UniversitŽ Pierre et Marie Curie AnnŽe universitaire 2002-2003
FacultŽ de mŽdecine
PitiŽ SalpŽtrire
harclement moral au travail
et etat de stress post-traumatique
annexes
MŽmoire de Dipl™me Universitaire :
Stress, traumatisme et pathologies
__________
Claire Bonafons
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Sous la direction du Docteur Louis Jehel
Responsable de l'UnitŽ de
Psychiatrie et Psychotraumatisme
CHU Tenon, PARIS
Les 45 agissements constitutifs du mobbing selon le professeur H. Leymann |
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Empcher la victime de s'exprimer |
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Le supŽrieur
hiŽrarchique refuse ˆ la victime la possibilitŽ de s'exprimer |
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La victime est
constamment interrompue |
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Les collgues l'empchent
de s'exprimer |
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Les collgues hurlent,
l'invectivent |
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Critiquer le travail de
la victime |
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Critiquer sa vie privŽe |
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Terroriser la victime par
des appels tŽlŽphoniques |
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La menacer verbalement |
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La menacer par Žcrit |
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Refuser le contact
(Žviter le contact visuel, gestes de rejet,...) |
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Ignorer sa prŽsence, par
exemple en s'adressant exclusivement ˆ des tiers |
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Isoler la victime |
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Ne plus lui parler |
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Ne plus se laisser
adresser la parole par elle |
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Lui attribuer un poste de
travail qui l'Žloigne et l'isole de ses collgues |
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Interdire ˆ ses collgues
de lui adresser la parole |
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Nier la prŽsence physique
de la victime |
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DŽconsidŽrer la victime auprs de ses collgues |
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MŽdire d'elle ou la
calomnier |
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Lancer des rumeurs ˆ son
sujet |
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Se gausser d'elle, la
ridiculiser |
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PrŽtendre qu'elle est une
malade mentale |
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Tenter de la contraindre
ˆ un examen psychiatrique |
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Railler une
infirmitŽ |
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Imiter la dŽmarche, la
voix, les gestes de la victime pour mieux la ridiculiser |
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Attaquer ses convictions
politiques ou ses croyances religieuses |
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Se gausser de sa vie
privŽe |
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Se moquer de ses
origines, de sa vie privŽe |
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La contraindre ˆ un
travail humiliant |
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Noter le travail de la
victime inŽquitablement et dans des termes malveillants |
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Mettre en question,
contester les dŽcisions de ses victimes |
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L'injurier dans des
termes obscnes et dŽgradants |
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Harceler sexuellement la
victime (gestes et propos) |
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DiscrŽditer la victime dans son travail |
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Ne plus lui confier
aucune t‰che |
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La priver de toute
occupation et veiller ˆ ce qu'elle ne puisse en trouver aucune par elle-mme |
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La contraindre ˆ des
t‰ches totalement inutiles et/ou absurdes |
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Lui donner sans cesse des
t‰ches nouvelles |
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La charger de t‰ches trs
infŽrieures ˆ ses compŽtences |
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Lui faire exŽcuter des
travaux humiliants |
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Confier ˆ la victime des
t‰ches exigeant des qualifications trs supŽrieures ˆ ses compŽtences, de
manire ˆ la discrŽditer. |
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Compromettre la santŽ de la victime |
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Contraindre la victime ˆ
des travaux dangereux ou nuisibles ˆ la santŽ |
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La menacer de violences
physiques |
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L'agresser physiquement,
mais sans gravitŽ, "ˆ titre d'avertissement" |
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L'agresser physiquement,
sans retenue |
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Occasionner
volontairement des frais ˆ la victime dans l'intention de lui nuire |
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Occasionner des dŽg‰ts au
domicile de la victime ou ˆ son poste de travail |
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Agresser sexuellement la
victime |
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LISTE DES AGISSEMENTS HOSTILES ( classification de MF
Hirigoyen) |
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Atteintes aux conditions de travail |
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On retire ˆ la victime son autonomie |
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On ne lui transmet pas les informations utiles ˆ la rŽalisation
d'une t‰che |
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On conteste systŽmatiquement toutes ses dŽcisions |
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On critique son travail injustement ou exagŽrŽment |
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On lui retire l'accs aux outils de travail ( tŽlŽphone, fax,
ordinateurÉ) |
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On lui retire le travail qui normalement lui incombe |
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On lui donne en permanence des t‰ches nouvelles |
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On lui attribue volontairement et systŽmatiquement des t‰ches
infŽrieures ˆ ses compŽtences |
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On fait pression sur elle pour qu'elle ne fasse pas valoir ses
droits ( congŽs, horaires, primes) |
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On fait en sorte qu'elle n'obtienne pas de promotion |
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On lui attribue contre son grŽ des travaux dangereux |
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On lui attribue des t‰ches incompatibles avec sa santŽ |
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On occasionne des dŽg‰ts ˆ son poste de travail |
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On lui donne dŽlibŽrŽment des consignes impossibles ˆ exŽcuter |
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On ne tient pas compte des avis mŽdicaux formulŽs par le mŽdecin
du travail |
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On la pousse ˆ la faute |
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Isolement et refus de communication |
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On interrompt sans cesse la victime |
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Ses supŽrieurs hiŽrarchiques ou ses collgues ne lui parlent
plus |
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On communique avec elle uniquement par Žcrit |
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On refuse tout contact mme visuel avec elle |
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On l'installe ˆ l'Žcart des autres |
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On ignore sa prŽsence en s'adressant exclusivement aux autres |
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On interdit ˆ ses collgues de lui parler |
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On ne la laisse plus parler aux autres |
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La direction refuse toute demande d'entretien |
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Atteinte ˆ la dignitŽ |
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On utilise des propos mŽprisants pour la qualifier |
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On utilise envers elle des gestes de mŽpris ( soupirs, regards
mŽprisants, haussements d'Žpaules |
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On la discrŽdite auprs des collgues, des supŽrieurs ou des
subordonnŽs |
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On fait courir des rumeurs ˆ son sujet |
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On lui attribue des problmes psychologiques ( on dit que c'est
une malade mentale) |
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On se moque de ses handicaps ou de son physique; on l'imite ou
on la caricature |
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On critique sa vie privŽe |
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On se moque de ses origines ou de sa nationalitŽ |
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On s'attaque ˆ ses croyances religieuses ou ˆ ses convictions
politiques |
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On lui attribue des t‰ches humiliantes |
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On l'injurie avec des termes obscnes ou dŽgradants |
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Violence verbale, physique ou sexuelle |
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On menace la victime de violences physiques |
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On l'agresse physiquement, mme lŽgrement, on la bouscule, on
lui claque la porte au nez |
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On hurle contre elle |
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On envahit sa vie privŽe par des coups de tŽlŽphone ou des
lettres |
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On la suit dans la rue, on la guette devant son domicile |
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On occasionne des dŽg‰ts ˆ son vŽhicule |
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On la harcle ou on l'agresse sexuellement ( gestes ou propos) |
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On ne tient pas compte de ses problmes de santŽ |
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Les techniques de
harclement
La maltraitance
dans les relations de travail
Le suivi des patients a permis de rŽpertorier les
mŽcanismes utilisŽs. LÕentretien avec un patient doit permettre leur repŽrage.
Leur utilisation isolŽe fait partie des rapports de force dans la vie
sociale mais ne constitue pas un systme rŽpŽtitif utilisŽ pour obtenir la
reddition Žmotionnelle du sujet.
Elles assoient la relation de pouvoir :
il s'agit de tutoyer sans rŽciprocitŽ, de couper la parole, d'utiliser un
niveau verbal ŽlevŽ et menaant, de faire dispara”tre les savoir-faire sociaux
(ni bonjour, ni au revoir, ni merci), de critiquer systŽmatiquement le travail
ou le physique du salariŽ, d'utiliser des injures publiques, sexistes,
racistes, de cesser toute communication verbale (post-it, notes de service), de
siffler le salariŽ, de le regarder avec mŽpris, de le bousculer,
le frapper.
Elles visent la sŽparation du sujet de
son collectif de travail par des changements d'horaires, l'omission
d'information sur les rŽunions, l'injonction faite aux autres salariŽs de ne
plus communiquer avec la personne dŽsignŽe.
Elles passent par la surveillance des
faits et gestes : contr™le des communications tŽlŽphoniques par
amplificateur ou Žcoute, vŽrification des tiroirs, casiers, poubelles, sacs ˆ
main du salariŽ, contr™le de la durŽe des pauses, des absences, contr™le des
conversations et des relations avec les collgues, obligation de laisser la
porte du bureau ouverte Ç pour que je vous voie È ;
enregistrement, notations sur un cahier.
Elles
visent la perte du sens du travail.
Les
injonctions paradoxales : faire refaire une t‰che dŽjˆ faite, faire
travailler une secrŽtaire par terre, corriger des fautes inexistantes, dŽfinir
une procŽdure d'exŽcution de la t‰che et une fois qu'elle est exŽcutŽe,
contester la procŽdure, dŽchirer un rapport qui vient d'tre tapŽ car devenu
inutile, exiger de coller les timbres ˆ distance imposŽe du bord de l'enveloppe
en s'aidant d'une rgle, donner des consignes confuses et contradictoires qui
rendent le travail infaisable et qui poussent ˆ la faute, faire venir le
salariŽ et ne pas lui donner de travail.
La
mise en scne de la disparition : supprimer des t‰ches dŽfinies dans le
contrat de travail ou le poste de travail, et notamment des t‰ches de
responsabilitŽ, pour les confier ˆ un autre sans avertir le salariŽ, le priver
de bureau, de tŽlŽphone, de PC, vider les armoires.
La
reddition Žmotionnelle par hyperactivitŽ : fixer des objectifs
irrŽalistes et irrŽalisables entretenant une situation d'Žchec, un Žpuisement
professionnel et des critiques systŽmatiques, dŽposer les dossiers urgents cinq
minutes avant le dŽpart du salariŽ.
Elles mettent le salariŽ en situation de
justification constante : notes de service systŽmatiques (jusqu'ˆ
plusieurs par jour), utilisation de lettre recommandŽe avec accusŽ de
rŽception, avertissements montŽs de toutes pices, heures supplŽmentaires non
payŽes, indemnitŽs d'arrt maladie non payŽes, vacances non accordŽes au
dernier moment.
