaire sur les Expriences de Dissociation Pri-traumatique ainsi quĠ
lĠInventaire de Dtresse Pri-traumatique qui furent pour lui source de
confusion. Nous pouvons penser que cela a induit un biais dans les rponses
donnes par Monsieur D et que cela peut expliquer pourquoi nous obtenons des
rsultats inverses lors de lĠentretien diagnostique.
Compte-tenu du petit nombre de sujets interrogs, nous devons faire preuve de prudence avant dĠaffirmer que lĠon rencontre de manire plus frquente des lments de dissociation pri-traumatique chez certaines structures de personnalit, plutt que chez dĠautres.
Notre matriel tend montrer quĠil existe bien des liens entre la dissociation pri-traumatique et les caractristiques de la structure de la personnalit.
En effet, nous avons pu
observer davantage dĠlments dissociatifs pri-traumatiques (selon le critre
B de lĠEtat de Stress Aigu du DSM IV, 1996) chez les sujets prsentant un mode
de fonctionnement psychotique. Monsieur A et Monsieur C, sujets pour lesquels
nous avons fait lĠhypothse dĠune structure psychotique, prsentent des signes
dissociatifs de nature diffrente de ceux prsents par Mlle B et Monsieur D.
Il sĠagit de mmes signes mais qui nĠont pas la mme valeur smiologique.
Tout dĠabord, Monsieur A et
Monsieur C nous ont donn des rponses dnotant des lments dissociatifs plus
svres, que ce soit dans les lments recueillis lors de lĠentretien vise
diagnostique, ou bien encore lors du Questionnaire des Expriences
Dissociatives Pri-traumatiques (Q.E.D.P.).
Dans le discours de Monsieur
A, nous avons pu relever quatre des cinq symptmes dissociatifs rpertoris
dans le critre B de lĠEtat de Stress Aig (DSM IV, 1996). Dans le discours de
Monsieur C, nous avons pu relever les cinq symptmes dissociatifs rpertoris
dans le critre B de lĠEtat de Stress Aig. De plus, la nature des rponses de
Monsieur A et Monsieur C reflte une symptomatologie allant dans le sens dĠune
dcompensation psychotique.
Monsieur A nous a dit concernant, par exemple, lĠimpression de dpersonnalisation quĠil a pu ressentir : Ç comme si cĠest une autre personne qui est venue È. Ou encore Monsieur C nous a prcis ce propos : Ç en face du miroir, je ne me reconnaissais plus È, Ç je me sentais tranger des gens familiers È (cf. vignettes cliniques).
En revanche, Mlle B et
Monsieur D nĠont pas prsent lĠensemble des symptmes dissociatifs rpertoris
dans le critre B de lĠEtat de Stress Aig. De plus, la nature de leurs
rponses ne reflte pas une symptomatologie allant dans le sens dĠune
dcompensation psychotique. Elles rfrent plutt leur vcu traumatique.
Mlle B nous a dit
concernant, par exemple, son sentiment de dtachement au moment de
lĠvnement : Ç je
nĠai pas ressenti ce qui se passait, je lĠai refus È. Ou encore Monsieur D nous a prcis concernant
lĠimpression de dpersonnalisation quĠil a pu ressentir : Ç je
ne me reconnaissais plus dans mes activits, je nĠtais plus le mme È (cf. vignettes cliniques).
Il en va de mme pour les rponses recueillies au Questionnaire des Expriences Dissociatives Pri-traumatiques (Q.E.D.P.). En effet, les scores de dissociation pri-traumatique de Monsieur A (score au Q.E.D.P. = 43) et Monsieur C (score au Q.E.D.P. = 43) montrent une forte intensit des troubles dissociatifs pendant lĠvnement, comparativement ceux de Mlle B (score au Q.E.D.P. = 36) et de Monsieur D (score au Q.E.D.P. = 17). De plus, ces scores vont de pair avec un haut niveau de dtresse ressentie pendant les vnements pour Monsieur A (score au PDI = 49) et Monsieur C (score au PDI = 41).
Plus prcisment, nous avons pu relever des sous-scores plus levs chez Monsieur A et Monsieur C, au Questionnaire des Expriences Dissociatives Pri-traumatiques concernant les questions relatives au sentiment de dtachement, lĠimpression de dralisation et de dpersonnalisation ainsi quĠau sentiment de dsorganisation et de dsorientation.
Cependant, prcisons que Mlle B a galement obtenu des sous-scores assez lvs concernant les questions relatives au sentiment de dtachement, lĠimpression de dralisation et de dpersonnalisation. Nous pensons que ces lments vont plutt dans le sens dĠun mode de fonctionnement limite, dans lequel semble sĠinscrire Mlle B. En revanche, elle nĠa pas exprim de sentiment de dsorganisation, ni de dsorientation.