Ces
mŽcanismes sont de vŽritables techniques altŽrant le rapport du sujet au rŽel
du travail et dont le but ultime est la dŽsaffiliation du collectif de travail.
L'analyse des dŽcisions de justice sanctionnant la maltraitance recoupe et
confirme la typologie rŽpertoriŽe.
Marie Grenier-PezŽ, Marie-Christine Soula,
Paul Bouaziz, Martine Imbeaux, Catherine Roche, Nicolas Sandret, Sylvie Rondet
CASH Nanterre/H™pital Raymond PoincarŽ,
Garches/CIEAMT Versailles/SOMIE Paris/CHU CrŽteil/DRTEFP Ile-de-France
DŽfinitions
lŽgislatives spŽcifiques au harclement moral
Etranger
Sude : le Conseil SuŽdois de la SŽcuritŽ et de la SantŽ au Travail dŽfinit depuis 1993 le harclement moral, employant lÕexpression de Ç persŽcution È, comme Ð des actes rŽcurrents de nature rŽprŽhensible ou nettement nŽgative commis ˆ lÕencontre des travailleurs individuels de faon blessante et pouvant entra”ner lÕexclusion des travailleurs visŽs de la communautŽ formŽe par le lieu de travail.
Belgique : la Loi du 11 juin 2002 relative ˆ la protection contre la violence et le harclement moral ou sexuel au travail dŽfinit le harclement moral au travail :
Ç On appelle harclement moral au travail les conduites abusives et rŽpŽtŽes de toute origine, externe ou interne ˆ lÕentreprise ou lÕinstitution, qui se manifestent notamment par des comportements, des paroles, des intimidations, des actes, des gestes et des Žcrits unilatŽraux, ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte ˆ la personnalitŽ, la dignitŽ ou lÕintŽgritŽ physique ou psychique dÕun travailleur (ou dÕune personne ˆ qui la loi sÕapplique) lors de lÕexŽcution de son travail, de mettre en pŽril son emploi ou de crŽer un environnement intimidant, hostile, dŽgradant ou offensant È.
Canada : la Loi sur les normes du travail comprend une clause traitant spŽcifiquement du harclement psychologique qui entrera en vigueur en juin 2004. La notion de harclement psychologique a ŽtŽ dŽfinie de la faon suivante :
Ç On entend par harclement psychologique toute conduite vexatoire se manifestant, soit par des comportements, des paroles, des actes ou des gestes rŽpŽtŽs qui sont hostiles ou non dŽsirŽs, laquelle porte atteinte ˆ la dignitŽ ou ˆ lÕintŽgritŽ psychologique ou physique du salariŽ et qui entra”ne pour celui-ci un milieu de travail nŽfaste.
Une seule conduite grave peut aussi constituer du harclement psychologique si elle porte atteinte et produit un effet nocif continu pour le salariŽ[1] È.
DISPOSITIONS LEGISLATIVES
HARCELEMENT MORAL
SECTEUR PRIVE
1) Rappel du principe de Ç bonne foi È dans les relations de travail
Art. L. 120-4 (Code du Travail) : Le contrat de travail est exŽcutŽ de bonne foi.
2) DŽfinition du harclement moral au travail
Art. L. 122-49 (Code du Travail) Ð Aucun salariŽ ne doit subir les agissements rŽpŽtŽs de harclement moral qui ont pour objet ou pour effet une dŽgradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte ˆ ses droits et ˆ sa dignitŽ, dÕaltŽrer sa santŽ physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel.
3) Protection
des victimes et des tŽmoins
Art. L. 122-49 (Code du Travail)
(suite) : Aucun salariŽ ne peut tre sanctionnŽ, licenciŽ, ou faire
lÕobjet dÕune mesure discriminatoire, directe ou indirecte, notamment en matire de rŽmunŽration, de formation, dÕaffectation,
de qualification, de
classification, de promotion professionnelle, de mutation ou de renouvellement de contrat pour
avoir subi, ou refusŽ de subir, les agissements dŽfinis ˆ lÕalinŽa prŽcŽdent ou
pour avoir tŽmoignŽ de tels agissements ou les avoir relatŽs. Toute rupture de
contrat qui en rŽsulterait, toute disposition ou tout acte contraire
est nul de plein droit.
4) Obligation
de prŽvention de lÕemployeur
Art. L. 122-51 (Code du Travail) : il
appartient au chef dÕentreprise de prendre toutes dispositions nŽcessaires
en vue de prŽvenir les agissements visŽs ˆ lÕarticle L. 122-49.
Le chef dÕŽtablissement doit planifier la prŽvention en y
intŽgrant dans un ensemble cohŽrent, la technique, lÕorganisation du travail ,
les conditions de travail, les relations sociales et lÕinfluence des facteurs
ambiants, notamment en ce qui concerne les risques liŽs au harclement moral
(art L.230-2, II g)
Art L 230-2 du Code du Travail : le chef dÕŽtablissement doit protŽger la santŽ physique et mentale des salariŽs,
5) Rglement
intŽrieur
Art. L. 122-34 (alinŽa ) (Code du Travail) : Le rglement intŽrieur rappelle Žgalement les dispositions relatives ˆ lÕinterdiction de toute pratique de harclement moral.
6)
Prise en compte par le CHSCT, les DP et le mŽdecin
du W de la santŽ Ç physique et mentale È des salariŽs :
Le CHSCT a pour mission
de contribuer ˆ la protection de la santŽ
physique et mentale et de la sŽcuritŽ des salariŽs. Il peut proposer
des actions de prŽvention en matire de harclement moral. art. L. 236-2 du
Code du Travail
-
droit dÕalerte des dŽlŽguŽs du personnel (art.
L. 422-1-1 du Code du Travail) Žtendu aux cas dÕatteintes ˆ la santŽ physique et mentale des salariŽs.
-
r™le du mŽdecin du travail (art. L. 241-10 du
Code du Travail) le mŽdecin du travail peut proposer au chef dÕentreprise des
mesures individuelles telles que mutations ou transformations de postes
justifiŽes par des considŽrations relatives ˆ la santŽ physique et mentale des salariŽs.
7) Instauration
dÕune procŽdure de mŽdiation
Art L 122-54 du Code du Travail ( nouveau dispositif sur la mŽdiation)
Une procŽdure de mŽdiation peut tre engagŽe par toute personne de lÕentreprise sÕestimant victime de harclement moral.
Elle peut Žgalement tre mise en Ïuvre par la personne mise en cause. Le choix du mŽdiateur fait lÕobjet dÕun accord entre les parties.
8) AmŽnagement de la charge de la
preuve pour le harclement
9) Actions
en justice des organisations syndicales
(art. L 122-53 C. du
travail)
En cas de harclement moral ou sexuel, les
organisations syndicales reprŽsentatives
peuvent se substituer ˆ un salariŽ (avec son accord Žcrit) pour exercer
en justice. (art. L 122-53 C. du
travail)
10) Sanctions
Sanctions
disciplinaires
Art. L. 122-50 (Code du Travail) : est passible dÕune sanction disciplinaire tout salariŽ ayant procŽdŽ aux agissements dŽfinis ˆ lÕarticle L. 122-49.
Sanctions
pŽnales
La loi
instaure deux sanctions pŽnales : une dans le Code du travail et une autre
dans le Code PŽnal.
dans le code pŽnal
(art. 222-33-2) : le fait de harceler autrui par des agissements rŽpŽtŽs
ayant pour objet ou pour effet une dŽgradation des conditions de travail
susceptible de porter atteinte ˆ ses droits ou ˆ sa dignitŽ, dÕaltŽrer sa santŽ
physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel est puni dÕun
an dÕemprisonnement et de 15 000 Û dÕamende
dans le code du travail : (art. L. 152-1-1) : les infractions ˆ lÕarticle L
122-49
(interdiction du harclement moral et protection des victimes, tŽmoins
ou personnes ayant relatŽ des faits constituant un harclement moral) sont
punies dÕun an dÕemprisonnement et/ou de 3 750 Û dÕamende
DISPOSITIONS LEGISLATIVES
HARCELEMENT MORAL
FONCTION PUBLIQUE
1) La loi interdit le harclement moral
La loi reprend la mme prohibition que pour le secteur privŽ : aprs lÕarticle 6 quater de loi du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires, un article 6 quinquies est ainsi rŽdigŽ :
Aucun fonctionnaire ne doit subir les agissements rŽpŽtŽs de harclement moral ayant pour objet ou pour effet une dŽgradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte ˆ ses droits et ˆ sa dignitŽ, dÕaltŽrer sa santŽ physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel.
2) La loi protge la victime et les tŽmoins
La protection de la victime et des tŽmoins est adaptŽe aux particularitŽs de la fonction publique :
Aucune mesure concernant notamment le recrutement, la titularisation, la formation, la notation, la discipline, la promotion, lÕaffectation et la mutation ne peuvent tre prises ˆ lÕŽgard dÕun fonctionnaire en prenant en considŽration :
- le fait quÕil ait subi ou refusŽ de subir les agissements de harclement moral visŽs au 1¡ alinŽa.
- le fait quÕil ait exercŽ un recours auprs dÕun supŽrieur hiŽrarchique ou engagŽ une action en justice visant ˆ faire cesser ces agissements.
ou bien le fait quÕil ait tŽmoignŽ de tels agissements ou quÕil les ait relatŽs.
3) La loi prŽvoit des sanctions
Tout agent auteur dÕun harclement moral est dŽsormais
passible dÕune sanction disciplinaire.
Les dispositions du nouvel article 222-33-2 du code pŽnal
(amende 15 000 Û, 1 an de prison) sont applicables ˆ la fonction publique.
AGISSEMENTS HOSTILES
CARACTERISTIQUES
pouvant tre
considŽrŽs comme des critres objectifs de harclement moral au regard de la
loi
(liste de Marie-France Hirigoyen)
Ma”tre Coroller-Becquet- Quimper
ATTEINTES AUX CONDITIONS DE TRAVAIL
A 1 On retire ˆ la victime son autonomie
A 2 On ne lui transmet pas les informations utiles ˆ la rŽalisation dÕune t‰che
A 6 On lui retire le travail
qui normalement lui incombe
A 7 On lui donne en permanence des t‰ches nouvelles
Ces critres font appel ˆ des notions trop subjectives pour pouvoir tre prouvŽs. De plus, le tissu industriel franais est composŽ de nombreuses petites entreprises au sein desquelles il nÕy a pas de dŽfinitions de t‰ches, ce qui rend difficile tout contr™le dÕune perte dÕautonomie.
A 3 On conteste
systŽmatiquement toutes ses dŽcisions
Ce critre est Žgalement trs subjectif dans la mesure o seul lÕemployeur a un pouvoir de dŽcision. En ce qui concerne les cadres, de tels agissements restent Žgalement difficiles ˆ prouver, mis ˆ part sÕils travaillent dans une entreprise au sein de laquelle une dŽmarche qualitŽ a ŽtŽ mise en place avec une dŽfinition prŽcise de leurs fonctions et de leurs t‰ches.
A 4 On critique son travail
injustement ou exagŽrŽment
Sans dŽfinitions de t‰ches prŽcises et sans preuves Žcrites des critiques, cet agissement est Žgalement trs difficile ˆ prouver car il fait Žgalement appel ˆ des perceptions pouvant tre subjectives.
A 5 On lui retire lÕaccs aux
outils de travail
Dans certains cas, lÕemployŽ peut faire appel ˆ lÕinspecteur du travail ou ˆ un huissier qui pourront objectiver cet agissement ; or, dans la rŽalitŽ, il sÕavre que les personnes harcelŽes nÕont bien souvent plus la capacitŽ de juger ce qui est dans lÕordre des choses et ce qui ne lÕest pas.
A 8 On lui attribue volontairement et systŽmatiquement des t‰ches infŽrieures ˆ ses compŽtences
Cet agissement peut tre prouvŽ dans la mesure o la qualification de lÕemployŽ appara”t sur son contrat de travail ou si elle peut tre dŽfinie en rŽfŽrence ˆ la convention collective (dans le cas o celle-ci donne une dŽfinition des fonctions et des t‰ches). Encore faut-il quÕil soit prouvŽ que cette pratique est systŽmatique et volontaire ; en effet, dans de nombreuses entreprises, notamment celles de petite taille, chacun est amenŽ ˆ tre polyvalent.
Au surplus, il arrive parfois que certaines personnes pensent avoir ˆ jouer un r™le important dans lÕentreprise. Leur perception des choses est souvent subjective, ce qui peut leur donner le sentiment que leurs compŽtences ne sont pas suffisamment reconnues et quÕelles font lÕobjet dÕun traitement discriminatoire.
Enfin, lors dÕune redistribution des t‰ches souvent liŽe ˆ une rŽorganisation de lÕentreprise, elles peuvent Žprouver lÕimpression dÕavoir ˆ accomplir des t‰ches infŽrieures ˆ leurs compŽtences, sans pour autant que la modification de leurs t‰ches traduise une volontŽ de les humilier ou de les rŽtrograder.
A 9 On fait pression sur elle
pour quÕelle ne fasse pas valoir ses droits
On peut apporter la preuve de cet agissement dans les entreprises o existe un certain mode de communication (Intranet par exemple)
A 10 On fait en sorte quÕelle
nÕobtienne pas de promotion
A nouveau, cette notion est difficile ˆ prouver car bien souvent, les systmes de notation sont biaisŽs, ne correspondent pas ˆ la rŽalitŽ. Ils peuvent ainsi devenir une source de frustration.
A 11 On lui attribue contre
son grŽ des travaux dangereux
Cette notion de danger se rŽfre ˆ quelque chose de plus objectif. LÕinspecteur du travail peut se dŽplacer et Žtablir un rapport mentionnant la nature de la t‰che, les outils utilisŽs, le lieu dÕexercice. En tout Žtat de cause, cet agissement ne peut tre considŽrŽ comme relevant dÕun processus de harclement que sÕil existe une systŽmatisation de la dŽsignation dÕune mme personne pour accomplir ces t‰ches dangereuses.
A 12 On lui attribue des
t‰ches incompatibles avec sa santŽ
A 15 On ne tient pas compte
des avis mŽdicaux formulŽs par le mŽdecin du travail
Nous sommes dans des situations qui relvent de la faute Žvidente, caractŽristique ou de la nŽgligence. Les procŽdŽs utilisŽs dans le harclement sont beaucoup plus insidieuxÉDonc, on si lÕon peut effectivement apporter relativement facilement la preuve de cet agissement, notamment par lÕintermŽdiaire du mŽdecin du travail, pour autant, il ne relve pas forcŽment du harclement moral.
Cette situation est relativement marginale dans la mesure o ces agissements laisseraient des preuves trop Žvidentes.
A 13 On occasionne des dŽg‰ts
ˆ son poste de travail
A nouveau, ces dŽg‰ts peuvent tre constatŽs par un huissier, lÕinspecteur du travail, ou en fournissant la facture ayant trait aux rŽparations. Dans la rŽalitŽ, cet agissement est difficile ˆ prouver : comment une couturire dont la machine ne fonctionne plus pourra-t-elle Žtablir que la petite vis manquante a ŽtŽ volontairement ™tŽe ?
A 14 On lui donne dŽlibŽrŽment
des consignes impossibles ˆ effectuer
Il est extrmement difficile de prouver quÕune consigne est impossible ˆ effectuer ; il peut sÕagir dÕune impression subjective. De plus, bien souvent, il est Žgalement difficile de prouver que cette consigne a ŽtŽ donnŽeÉ(absence de dŽfinition de t‰che et de consignes Žcrites)
A 16 On la pousse ˆ la faute
Dans cette situation, le salariŽ a la possibilitŽ de rŽpliquer par des courriers invitant lÕemployeur ˆ justifier les demandes faites au salariŽ, quÕil soit lÕauteur ou non de cet agissement..
ISOLEMENT ET REFUS DE COMMUNICATION
B 1 On interrompt sans cesse
la victime
Ce comportement est improuvable.
B 2 Ses supŽrieurs
hiŽrarchiques ou ses collgues ne lui parlent plus
B 4 On refuse tout contact,
mme visuel, avec elle
B 6 On ignore sa prŽsence en
sÕadressant exclusivement aux autres
B 7 On interdit ˆ ses
collgues de lui parler
B 8 On ne la laisse plus
parler aux autres
Bien souvent, ces comportements visant une personne donnŽe relvent dÕune instruction non-dite. NŽanmoins, si le salariŽ porte plainte auprs du procureur et quÕune enqute est menŽe, il arrive que les langues se dŽlient.
B 3 On communique avec elle
uniquement par Žcrit
Cet agissement nÕest pas systŽmatiquement caractŽristique dÕune situation de harclement. Il peut sÕagir dÕun mode de fonctionnement liŽ ˆ lÕorganisation de lÕentreprise ou qui peut rŽvŽler un conflit sans relation aucune avec un harclement.
B 5 On lÕinstalle ˆ lÕŽcart
des autres
Dans ce cas, un huissier ou lÕinspecteur du travail peuvent se dŽplacer et constater la mise ˆ lÕŽcart.
B 9 La direction refuse toute demande dÕentretien
Si lÕon peut effectivement prouver que la direction refuse de rencontrer le salariŽ, cet agissement ne relve pas systŽmatiquement dÕun processus de harclement. En effet, certains salariŽs gŽnrent ce type de rŽaction de la part de leur direction par leur attitude : revendications, contestations permanentesÉet ne sont pas pour autant harcelŽs.
ATTEINTES A LA DIGNITE
C 1 On utilise des propos
mŽprisants pour la qualifier
Ces agissements peuvent tre objectivŽs lors dÕune enqute, sÕils sont systŽmatiquement dirigŽs vers une personne. Dans certaines entreprises, lÕutilisation de propos mŽprisants ˆ lÕŽgard des salariŽs sÕapparente ˆ une tradition, sans pour autant que lÕun dÕeux soit spŽcifiquement visŽ ou que lÕon cherche ˆ nuire.
C 2 On utilise envers elle des
gestes de mŽpris
C 3 On la discrŽdite auprs
des collgues, des supŽrieurs ou des subordonnŽs
C 4 On fait courir des rumeurs
ˆ son sujet
C 5 On lui attribue des problmes psychologiques
A nouveau, une enqute peut avoir un Ç effet de levier È, amenant un salariŽ, puis dÕautres ˆ tŽmoigner de ces agissements commis ˆ lÕencontre dÕune personne donnŽe.
C 6 On se moque de ses
handicaps ou de son physique, on lÕintimide ou on la caricature
C 7 On critique sa vie privŽe
C 9 On sÕattaque ˆ ses croyances religieuses ou ˆ ses convictions
politiques
Une enqute pourra ˆ nouveau amener certains collgues ˆ tŽmoigner, le handicap, les origines, les croyances politiques, etc.É Žtant des caractŽristiques pouvant tre objectivŽes.
Cela dit, ces agissements ne sont pas forcŽment constitutifs dÕun processus de harclement ; ils peuvent simplement relever de la btiseÉ
De plus, en ce qui concerne les deux derniers agissements, il existe des lois contre les discriminations.
C 10 On lui attribue des
t‰ches humiliantes
Dans ce cas, ces t‰ches pouvant tre objectivement dŽfinies, le salariŽ peut faire appel ˆ lÕinspection du travail.
VIOLENCE VERBALE, PHYSIQUE OU SEXUELLE
D 1 On menace la victime de
violences physiques
D 2 On lÕagresse physiquement,
mme lŽgrement, on la bouscule, on lui claque la porte au nez
Ces agissements ont rarement lieu en prŽsence de tŽmoinsÉdans le cas inverse, une enqute pourra Žventuellement amener les collgues ˆ tŽmoigner.
D 3 On hurle contre elle
Cet agissement nÕest pas forcŽment constitutif de harclement dans la mesure o certaines personnes ne sÕexpriment que de cette faon.
D 4 On envahit sa vie privŽe
par des coups de tŽlŽphone ou des lettres
D 5 On la suit dans la rue, on
la guette devant son domicile
Ces situations se rencontrent rarement, mais sont objectivement prouvables. NŽanmoins, il peut sÕagir de comportements Žmanant de personnes dŽsŽquilibrŽes, de pressions, sans intention de nuire ˆ la personne et ne relevant pas dÕun processus de harclement.
D 6 On occasionne des dŽg‰ts ˆ
son vŽhicule
Il sÕagit en gŽnŽral de violence ordinaire, mais ces agissements peuvent nŽanmoins rŽvŽler une situation de harclement moral. Dans ce cas, une enqute pourra Žtablir les faits.