Par ailleurs, nous ne pouvons conclure concernant les
sujets de structure nvrotique, tant donn lĠabsence de tels sujets au sein de
notre tude. Cependant, nous pouvons tout de mme spcifier que les sujets
nvrotiques, que nous avons eu lĠoccasion de rencontrer lors des consultations
de psychotraumatisme, ne prsentaient pas de signes de dissociatifs pri-traumatiques.
Ces rsultats semblent plutt aller dans le sens de la conception de Bergeret (1974). En effet, les signes de dissociation pri-traumatiques ont plutt t reprs chez les sujets de structure psychotique. Ces sujets paraissent davantage prdisposs manifester de tels signes cliniques lĠoccasion dĠvnements caractre traumatique du fait de leur mode de fonctionnement psychique. Par ailleurs, malgr leur moindre intensit, nous avons pu galement relever des lments dissociatifs post-traumatiques chez les sujets tats-limites.
Nos rsultats ne sont bien sr pas gnralisables lĠensemble de la population des traumatiss psychiques qui ont prsent des troubles dissociatifs pri-traumatiques, notre chantillon tant trop petit et donc non reprsentatif. Cependant, nos donnes montrent que la question mrite dĠtre pose et dĠtre teste sur une plus large population.
Enfin, il ne nous est pas possible de mettre de ct
la rptition de lĠvnement comme facteur favorisant lĠapparition de
troubles dissociatifs. En effet, dans la littrature du psychotraumatisme,
notamment dans lĠouvrage de Sadlier (2001), il a t voqu que les vnements
traumatiques rpts, dits trauma de type II, sont plus mme dĠengendrer des
troubles dissociatifs post-traumatiques durables plutt quĠun pisode
traumatique isol. Il nous paraissait important de le spcifier tant donn que
Monsieur A et Monsieur C ont prsent un trauma de type II, mais galement
davantage de troubles dissociatifs.
Il ne nous est pas non plus possible dĠisoler
lĠvnement traumatique de lĠhistoire du sujet. Comme nous lĠavions dj
prcis, Ç il faut tenir compte des Ç rsonances personnelles È
chez les individus, ayant vcu un vnement potentiellement traumatique,
Ç la Ç vulnrabilit È dĠun sujet pour dvelopper un trauma
dpend donc, dĠabord, de la conjoncture ; É la vulnrabilit va dpendre
en second lieu de la Ç prdisposition È É du sujet se
dcompenser È (Crocq, Doutheau, Louville et Cremniter, 1998).
Sur le plan mthodologique, les outils quantitatifs se sont rvls tout fait adapts. En effet, le Questionnaire de Stress Post-Traumatique (Q.S.P.T.) nous a permis dĠvaluer les troubles post-traumatiques et de mesurer leur svrit chez les sujets. Le Questionnaire des Expriences Dissociatives Pri-traumatiques (Q.E.D.P.) nous a permis dĠobtenir Ç une mesure rtrospective de la perception de dissociation È durant et immdiatement aprs les vnements traumatiques, et ainsi de pouvoir confirmer que nos sujets ont bien prsent un tat de dissociation pri-traumatique (Jehel, 2002).
Enfin, lĠInventaire de Dtresse Pri-traumatique (Peritraumatic Distress Inventory) nous a donn le niveau de dtresse ressentie par les sujets pendant les vnements traumatiques.
LĠutilisation du test de Rorschach sĠest rvle pertinente puisque cette preuve nous a permis de mettre en vidence certains lments de la personnalit des sujets en terme de mode de fonctionnement psychique. Nous avons en effet pu reprer le type de mcanismes de dfense utiliss, la nature de leurs angoisses, ainsi que leurs ressources cognitives.
Conclusion
Je suis partie de la clinique du psychotraumatisme afin de mĠinterroger
tout particulirement sur le phnomne de dissociation pritraumatique qui peut
intervenir lors, ou au dcours, dĠun vnement caractre traumatique. Je me
suis prcisment demande en quoi il tait possible de rencontrer, de manire
plus frquente, des lments de dissociation pritraumatique chez certaines
structures de personnalit, plutt que chez dĠautres.
A partir dĠlments thoriques de rfrences psychodynamique et
smiologique classique, jĠai fait lĠhypothse de lĠexistence dĠun lien entre la
dissociation pritraumatique et certaines caractristiques de la structure de
la personnalit.
JĠai us de prudence dans la retranscription de mes rsultats, compte tenu du petit nombre de sujets interrogs. Mon matriel tend montrer quĠil existe bien des liens entre la dissociation pri-traumatique et certaines caractristiques de la structure de la personnalit.