D 7 On la harcle ou on
lÕagresse sexuellement
La rŽponse se trouve dans la question puisque lÕon retrouve le mot Ç harclement È dans la phrase. Ce type dÕagissement relve dÕautres dispositions lŽgislatives.
Je pense que le harclement moral a des caractŽristiques particulires, diffŽrentes de celles du harclement sexuel. Cela dit, lÕagissement citŽ peut constituer un prŽlude ˆ une situation de harclement moral.
D 8 On ne tient pas compte de
ses problmes de santŽ
Ce critre en rejoint dÕautres, notamment celui mentionnant que lÕon attribue ˆ la victime des t‰ches incompatibles avec son Žtat de santŽ.
US.
Hostile Workplace Survey 2000[2]
Les participants du sondage ont complŽtŽ une checklist de 35 items sur la santŽ. Les pourcentages sont rapportŽs pour les catŽgories les plus frŽquemment rencontrŽes, classŽes par ordre dŽcroissant.
- AnxiŽtŽ grave (94%)
- Troubles du sommeil (84%)
- Perte de concentration (82%)
- Sensation dÕŽnervement, rŽaction de sursaut frŽquente (80%) (hypervigilance/ESPT)
- Obsession envers les motifs et les tactiques du harclement (76%)
- Migraines liŽes au stress (64%)
- Evitement des sentiments, des lieux, des situations Žvoquant le traumatisme (49%) (Žvitement/ESPT)
- Honte ou gne qui ont changŽ le mode de vie/ les routines (49%)
- Tachycardie (48%)
- Souvenirs rŽcurrents (46%) (pensŽes intrusives/ESPT)
- Epuisement physique, incapacitŽ ˆ fonctionner (45%)
- Douleurs corporelles apparues rŽcemment Ð muscles ou articulations (43%)
- Diagnostic de dŽpression (41%)
- Variation de poids significative (perte ou augmentation) (40%)
- Usage accru de substances pour faire face : tabac, alcool, drogues/mŽdicaments, nourriture (35%)
- Crises de panique (33%)
- TMJ (serrement de m‰choires/grincements de dents) (32%)
- Syndrome de fatigue chronique (31%)
- Syndrome dÕirritation des intestins (colites) (25%)
- Migraines (23%)
- Douleurs ˆ la poitrine (21%)
Consultation
Ç Souffrance et Travail È,
DŽpartement de consultations et de santŽ publique du Pr HervŽ
H™pital Max Fourestier, Nanterre
RŽsultats de lÕŽtude quantitative dÕune cohorte de 96
patients harcelŽs : approche sociologique (C. de Gasparo, M. PezŽ)
tableau clinique des personnes harcelees
Phase
dÕalerte : sympt™mes repŽrables
|
Hommes |
Femmes |
Ensemble (en %) |
AnxiŽtŽ |
35.5 |
44.4 |
41.5 |
Troubles du sommeil |
16.1 |
17.5 |
17 |
DŽsengagement social |
3.2 |
4.8 |
4.3 |
Ennui |
_ |
_ |
_ |
Augmentation de prise de mŽdicaments |
_ |
1.6 |
1.1 |
Consommation dÕalcool |
_ |
_ |
_ |
Consommation de psychotropes |
_ |
1.6 |
1.1 |
Etat de fatigue |
6.5 |
7.9 |
7.4 |
Repli sur soi-mme |
16.1 |
19 |
18.1 |
Hypervigilance et hyperactivitŽ au travail |
41.9 |
30.2 |
34 |
Phase de
dŽcompensation
|
Hommes |
Femmes |
Ensemble (en %) |
Stress post-traumatique |
54.8 |
69.8 |
64.9 |
Affects de peur sur le chemin du travail |
32.3 |
47.6 |
42.6 |
AnxiŽtŽ, angoisse avec manifestations physiques |
61.3 |
77.8 |
72.3 |
Cauchemars intrusifs |
64.5 |
76.2 |
72.3 |
RŽveils en sueur |
22.6 |
14.3 |
17 |
Insomnie rŽactionnelle |
41.9 |
49.2 |
46.8 |
Retour en boucle des scnes violentes, etc. |
29 |
36.5 |
34 |
Pleurs frŽquents |
16.1 |
60.3 |
45.7 |
DŽpression |
35.5 |
30.2 |
31.9 |
DŽsarroi identitaire spŽcifique |
41.9 |
38.1 |
39.4 |
Sentiment de culpabilitŽ, position dŽfensive de justification |
22.6 |
36.5 |
31.9 |
Perte de lÕestime de soiÉ |
45.2 |
38.1 |
40.4 |
Restriction de la vie sociale et affective |
16.1 |
20.6 |
19.1 |
Atteintes cognitives |
41.9 |
49.2 |
46.8 |
Atteintes somatiques |
35.5 |
39.7 |
38.3 |
Raptus suicidaire |
19.4 |
17.5 |
18.1 |
RŽpression de lÕagressivitŽ rŽactionnelle |
12.9 |
6.3 |
8.5 |
Atteintes de la sphre gynŽcologique |
_ |
28.6 |
19.1 |
CIM-10
Classification
Internationale des Troubles Mentaux et des troubles du Comportement
F43-.1 Etat de stress post-traumatique
Ce trouble constitue une rŽponse diffŽrŽe ou prolongŽe ˆ une situation ou ˆ un ŽvŽnement stressant (de courte ou de longue durŽe) exceptionnellement menaant ou catastrophique et qui provoquerait des sympt™mes Žvidents de dŽtresse chez la plupart des individus (par exemple catastrophe naturelle ou dÕorigine humaine, guerre, accident grave, mort violente en prŽsence du sujet, torture, terrorisme et autres crimes). Des facteurs prŽdisposants, comme certains traits de personnalitŽ (par exemple compulsive ou asthŽnique) ou des antŽcŽdents de type nŽvrotique, peuvent favoriser la survenue du syndrome ou aggraver son Žvolution ; ces facteurs ne sont toutefois ni nŽcessaires ni suffisants pour expliquer la survenue de ce syndrome.
Les sympt™mes typiques comprennent la reviviscence rŽpŽtŽe de lÕŽvŽnement traumatique, des souvenirs envahissants (flash-back), des rves ou des cauchemars ; ils surviennent dans un contexte durable dÕasthŽnie psychique et dÕŽmoussement Žmotionnel, de dŽtachement par rapport aux autres, dÕinsensibilitŽ ˆ lÕenvironnement, dÕanhŽdonie, et dÕŽvitement des activitŽs ou des situations pouvant rŽveiller le souvenir du traumatisme. Il existe habituellement une peur et un Žvitement des stimuli associŽs au traumatisme. Dans certains cas, lÕexposition ˆ des stimuli rŽveillant brusquement le souvenir ou la reviviscence du traumatisme ou de la rŽaction initiale peut dŽclencher une crise dÕangoisse, une attaque de panique ou une rŽaction agressive.
Les sympt™mes prŽcŽdents sÕaccompagnent habituellement dÕune hyperactivitŽ neurovŽgŽtative, avec hypervigilance, Žtat de Ç qui-vive È et insomnie, associŽs frŽquemment ˆ une anxiŽtŽ, une dŽpression, ou une idŽation suicidaire. Le trouble peut tre ˆ lÕorigine dÕun abus dÕalcool ou dÕune autre substance psycho-active.
La pŽriode sŽparant la survenue du traumatisme et celle du trouble peut varier de quelques semaines ˆ quelques mois (mais il est rare quÕelle dŽpasse 6 mois). LÕŽvolution est fluctuante, mais se fait vers la guŽrison dans la plupart des cas. Dans certains cas, le trouble peut prŽsenter une Žvolution chronique, durer de nombreuses annŽes, et conduire ˆ une modification durable de la personnalitŽ.
Directives pour le
diagnostic
Le diagnostic repose sur la mise en Žvidence de sympt™mes typiques survenus dans les 6 mois suivant un ŽvŽnement traumatisant et hors du commun. Lorsque la survenue est diffŽrŽe de plus de 6 mois, un diagnostic Ç probable È reste encore possible si les manifestations cliniques sont typiques et si elles ne peuvent pas tre attribuŽes ˆ un autre trouble (par exemple un trouble anxieux, un trouble obsessionnel-compulsif, ou un trouble dŽpressif).
LÕŽvŽnement traumatique doit
tre constamment remŽmorŽ ou revŽcu, comme en tŽmoigne la prŽsence de
reviviscences envahissantes, de souvenirs intenses ou de rves rŽpŽtitifs. Le
trouble sÕaccompagne souvent dÕun sentiment de dŽtachement, dÕune restriction
des affects, et dÕun Žvitement des stimuli qui Žveillent des souvenirs du
traumatisme, mais ces manifestations ne sont pas indispensables au diagnostic.
La prŽsence de perturbations neuro-vŽgŽtatives, de troubles de lÕhumeur, et de
troubles du comportement nÕest pas non plus nŽcessaire au diagnostic.
Les sŽquelles chroniques et irrŽversibles dÕun ESPT doivent tre classŽes sous F62.0 (modification durable de la personnalitŽ aprs une expŽrience de catastrophe).
Atteintes
aux conditions de travail |
a |
b |
c |
d |
e |
f |
g |
h |
i |
j |
k |
l |
Total |
|
|
|
A1 |
On retire
ˆ la victime son autonomie |
X |
|
|
|
|
X |
|
|
|
|
|
X |
3 |
|
|
A2 |
On ne lui
transmet pas les informations |
X |
|
X |
X |
|
X |
|
|
|
X |
X |
X |
7 |
|
|
A3 |
On conteste
systŽmatiquement toutes |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
X |
1 |
|
|
A4 |
On
critique son travail injustement ou |
X |
X |
|
|
X |
|
|
|
|
X |
|
X |
5 |
|
|
A5 |
On lui
retire l'accs aux outils de travail |
|
|
|
|
|
X |
|
X |
|
|
|
|
2 |
|
|
A6 |
On lui
retire le travail qui normalement |
|
|
X |
|
|
X |
|
|
|
|
|
|
2 |
|
|
A7 |
On lui
donne en permanence des t‰ches |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
_ |
|
|
A8 |
On lui
attribue volontairement et systŽmatique- |
|
X |
|
|
X |
|
|
|
|
X |
|
|
3 |
|
|
A9 |
On fait
pression sur elle pour qu'elle ne fasse |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
X |
1 |
|
|
A10 |
On fait en
sorte qu'elle n'obtienne pas |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
_ |
|
|
A11 |
On lui
attribue contre son grŽ des travaux |
|
|
|
|
X |
|
|
|
|
|
|
|
1 |
|
|
A12 |
On lui
attribue des t‰ches incompatibles |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
_ |
|
|
A13 |
On
occasionne des dŽg‰ts ˆ son poste |
|
|
|
X |
|
|
|
|
|
|
|
|
1 |
|
|
A14 |
On lui
donne dŽlibŽrŽment des consignes |
X |
|
|
X |
X |
|
|
X |
|
|
X |
|
5 |
|
|
A15 |
On ne
tient pas compte des avis mŽdicaux |
|
|
X |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1 |
|
|
A16 |
On la
pousse ˆ la faute |
|
X |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
X |
2 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Isolement
et refus de communication |
a |
b |
c |
d |
e |
f |
g |
h |
i |
j |
k |
l |
|
|
||
B1 |
On
interrompt sans cesse la victime |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
X |
1 |
|
|
B2 |
Ses
supŽrieurs hiŽrarchiques ou ses collgues |
|
|
|
|
|
X |
|
X |
|
|
|
|
2 |
|
|
B3 |
On
communique avec elle uniquement par Žcrit |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
_ |
|
|
B4 |
On refuse
tout contact mme visuel avec elle |
|
|
|
|
|
|
|
X |
|
|
|
|
1 |
|
|
B5 |
On
l'installe ˆ l'Žcart des autres |
|
|
|
|
|
X |
|
X |
|
|
X |
|
3 |
|
|
B6 |
On ignore
sa prŽsence en s'adressant |
X |
X |
|
X |
X |
|
|
X |
|
X |
X |
|
7 |
|
|
B7 |
On
interdit ˆ ses collgues de lui parler |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
_ |
|
|
B8 |
On ne la
laisse plus parler aux autres |
|
|
|
|
|
|
|
X |
|
|
|
|
1 |
|
|
B9 |
La
direction refuse toute demande d'entretien |
|
|
X |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
||
Atteinte ˆ la dignitŽ |
a |
b |
c |
d |
e |
f |
g |
h |
i |
j |
k |
l |
Total |
|
||
C1 |
On utilise
des propos mŽprisants pour |
X |
|
X |
|
X |
|
|
|
|
X |
X |
|
5 |
|
|
C2 |
On utilise
envers elle des gestes de mŽpris |
|
X |
|
|
|
|
|
|
|
X |
X |
|
3 |
|
|
C3 |
On la
discrŽdite auprs des collgues, |
X |
|
X |
|
|
X |
|
|
|
|
X |
|
4 |
|
|
C4 |
On fait
courir des rumeurs ˆ son sujet |
|
X |
|
|
X |
|
|
|
|
|
|
|
2 |
|
|
C5 |
On lui
attribue des problmes psychologiques |
|
X |
X |
|
|
|
|
|
|
X |
|
|
3 |
|
|
C6 |
On se
moque de ses handicaps ou de son |
|
|
|
X |
|
|
|
|
|
|
|
|
1 |
|
|
C7 |
On
critique sa vie privŽe |
|
|
|
|
|
X |
|
|
|
|
|
|
1 |
|
|
C8 |
On se
moque de ses origines ou |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
_ |
|
|
C9 |
On
s'attaque ˆ ses croyances religieuses ou |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
_ |
|
|
C10 |
On lui
attribue des t‰ches humiliantes |
X |
X |
X |
|
|
|
|
X |
|
|
X |
X |
6 |
|
|
C11 |
On
l'injurie avec des termes obscnes |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Violence
verbale, physique ou sexuelle |
a |
b |
c |
d |
e |
f |
g |
h |
i |
j |
k |
l |
|
|
||
D1 |
On menace
la victime de violences physiques |
|
|
|
X |
|
|
|
|
|
|
|
|
1 |
|
|
D2 |
On
l'agresse physiquement, mme lŽgrement, |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D3 |
On hurle
contre elle |
|
|
|
|
X |
|
|
|
|
X |
|
|
2 |
|
|
D4 |
On envahit
sa vie privŽe par des coups de |
|
|
|
X |
|
|
|
|
|
|
|
|
1 |
|
|
D5 |
On la suit
dans la rue, on la guette devant |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D6 |
On
occasionne des dŽg‰ts ˆ son vŽhicule |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D7 |
On la
harcle ou on l'agresse sexuellement |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D8 |
On ne
tient pas compte de ses problmes de |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
RŽcapitulatif : agissements les plus frŽquemment
retrouvŽs dans les situations de harclement moral au travail (ˆ partir de la liste des agissements hostiles de
Marie-France Hirigoyen)
cas concret
Liste de situations concrtes se rapportant ˆ
chaque type dÕagissement
Pour un chercheur, lÕautonomie rŽside avant tout dans le budget dont il dispose ; en effet, lÕargent qui lui est attribuŽ lui permet, dans une certaine mesure, dÕorganiser lÕavenir de son domaine dÕŽtudes en engageant le personnel et le matŽriel nŽcessaires ˆ ses recherches. LÕabsence de budget signifie la dŽpendance intŽgrale vis-ˆ-vis dÕautres personnes auxquelles appartiennent ds lors le pouvoir de dŽcision ; le chercheur, en perdant les crŽdits qui lui sont attribuŽs, perd donc par lˆ-mme son autonomie.
CÕest exactement ce qui est arrivŽ ˆ Pierre, qui, en lÕespace de deux ou trois ans, a vu son budget passer de plusieurs dizaines de millions de francs par an au nŽant absolu. Ainsi, il a trs rapidement perdu ˆ la fois les moyens matŽriels et techniques nŽcessaires au bon dŽroulement de ses recherches et la possibilitŽ dÕembaucher des stagiaires, des ingŽnieurs, des thŽsards et des techniciens. De plus, sa perte dÕautonomie sÕest Žgalement manifestŽe ˆ travers les difficultŽs quÕil a eues ˆ se dŽplacer. En effet, ˆ lÕŽpoque, Pierre disposait dÕun important rŽseau international auquel il rendait visite une fois par an ; lorsque H est devenu son chef, il a commencŽ ˆ lÕaccompagner dans chacune de ses missions, puis sÕest en quelque sorte attribuŽ le carnet dÕadresses de Pierre, gardant tous ses contacts pour lui et, ˆ la fin, leur rendant visite sans Pierre, quÕil laissait tout seul ˆ son bureau. Il fut dŽsormais coutume que les travaux de Pierre soient prŽsentŽs par d'autres, qui s'en attribuaient l'originalitŽ et le mŽrite, sans que ce dernier ne soit prŽsent ni ne puisse se dŽfendre.
FrŽquence : Il nÕy a pas eu de frŽquence ˆ proprement parler, dans la mesure o cÕest chaque jour que les consŽquences de la suppression de son budget se sont manifestŽes en entravant la bonne marche des travaux de Pierre.
Evaluation de la souffrance : Au jour le jour, Pierre Žvalue sa souffrance ˆ 2. NŽanmoins, il prŽcise que lorsquÕil repense ˆ tout ce quÕil a perdu depuis 1995, son niveau de souffrance global atteint 5.
La rŽalisation dÕune t‰che passe avant tout par la dŽfinition de celle-ci ; or, Pierre ne reoit plus de fiche d'objectifs ni de fiche de poste validŽs par sa direction, et il est ˆ sa connaissance le seul membre du Centre qui vive cette situation nÕa pas reu de fiche dÕobjectif.
La fiche d'objectifs et la fiche de poste ont pour objet de dŽfinir les principales t‰ches que le destinataire aura ˆ effectuer pendant lÕannŽe (comme la publication dÕun certain nombre dÕarticles dans des revues scientifiques, par exemple) et sa position prŽcise dans la hiŽrarchie. SignŽes ˆ la fois par le directeur et par lÕingŽnieur, elles constituent en quelque sorte un contrat de travail
NÕayant pas reu ni de fiche de poste ni de fiche d'objectifs clairement Žtablies, Pierre en a constituŽ lui-mme et les a transmises ˆ sa direction par mail pour accord ; celle-ci ne lui a jamais rŽpondu . Il ne disposait donc dÕaucun papier signŽ dans lequel seraient dŽfinies les t‰ches ˆ effectuer dans le courant de lÕannŽe.
DÕautre part, Pierre a Žgalement ŽtŽ coupŽ de lÕinformation en Žtant privŽ de courrier ; ds 1995, H sÕest substituŽ ˆ lui dans la rŽception du courrier, et depuis 1999, Pierre ne reoit plus que ses feuilles de paye. Pourtant, avant lÕarrivŽe de H ˆ son poste, cÕest par dizaines que se comptaient les lettres que Pierre recevait chaque jour. Il ne sÕagissait pas nŽcessairement de courriers trs importants, mais ceux-ci permettaient nŽanmoins de se tenir au courant des principaux ŽvŽnements qui se passaient dans le milieu.
Ainsi, Pierre a ŽtŽ peu ˆ peu coupŽ de tout ce qui touchait ˆ la vie du centre, ˆ lÕactivitŽ scientifique et au rŽseau extŽrieur. Mme certaines invitations nominatives ne lui ont pas ŽtŽ transmises ; par exemple, il avait lÕhabitude dÕtre invitŽ chaque annŽe ˆ un congrs trs pointu en Pennsylvanie, jusquÕau jour o, sÕŽtonnant de nÕavoir rien reu, il a pris contact avec les organisateurs qui lui ont pourtant assurŽ lui avoir envoyŽ une invitation ˆ son travail. Ainsi, mme des courriers trs personnels ont ŽtŽ filtrŽs et ne lui sont pas parvenus.
Par ailleurs, trs frŽquemment, dÕautres lettres (elles aussi adressŽes ˆ son nom), Žtaient ouvertes et diffusŽes ˆ tous les chefs de dŽpartement du Centre avant mme que Pierre en ait pris connaissance.
Enfin, lÕoccultation de lÕinformation sÕest Žgalement manifestŽe ˆ plusieurs reprises, notamment ˆ travers la demande qui a ŽtŽ faite ˆ Pierre dÕŽlaborer la vente dÕun brevet, travail sur lequel un autre ingŽnieur travaillait dŽjˆ ˆ son insu depuis plusieurs mois. Ainsi, alors que Pierre Žtait encore en train de travailler sur ce dossier, il a appris que lÕautre ingŽnieur Žtait parti aux Etats-Unis afin de le vendre sans quÕˆ aucun moment, personne ne lui ai dit que son travail avait dŽjˆ ŽtŽ effectuŽ par un autre.