En effet, jĠai pu observer davantage dĠlments dissociatifs pri-traumatiques (selon le critre B de lĠEtat de Stress Aigu du DSM IV, 1996) chez les sujets prsentant une structure psychotique. Ces sujets montrent des signes dissociatifs de nature diffrente de ceux prsents par les sujets dĠautres structures. Il sĠagit des mmes signes, mais qui nĠont pas la mme valeur smiologique. Les lments dissociatifs relevs chez les sujets psychotiques sont plus svres, que ce soit dans les lments recueillis lors de lĠentretien vise diagnostique, lors du Questionnaire des Expriences Dissociatives Pri-traumatiques (Q.E.D.P.) ou encore dans le test de Rorschach. Par ailleurs, je ne peux conclure concernant les sujets de structure nvrotique, tant donn lĠabsence de tels sujets au sein de mon tude.
Cette recherche tant vise exploratoire, portant sur un chantillon de quatre sujets, je ne peux gnraliser mes rsultats lĠensemble de la population des traumatiss psychiques ayant prsent des troubles dissociatifs pri-traumatiques.
Enfin, cette tude mĠa permis
de mieux comprendre le phnomne de dissociation pritraumatique et les
difficults quĠil peut induire dans le travail psychothrapique. Dans ce cadre,
jĠai eu la satisfaction de pouvoir dgager certaines pistes de recherche
poursuivre, dans lĠobjectif dĠamliorer la comprhension de ce phnomne au
sein de la clinique du psychotraumatisme.
En effet, il est important de souligner lĠimportance
du diagnostic prcoce de la dissociation au dcours des vnements traumatiques
afin dĠtre plus attentif aux possibles dcompensations psychotiques, qui
peuvent se manifester, lĠoccasion de tels vnements. Ce diagnostic pourrait
donc permettre dĠorienter rapidement les patients vers une double prise en
charge la fois mdicale et psychothrapeutique.
Il me faut galement ajouter quĠune intervention prcoce auprs des
victimes dĠvnements traumatiques, afin de dceler dĠventuels troubles
dissociatifs, pourrait galement permettre de mieux prvenir dĠventuels
dcompensations psychotraumatiques. En effet, des auteurs comme Marmar ou encore Birmes ont dmontr quels liens pouvaient exister entre le traumatisme
psychique et les expriences dissociatives. Notamment, Marmar, Weiss, Schlenger, Fairbank, Jordan et al. (1996) ont dmontr, dans une de leurs
tudes, quĠun tat dissociatif svre pendant lĠexposition
un stress traumatique pouvait engendrer un haut niveau dĠtat de stress
post-traumatique. La dissociation pri-traumatique semble donc tre prdictive
des symptmes psychotraumatiques, puisque celle-ci se manisfeste au moment mme
de lĠvnement.
Je conclurais en me proposant dĠapprofondir ce travail de recherche,
sur un panel de sujets beaucoup plus large, afin de dgager davantage de
donnes cliniques pertinentes.
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Annexe 1 : Grille
dĠentretien
1.
Pendant le ou les
vnement(s) ou aprs lĠavoir vcu, avez-vous ressenti un sentiment de
dtachement vis--vis du monde extrieur ? |
2.
Pendant le ou les
vnement(s) ou aprs lĠavoir vcu, avez-vous eu lĠimpression de ne plus
ressentir dĠmotions ? |
3.
Pendant le ou les
vnement(s) ou aprs lĠavoir vcu, avez-vous eu lĠimpression de ne plus tre
connect(e) avec le monde extrieur ? Ou encore Ç dĠtre dans le
brouillard È ? |
4.
Pendant le ou les
vnement(s) ou aprs lĠavoir vcu, avez-vous eu lĠimpression que cet ou ces
vnements nĠtai(en)t pas rel(s) ? QuĠils nĠont pas pu arriver ? |
5.
Pendant le ou les
vnement(s) ou aprs lĠavoir vcu, avez-vous eu lĠimpression de ne plus tre
vous-mme ? De ne plus vous reconnatre ? |
6.
Avez-vous eu des
difficults vous souvenir de certains aspects de(s) vnement(s) ? |
7.
Vous arrivait-il avant
lĠvnement dĠavoir parfois un sentiment de dtachement vis--vis des
autres ? |
8.
Vous arrivait-il avant
lĠvnement dĠavoir parfois le sentiment de ne plus tre vous-mme ou dĠtre
dconnect(e) du monde extrieur ? |
Annexe 2 : Scores
obtenus aux diffrents outils quantitatifs
|
QSPT
|
QEDP |
PDI |
Monsieur A
|
107 |
43 |
49 |
Mademoiselle
B |
80 |
36 |
35 |
Monsieur
C |
99 |
43 |
41 |
Monsieur
D |
86 |
17 |
21 |