FrŽquence : en ce qui concerne le courrier, il sÕagit dÕune occultation quotidienne de lÕinformation. Pour les grosses affaires, Pierre Žvalue la frŽquence de ce type dÕagissement ˆ environ une fois par mois.
Evaluation de la souffrance : selon ses propres termes, Ç a fait mal È. Pierre Žvalue sa souffrance ˆ 4.
A3 : on conteste systŽmatiquement toutes ses dŽcisions
Pierre nÕa jamais rŽellement subi ce type dÕagissement dans la mesure o, en tant quÕexpert, ses dŽcisions techniques nÕont jamais ŽtŽ contestŽes.
A4 : on critique son travail injustement ou exagŽrŽment
Le travail de Pierre a ŽtŽ critiquŽ de faon systŽmatique depuis 1996. Les seules preuves apparentes dont on dispose afin de le prouver rŽsident dans ses feuilles de notation ainsi que dans des mails quÕil recevait ˆ une frŽquence dÕenviron une fois par mois, o il lui Žtait reprochŽ de ne pas avoir effectuŽ des t‰ches pourtant accomplies. Au dŽpart, il sÕest rendu compte quÕen fin dÕannŽe, tous les travaux quÕil avait dirigŽs nÕŽtait pas transmis au directeur, qui lui reprochait donc une absence de rŽsultats, malgrŽ une activitŽ intense ponctuŽe par la publication frŽquente de thses. Ainsi, H ne lui disait rien en cours dÕannŽe il ne lui adressait jamais la parole), jusquÕˆ ce quÕil reoive sa fiche annuelle de notation dans laquelle H et le directeur lÕinformaient que tout ce quÕil avait fait Žtait ˆ recommencer. Le directeur lui reprochait de ne lui transmettre aucun rŽsultat, alors quÕil les communiquait rŽgulirement ˆ son supŽrieur hiŽrarchique direct, H ; cÕŽtait ce dernier qui avait Žtabli une sorte de censure en ne faisant part dÕaucun des rŽsultats de Pierre ˆ son directeur.
FrŽquence : Pierre recevait des mails environ une fois par mois, mais cÕest surtout la fiche annuelle de notation qui semble lÕavoir le plus marquŽ.
Evaluation de la souffrance : Pierre Žvalue sa souffrance ˆ 3.
A5 : on lui retire lÕaccs aux outils de travail (tŽlŽphone,
fax, ordinateurÉ)
Ce que lÕon a retirŽ ˆ Pierre de faon la plus rŽgulire, cÕŽtaient ses missions. En effet, alors que les autres commerciaux et ingŽnieurs partaient plusieurs fois par mois, parfois vers des destinations idylliques, lui ne partait quÕune ou deux fois par an ; on lui a refusŽ, ˆ plusieurs reprises et sans raison apparente, de partir en mission en Italie ou aux USA afin d'effectuer des opŽrations de venteÐ pendant quÕun autre ingŽnieur prenait lÕavion pour Hawa•. Ainsi, le nombre de ses missions devint totalement nŽgligeable comparŽ ˆ celui des autres membres du CentreÐ en particulier de H. Ses missions Žtaient pourtant, en tant que commercial, son principal outil de travail.
DÕautre part, dans le courant de lÕannŽe 2000, en arrivant ˆ son bureau, Pierre s'Žtonna par mail que 25 dossiers fussent supprimŽs de la base de donnŽes des affaires en cours alors qu'il y figurait lÕaffaire la plus importante quÕil avait ˆ traiter pendant lÕannŽe, susceptible de rapporter plusieurs millions de francs. Surpris par cette disparition, il sÕenquit auprs de H au sujet du devenir de ses dossiers, ˆ quoi lui fut rŽpondu que la base de donnŽes avait besoin de mŽnage, et que ce nÕŽtaient lˆ que de vieilles affaires qui avaient par consŽquent ŽtŽ archivŽes. Pierre devait donc, pour mener son affaire ˆ bien, tout recommencer depuis le dŽpart, puisque tous ses contacts, ses courriers et ses mails lui Žtaient dŽsormais inaccessibles. Aprs la dŽcompensation de Pierre, H ressortit cette affaire de la base de donnŽes et la confia ˆ un autre ingŽnieur.
Enfin, alors que ses collgues qui Žtaient commerciaux dans dÕautres centres disposaient dÕun budget destinŽ ˆ inviter leurs meilleurs clients au restaurant, Pierre sÕest vu refuser ce budget, se retrouvant par lˆ-mme obligŽ de faire face ˆ ses frais commerciaux avec son propre salaire.
FrŽquence : ˆ la plupart de ses demandes de mission, cÕest-ˆ-dire plusieurs fois par an.
Evaluation de la souffrance : Pierre affirme ne pas rŽellement en avoir souffert, dans la mesure o cÕŽtait le Centre qui p‰tissait du manque ˆ gagner dŽcoulant de son absence de missions. Il Žvalue donc sa souffrance ˆ 1. Toutefois, la destruction du dossier de sa plus grosse affaire fut une des causes de sa dŽcompensation.
A6 : on lui retire le travail qui normalement lui incombe
Cet agissement sÕest manifestŽ de la faon la plus frappante lorsque Pierre Žtait affectŽ au service affaires, chargŽ de la diversification. En effet, son supŽrieur hiŽrarchique, H, sÕoctroyait toutes les affaires qui relevaient directement du domaine de la diversification susceptibles de rapporter un gros chiffre dÕaffaires, et donc dÕaider Pierre ˆ remplir ses objectifs annuels. Il ne lui restait donc que les affaires peu lucratives ou incertaines. DÕautre part, H abusait de sa position hiŽrarchique afin de mettre des b‰tons dans les roues ˆ Pierre au moment de concrŽtiser les quelques affaires sur lesquelles il travaillait, exigeant de lui des pices quÕil lui Žtait impossible de fournir, et lui cachait des informations essentielles. H s'octroyait ainsi les bŽnŽfices qui Žtaient attachŽs au travail de Pierre, dont la promotion stagnait de ce fait.
On trouve un exemple frappant de ce type dÕagissement lorsquÕun industriel venu sÕinstaller ˆ La Rochelle avait, par lÕintermŽdiaire du technop™le, requis les services du Centre. Cet industriel Žtant totalement Žtranger au ministre dont le centre dŽpendait, lÕaffaire relevait entirement du service de diversification dont Žtait chargŽ Pierre. Pourtant, lÕaffaire ne lui a pas ŽtŽ attribuŽe. Il sÕen est donc ŽtonnŽ auprs de H, qui lui a rŽpondu que le directeur du technop™le avait explicitement demandŽ ˆ ce que Pierre ne soit pas chargŽ de cette affaire, en ajoutant quÕil nÕŽtait pas un homme de confiance. ProfondŽment choquŽ par cette assertion, quÕil estimait infondŽe, Pierre a contactŽ le directeur du technop™le qui a niŽ avoir tenu de tels propos, lui proposant mme dÕen tŽmoigner par Žcrit si cela pouvait lÕaider dans ses dŽmarches. Pierre a donc rŽŽcrit ˆ H afin de lui faire part de sa dŽmarche auprs du technop™le et, de nouveau, de son Žtonnement face au fait que lÕaffaire ne lui ait pas ŽtŽ attribuŽe. H nÕa pas pris la peine de lui rŽpondre, mais a transmis son courrier au directeur du Centre, qui sÕest retournŽ contre Pierre, affirmant que son comportement Žtait inadmissible et quÕil nÕŽtait gure convenable dÕagir ainsi avec les clients. Cette affaire a profondŽment marquŽ Pierre, en particulier lÕaccusation qui a ŽtŽ portŽe contre lui ; le fait de ne pas tre considŽrŽ comme un homme de confiance lÕa bouleversŽ et humiliŽ.
Enfin, aprs avoir rŽintŽgrŽ le service technique du Centre en tant que simple ingŽnieur, il a rapidement rŽalisŽ quÕil nÕavait quasiment rien ˆ faire par rapport ˆ ses collgues, qui Žtaient surchargŽs en permanence. Assez rapidement, la charge de travail qui lui Žtait demandŽe a atteint le nŽant ; or, il Žtait nŽcessaire que Pierre obtienne au moins une t‰che ˆ effectuer, sans quoi il lui Žtait impossible de pointer afin de justifier de ses heures de prŽsence au Centre, le code de pointage Ç inactivitŽ È ayant ŽtŽ supprimŽ. Il a donc ŽtŽ forcŽ ˆ mendier du travail auprs de ses collgues, dont certains Žtaient ses anciens subordonnŽs.
FrŽquence : Plusieurs fois par an.
Evaluation de la souffrance : La souffrance ressentie Žtait aigu‘, Pierre lÕŽvalue entre 4 et 5.
A7 : on lui donne en permanence des t‰ches nouvelles
Pierre nÕa jamais subi ce type dÕagissement.
A8: on lui
attribue volontairement et systŽmatiquement des t‰ches infŽrieures ˆ ses
compŽtences.
Lorsque Pierre a rŽintŽgrŽ le service technique du Centre, il lui a ŽtŽ attribuŽ des t‰che simples, de dŽbutant, qui consistaient ˆ effectuer de petits essais ou dŽpouillements dÕessais. Cette situation Žtait relativement paradoxale dans la mesure o il avait tout de mme conservŽ son titre dÕexpert senior, cÕest-ˆ-dire reconnu depuis de longues annŽes et parfois seul dans son domaine.
De mme, lorsque son chef prenait des vacances ou partait en mission, il se faisait remplacer par un dŽbutant, jamais par Pierre, qui, ayant prŽcŽdemment dirigŽ le service, aurait pourtant ŽtŽ le plus ˆ mme dÕeffectuer cette t‰che. Il en a donc conu une certaine humiliation, puis la sensation d'tre mis ˆ l'Žcart de la vie du service.
FrŽquence : En continu.
Evaluation de la souffrance : LÕhumiliation qui rŽsultait de cette situation a fait souffrir Pierre ˆ un niveau quÕil estime ˆ 5 parce que son ressenti Žtait celui de quelqu'un qui n'existait plus aux yeux de son service
A9 : on fait pression sur lui pour quÕil ne fasse pas valoir
ses droits ( congŽs, horaires, primes)
Les demi-journŽes de rŽcupŽration de Pierre aprs son tour de garde lui Žtaient refusŽes sous prŽtexte que le tourniquet dÕentrŽe du Centre lÕavait pointŽ ˆ lÕembauche aprs 7h20 et avait dŽterminŽ un nombre dÕheures de prŽsence au Centre insuffisant pour que Pierre puisse bŽnŽficier dÕune rŽcupŽration. Or, tous les autres cadres ayant pointŽ aprs 7h20 bŽnŽficiaient de leur demi-journŽe ; cÕŽtait la premire fois dans lÕhistoire du Centre que cette rŽcupŽration Žtait refusŽe ˆ un cadre. Mentionnons encore que le nombre dÕheures passŽes au Centre par les cadres commerciaux nÕest gure reprŽsentative du temps effectivement consacrŽ ˆ lÕentreprise, Žtant donnŽ que ces personnes, de par leur fonction, passent beaucoup de temps ˆ lÕextŽrieur.
En 2002, Pierre a contactŽ une assistante sociale afin dÕŽvoquer son cas et sa souffrance. Celle-ci lui a conseillŽ dÕexposer son histoire au CHSCT (ComitŽ dÕHygine, de SŽcuritŽ des Conditions de Travail) ; il a donc Žcrit un courrier dans ce sens ˆ la reprŽsentante du personnel au sein du CHSCT, dont il a envoyŽ une copie au chargŽ de prŽvention du Centre. Quelques jours plus tard, il a reu un mail du DRH du Centre (averti de lÕaffaire par un intermŽdiaire inconnu), qui, dans lÕattente de la suite que le dŽlŽguŽ allait donner ˆ sa requte, lui Ç [conseillait] vivement dÕarrter les pressions sur les personnels siŽgeant en CHSCT et de penser ˆ autre choseÉ et pourquoi pas au travail ! È Ce mail a doublement surpris Pierre, qui, dÕune part, nÕavait fait que simplement prendre contact avec le CHSCT et, dÕautre part, quŽmandait dŽsespŽrŽment du travail depuis plusieurs mois.
FrŽquence : Difficile ˆ Žvaluer ; en ce qui concerne les gros conflits, environ deux fois par an.
Evaluation de la souffrance : 4.
A10 : on fait en sorte quÕil nÕobtienne pas de promotion
En 1995, Pierre appartenait officiellement ˆ la catŽgorie des ingŽnieurs de niveau 3A en raison de son manque dÕanciennetŽ, mais possŽdait un niveau 3B, ce qui signifie quÕil avait une autonomie, un pouvoir de dŽcision, la capacitŽ dÕorganiser des rŽseaux scientifiques, d'encadrer des personnels 3A et d'orienter les Žtudes amont . La catŽgorie d'un ingŽnieur reflte son degrŽ d'autonomie (par exemple pouvoir dŽterminer dix ans de recherches futures ou travailler sur de trs grosses affaires). Pour passer ˆ ce niveau 3B, il faut un certain seuil de salaire et gŽnŽralement, lorsque lÕon encadre une Žquipe et que lÕon possde une capacitŽ dŽcisionnelle et un budget, on devient automatiquement 3B. Ainsi, si un ingŽnieur est en ‰ge de devenir 3B, on sÕorganise souvent pour lui permettre dÕencadrer deux ou trois personnes, de manire ˆ favoriser sa promotion. Mais H a coupŽ les budgets de Pierre, et en le prenant sous ses ordres au sein de la division affaires il l'a ŽloignŽ de l'Žquipe qu'il encadrait, de ses activitŽs de dŽcision et dÕencadrement, et donc de sa promotion 3B, puis, de toutes ses augmentations salariales. Ainsi, alors quÕil aurait du tre 3B depuis cinq ou six ans, et voir son niveau de rŽmunŽration augmenter normalement, Pierre a rŽgressŽ dans la hiŽrarchie et en niveau de salaire en raison de notations nŽgatives en fin dÕannŽe, dŽterminŽes par H. Pierre a ainsi le sentiment que sa destruction de carrire a ŽtŽ orchestrŽe.
FrŽquence : Cet agissement est permanent, avec un pic ˆ chaque fin dÕannŽe, lors de la rŽception de la fiche de notation.
Evaluation de la souffrance : au terme des 6 annŽes vŽcues sous les attaques de H Pierre a fait une sŽvre dŽpression . Il attribue ˆ ces agissements un niveau de 5.
A11 : ON LUI
ATTRIBUE CONTRE SON GRE DES TRAVAUX DANGEREUX
Pierre nÕa jamais subi ce type dÕagissement.
A12 : ON LUI
ATTRIBUE DES TACHES INCOMPATIBLES AVEC SA SANTE
Pierre nÕa jamais subi ce type dÕagissement.
A13 : on occasionne des dŽg‰ts ˆ son poste de travail
Pierre nÕa jamais subi ce type dÕagissement.
A14 : on lui donne dŽlibŽrŽment des consignes impossibles ˆ
exŽcuter
Pendant la pŽriode o Pierre a travaillŽ en tant que commercial au service affaires (2000-2001), on lÕa systŽmatiquement empchŽ dÕexŽcuter les consignes quÕon lui donnait. Il devait vendre, faire un chiffre dÕaffaires de plus en plus important, mais toutes ses dŽmarches Žtaient entravŽes en permanence : ses fax nÕŽtaient jamais expŽdiŽs, on envoyait quelquÕun vendre son travail ˆ sa place au dernier moment.
Pendant cette pŽriode, le chiffre dÕaffaires exigŽ de lui est passŽ de 500 000 francs ˆ 1 000 000 de francs, puis ˆ 1 500 000 de francs, tandis que les moyens quÕil avait de remplir ses objectifs Žtaient constamment diminuŽs : toutes ses grosses affaires lui Žtaient retirŽes pour tre traitŽes par H, on envoyait de jeunes ingŽnieurs pour signer ˆ sa place les contrats quÕil avait longuement prŽparŽs (le bŽnŽfice en revenait donc ˆ ces ingŽnieurs, et non ˆ lui, bien que le mŽrite lui en revienne), et toutes ses dŽmarches administratives Žtaient entravŽes quotidiennement : ses fax ne partaient pas parce que H inventait toujours de nouvelles procŽdures dÕexŽcution des t‰ches une fois que celles-ci avaient ŽtŽ effectuŽes, ralentissant le travail de Pierre : par exemple, il manquait toujours des pices, des accords ou des signatures Ð dont la prŽsence nÕavait pourtant pas ŽtŽ exigŽe au dŽpart.
FrŽquence : Cet agissement Žtait quotidien ; chaque jour, on lui imposait de nouvelles contraintes qui le ralentissaient dans son travail et lÕempchaient de terminer ses t‰ches ˆ temps.
Evaluation de la souffrance : 5. Pierre se sentait Ç comme un moulin ˆ vent È, qui se battait sans rŽsultat. Au dŽbut, il Žtait rŽvoltŽ, et il a, selon ses propres termes, progressivement fini par dŽprimer et dŽcompenser. Au dŽpart, il se battait pour exŽcuter ses consignes, mais plus on lui mettait de b‰tons dans les roues, plus cela le dŽcourageait, car il prenait conscience que jamais il ne pourrait arriver au bout. Ç Je crois que cÕest le processus, vous continuez ˆ vous battre, vous voyez, parce que, justement, vous avez des consignes, et vous essayez, et puisÉ au fur et ˆ mesure quÕon vous met des b‰tons dans les roues, vous finissez par vous dire que vous nÕy arriverez jamais. Donc, vous vous noyez ; je nÕarriverai jamais au rivage, je suis en train de nager, il y a des vagues, il y a de plus en plus de vaguesÉ et puis vous voyez que vous nÕarriverez jamais au rivage. È
A 15 :on ne tient pas compte des avis medicaux formulŽs
par le medecin du travail
A ce sujet, Pierre affirme quÕil a toujours ŽtŽ dŽclarŽ apte, mais quÕil a pendant plusieurs annŽes signalŽ sa souffrance au travail, sans que le mŽdecin du travail nÕentreprenne la moindre dŽmarche. Ç il doit sžrement y avoir un dossierÉ È, ajoute-t-il.
A16 : on la pousse ˆ la faute
Pierre Žvoque le fait quÕon lui ait, dernirement, confiŽ des missions Žpineuses: par exemple des travaux difficiles ˆ exŽcuter dans des dŽlais trs courts, o il devait prendre des dŽcisions importantes et lourdes de consŽquences Son niveau de responsabilitŽ fut toujours celui d'un ingŽnieur de catŽgorie 3B, malgrŽ son niveau 3A "officiel". Il se demande si on ne lui confie ces t‰ches afin de faire de lui un bouc Žmissaire en cas de contestation de sa dŽcision, mais ajoute directement quÕil est peut-tre devenu parano•aque. Tout en sachant que la prise de risques fait partie de ses fonctions, il se demande, dans la mesure o son employeur lui a plusieurs fois demandŽ explicitement de dŽmissionner, si on ne lui confie pas de telles missions afin de prouver que dans une circonstance donnŽe, il nÕa pas ŽtŽ ˆ la hauteur de ce quÕon lui demandait.
FrŽquence : Cet agissement a ŽtŽ semestriel.
Evaluation de la souffrance : Pierre nÕen a pas rŽellement souffert, car il estime pouvoir ma”triser la prise de risques, tout en vivant avec la certitude et la crainte associŽe qu'un Žchec lui serait fatal (licenciement pour faute grave)
.
B. ISOLEMENT ET REFUS DE COMMUNICATION
B1 : on interrompt sans cesse la victime
Pierre nÕa jamais subi ce type dÕagissement hormis sous la forme conditionnelle : "je pourrais vous couper la parole mais É continuez"
.
B2 : ses collgues ou ses supŽrieurs hiŽrarchiques ne lui
parlent plus
Depuis 2001, il sÕagit dÕune pratique quotidienne. Pierre ajoute : Ç a a ŽtŽ trs simple, cÕest a qui mÕa fait dŽcompenser. È
FrŽquence : Cet agissement est quotidien depuis 2001.
Evaluation de la souffrance : 5.
B3 : on communique avec elle uniquement par Žcrit
Lˆ aussi, cÕest depuis 1997 que le directeur et le supŽrieur hiŽrarchique H de Pierre ne communiquent quasiment plus avec lui que par Žcrit : les pices quÕil fournit lui sont renvoyŽes corrigŽes, sans aucune explication ni aucun Žchange oral. Il prŽcise Žgalement que ce nÕest nullement le cas des autres ingŽnieurs, qui eux, bŽnŽficient dÕune bonne communication avec la hiŽrarchie. Pierre sÕest donc retrouvŽ marginalisŽ, en quelque sorte dŽpersonnalisŽ, puisquÕil nÕest dŽsormais plus quÕun nom dans une liste de courrier Žlectronique.
FrŽquence : Environ ˆ chaque courrier, cÕest-ˆ-dire une fois par semaine.
Evaluation de la souffrance : 3.
B4 : on refuse tout contact, mme visuel, avec elle
Ses collgues le regardent, mais chaque jour, lorsquÕil arrive au travail, de nombreuses personnes refusent de lui serrer la main.
FrŽquence : Quotidiennement.
Evaluation de la souffrance : 4.
B5 : on lÕinstalle ˆ lÕŽcart des autres
Pierre nÕa jamais subi ce type dÕagissement.
B6 : on ignore sa prŽsence en sÕadressant exclusivement aux
AUTREs
Outre le fait que son chef soit remplacŽ par dÕautres personnes que lui lorsquÕil part en mission ou en vacances, ce que nous avons dŽjˆ ŽvoquŽ, il est arrivŽ plusieurs fois que Pierre ne soit pas convoquŽ ˆ certaines rŽunions o, pourtant, ses fonctions auraient du nŽcessiter sa prŽsence ou encore qu'on le convoque ˆ une rŽunion sans lui donner les documents de travail qui avaient ŽtŽ distribuŽs aux autres.
FrŽquence : Environ une fois par mois.
Evaluation de la souffrance : 3.
B7 : on interdit ˆ ses collgues de lui parler
Pierre nÕa jamais subi ce type dÕagissement.
B8 : on ne la laisse plus parler aux autres
Pierre nÕa jamais subi ce type dÕagissement.
B9 : la direction refuse toute demande dÕentretien
Pierre nÕa jamais demandŽ ˆ avoir dÕentretien avec sa direction, car il Žtait convoquŽ chaque annŽe ˆ lÕoccasion de son Žvaluation, ce qui lui donnait lÕoccasion dÕŽvoquer ses problmes et dÕobserver la totale indiffŽrence de son directeur face ˆ ces derniers.
C. ATTEINTE A LA DIGNITE
C1 : on utilise des propos mŽprisants pour la qualifier
Outre le fait que lÕon ait considŽrŽ que Pierre nÕŽtait pas un homme de confiance, il a Žgalement ŽtŽ traitŽ de Ç grouillot de base È par H ; cela nÕarrivait pas trs souvent, mais cÕŽtait de faon rŽgulire que H exprimait son souhait de voir Pierre redevenir un Ç grouillot de base È. DÕautre part, Pierre a subi de la part de H des remarques frŽquentes et appuyŽes sur le fait quÕil Žtait trs peu payŽ par rapport aux heures de prŽsence quÕil effectuait ; le ton avec lequel H faisait ces remarques a ŽtŽ peru par Pierre comme extrmement mŽprisant. Enfin, Pierre est arrivŽ un matin en voyant une affiche placardŽe sur sa porte, sur laquelle Žtait inscrit Ç Monsieur pipi È parce que son bureau est situŽ ˆ c™tŽ des toilettes.
FrŽquence : 2
Evaluation de la souffrance : 3.
Ces paroles ont entra”nŽ une souffrance intense que Pierre Žvalue ˆ 5 tout en prŽcisant quÕau moment o ces paroles Žtaient dites, elles nÕavaient pas un impact trs important sur lui : Ç la souffrance nÕŽtait jamais trs forte sur le coup, mais en mme temps, jÕy repensais aprs et je me disais : Ôpourquoi mÕa-t-il dit a ?Õ È
C2 : on utilise envers elle des gestes de mŽpris ( soupirs,
regards mŽprisants, haussements dÕŽpaule)
Mis ˆ part le fait quÕon ne lui serre pas la main, Pierre nÕa subi aucun geste particulirement mŽprisant.
C3 : on la discrŽdite auprs des collgues, des supŽrieurs ou
des subordonnŽs.
Pour cet agissement, on ne peut se baser que sur des suppositions ; nŽanmoins, le fait que le directeur du Centre ait radicalement changŽ de comportement vis-ˆ-vis de Pierre entre leur premire et leur deuxime entrevues tend ˆ montrer lÕexistence dÕun travail de sape latent, effectuŽ de faon rŽgulire par H. (le seul intermŽdiaire de la cha”ne hiŽrarchique disposŽ entre Pierre et le directeur d'Žtablissement). En effet, alors que le directeur semblait neutre lors de leur premier entretien, il a suggŽrŽ ˆ Pierre de quitter le Centre au cours de leur seconde rencontre.
FrŽquence : Dans la mesure o lÕon ne se base ici que sur des suppositions, il est difficile dÕŽvaluer une frŽquence ˆ proprement parler. On ne peut quÕimaginer ˆ quel point le dŽnigrement effectuŽ par H a du tre rŽgulier lorsquÕon voit les changements radicaux de comportement des collgues de Pierre et du directeur.
Evaluation de la souffrance : La souffrance est passŽe progressivement de 1 ˆ 5, au fur et ˆ mesure que Pierre prenait conscience de ce travail de sape.
C4 : on fait courir des rumeurs ˆ son sujet
Il est difficile de savoir sÕil existe des rumeurs au sujet de Pierre ; ce dernier nÕa connaissance dÕaucun bruit courant ˆ son propos.
C5 : on lui attribue des problmes psychologiques
Pierre nÕa jamais subi ce type dÕagissement.
C6 : on se moque de ses handicaps ou de son physique, on
lÕimite ou on la CARICATURE
Pierre nÕa jamais subi ce type dÕagissement.
C7 : on critique sa vie privŽe
Il arrivait parfois que H fasse allusion aux enfants de Pierre, ironisant sur les familles nombreuses et ce que cela impliquait.
C8 : on se moque de ses origines ou de sa NATIONALITƒ
Pierre nÕa jamais subi ce type dÕagissement.
C9 : on sÕattaque ˆ ses croyances religieuses ou ˆ ses
convictions politiques
Plusieurs fois, Pierre a entendu des plaisanteries ˆ propos des JŽsuites, du pape, des milieux chrŽtiens Žmanant de H, qui savait pertinemment que Pierre avait un oncle JŽsuite. De plus, quelques allusions ont ŽtŽ faites aux croyances de Pierre, qui est catholique pratiquant, surtout dans le cadre des rŽflexions ŽvoquŽes ci-dessus au sujet des familles nombreuses.
C10 : on lui attribue des t‰ches humiliantes
RŽcemment, Pierre a fait le mŽnage dans son bureau pendant une quinzaine de jours ; personne ne lui avait demandŽ de le faire, mais le DRH avait ordonnŽ ˆ la femme de mŽnage de ne plus nettoyer le bureau de Pierre.
D. VIOLENCES VERBALES, PHYSIQUES OU SEXUELLES
D1 : on menace la victime de violences physiques
Pierre nÕa jamais subi ce type dÕagissement.
D2 : on lÕagresse physiquement, mme lŽgrement, on la
bouscule, on lui claque la porte au nez
Pierre nÕa jamais subi ce type dÕagissement.
D3 : on hurle contre elle
Pierre nÕa jamais subi ce type dÕagissement.
D4 : on envahit sa vie privŽe par des coups de tŽlŽphone
et des lettres
Pierre nÕa jamais subi ce type dÕagissement.
D5 : on la suit dans la rue, on la guette devant son
domicile
En 2001, Pierre a achetŽ des parts dÕune entreprise quÕil avait chargŽe de valoriser un brevet dÕinvention lui appartenant et au sein de laquelle il nÕexerait aucune fonction rŽmunŽrŽe. Il en avait fait part ˆ H, son supŽrieur hiŽrarchique et avait par ailleurs obtenu toutes les autorisations officielles concernant cette entreprise de la part de son administration. Cependant, H., puis le directeur du Centre , le souponnant dÕexercer une activitŽ rŽmunŽrŽe au sein de cette sociŽtŽ (ce qui est interdit aux agents de lÕEtat par la loi), ont ordonnŽ une enqute de gendarmerie contre lui ; des hommes ont donc ŽtŽ postŽs devant son domicile afin de savoir ˆ quelle heure Pierre partait de chez lui le matin, et de comparer cet horaire avec lÕheure ˆ laquelle il arrivait ˆ son bureau.
D6 : on occasionne des dŽg‰ts ˆ son vŽhicule
Pierre nÕa jamais subi ce type dÕagissement.
D7 : on la harcle ou on lÕagresse sexuellement ( gestes
ou propos)
Pierre nÕa jamais subi ce type dÕagissement.
D8 : on ne tient pas compte de ses problmes de santŽ.
Pierre nÕa jamais subi ce type dÕagissement.
LES QUATRE PHASES DU
MOBBING SELON
HEINZ LEYMAN[3]
1
conflits,
attaques, mesquineries
brimades
2
passage au mobbing
3
dŽni des droits de la victime
tolere ou decide
par la direction du personnel
4
exclusion
du marche du travail
Mise en Licenciement avec
InvaliditŽ
indemnitŽs
Succession de transferts CongŽ
maladie
dÕun poste ˆ lÕautre de
longue durŽe
DŽplacer, transfŽrer
DŽcision autoritaire
Mettre sur une voie
dÕinternement psychiatrique
de garage
Instruments psychomŽtriques
[1] On retrouve cette notion dans le rapport interministŽriel canadien sur le harclement psychologique au travail du 14 mai 2001 (p13) : Ç Le harclement suppose donc gŽnŽralement une rŽpŽtition dÕactes. Toutefois, il peut arriver, selon la Commission des droits de la personne du QuŽbec (document adoptŽ en octobre 1987), quÕun acte isolŽ puisse susciter une crainte raisonnable de dŽtŽrioration des conditions de travail. È
[2] RŽalisŽe par la CAWB (Campaign Against Bullying at Work), organisation amŽricaine sans but lucratif
[3] Leyman H., Mobbing. La persŽcution au travail, Editions du Seuil, Paris 1996 p.74